Votre météo par ville

Objectif de neutralité carbone : quelle région en 2050 ?

10-01-2024

Actualité

C’est tout frais

L’Ademe et la Région déclinent pour les Hauts-de-France les différents scénarios imaginés pour parvenir à la neutralité carbone de la France en 2050. Un travail de prospective pour s’imaginer un futur et évaluer l’ampleur du chantier à mener.

L’artificialisation est au cœur de l’étude prospective de l’Ademe. © Siziaf

Quels modes d’occupation des sols et emplois dans la région en 2050 ? C’est autour de l’étude prospective réalisée par l’Agence de la transition écologique des Hauts-de-France qu’élus et acteurs des collectivités territoriales se sont retrouvés dans les locaux de la CCI Hauts-de-France. Pour bien comprendre, un peu de contexte : l’Ademe a dévoilé fin 2021 un rapport intitulé Transition(s) 2050. Choisir maintenant. Agir pour le climat.

Ce travail, construit avec les données du Giec, propose quatre scénarios (lire aussi notre édition du 2 décembre 2022) pour permettre à la France d’aller vers la neutralité carbone. L’étude intègre une large palette d’enjeux environnementaux : usages de la biomasse, de l’eau, gestion des déchets, occupation des sols, emploi, mobilité…

Échelle régionale

L’antenne régionale de l’Ademe est partie de ce rapport pour proposer ces mêmes scénarios à l’échelle des Hauts-de-France, suivant plusieurs thématiques. Elle avait déjà réalisé deux études dans le cadre de Rev 3 : l’une concernait les enjeux énergétiques (2018) et l’autre l’économie circulaire (2020). Cette fois-ci, le but est de donner au territoire une vision prospective (2050) de l’état de l’occupation des sols, de la pression des activités humaines, des services écosystémiques (les bénéfices que tire la société des écosystèmes : eau, alimentation, activités récréatives…) et des emplois pour chacun des scénarios.

L’ambition est defaire atterrir les Hauts-de-France sur des thématiques précises, illustre Simon Karleskind, directeur de l’Ademe régionale. En somme, montrer plusieurs chemins possibles pour créer une vision collective. Avec Rev 3, la Région a l’ambitieux objectif de décarboner l’économie régionale d’ici 2050 tout en créant de la valeur et des emplois durables.

Pour y parvenir, Frédéric Motte, son pilote, note le besoin d’être accompagné pourentraîner tout le monde et salue le travail effectué. “Nous avons une même vision et une même ambition“, assure-t-il.

Un travail précieux

L’étude (272 pages au total) s’intéresse donc aux sols, longtemps négligés, qui seront au cœur de la transition. On estime qu’entre 50 et 60 % de la biodiversité mondiale dépendent des sols, explique Antonio Bispo, directeur de recherche à l’Inrae. 95 % de notre alimentation vient des sols.

L’enjeu est donc de les préserver car ils permettent l’infiltration de l’eau, dont les besoins vont augmenter (pour l’alimentation, l’énergie, les matériaux, les puits de carbone…) alors même que les surfaces diminuent sous l’effet conjugué de l’artificialisation, de l’érosion et du recul du trait de côte (33 000 hectares touchés selon l’étude dans la région).

Pas de neutralité carbone

Une chose semble certaine : en 2050, la région n’atteindra pas la neutralité carbone en suivant les scénarios nationaux. S’il est difficile de résumer en quelques mots l’étude, il est possible d’en extraire quelques éléments clés. Le premier d’entre eux est que l’artificialisation d’espaces agricoles ou naturels reste importante jusqu’en 2050 dans tous les scénarios (entre +9 et +27 %), ceci s’expliquant par la production de bâtiments (activités ou logements), d’énergie ou de transports. Celle-ci devra être compensée par de la réhabilitation de friches et de la désartificialisation écrit l’Ademe.

D’autant plus que le deuxième constat commun à tous les scénarios vient percuter le premier : en réduisant sa dépendance aux énergies fossiles et sa consommation d’énergie, la région aura besoin de recourir davantage à la biomasse en 2050. Chaque hectare de terre agricole et forestière sera ainsi essentiel selon l’Ademe qui note toutefois que la région devra sans doute faire appel aux coopérations interrégionales car la forêt, même si elle progresse dans certains scénarios, restera insuffisante.

Les cultures industrielles diminueraient

En entrant dans le détail côté agriculture, pour tous les scénarios également, les surfaces en cultures industrielles (pommes de terre, betteraves, légumes) et céréales à paille diminuent en 2050, au profit des protéagineux, des oléagineux, et pour certains scénarios, des surfaces dédiées aux animaux.

L’ensemble des scénarios impactent également négativement la disponibilité en eau pour les nappes (moins d’infiltration, plus de ruissellement et d’évaporation). Pour l’Ademe, des arbitrages seront donc nécessaires et la lutte contre le ruissellement des eaux de surface par les aménagements paysagers et l’amélioration de la perméabilité des sols seront des leviers essentiels.

Enfin, pour chaque scénario, les principaux secteurs d’activité perdent des emplois. Pour l’agriculture et l’agroalimentaire, seul le scénario 4 maintient ainsi le niveau des emplois. Ces pertes sont toutefois compensées, pour une bonne part, par l’augmentation des emplois dans les services et les secteurs de l’énergie et, facteur à prendre à compte, la population régionale devrait baisser de 10 % d’ici 2070 selon les prévisions de l’Insee.

Limites à prendre en compte

Si elle a nécessairement des limites (données disponibles et calculs, nécessaire simplification…), cette étude donne ainsi une vision et une perspective utile à nombre de décideurs, mais pas seulement. L’Ademe a ainsi publié des supports plus pédagogiques (synthèse, atlas) à destination du grand public et il est intéressant, pour tout citoyen, de s’y attarder. Pour comprendre que ce qui se joue aujourd’hui façonnera demain.

Lire aussi : Frédéric Motte : « Entraîner les territoires pour être à la hauteur des enjeux »

Lire aussi : Objectif ZAN : Comment l’appliquer ?

Kévin Saroul

Facebook Twitter LinkedIn Google Email
Noël autrement (4/4). De garde avec les soignants
À l'approche de Noël, nous sommes allés à la rencontre de personnes qui célèbrent cette fête de manière différe [...]
Lire la suite ...

Noël autrement (3/4). Une fête aux accents d’ailleurs
À l'approche de Noël, nous sommes allés à la rencontre de personnes qui célèbrent cette fête de manière différe [...]
Lire la suite ...

Émilie roibet, itinéraire d’une reconversion bien pensée
Architecte paysagiste de formation, Émilie Roibet a quitté ses bureaux lillois pour créer sa ferme florale "À l'ombr [...]
Lire la suite ...

Une Cuma qui a le sens de l’accueil
Localisée à Bois-Bernard, la Cuma " L'accueillante " est confrontée aux départs en retraite de ses membres, souvent [...]
Lire la suite ...

DOSSIER ÉNERGIE. À la centrale de Lens, le bois devient énergies
Unique dans la région, par son genre et sa taille, la centrale de cogénération de Lens produit à la fois de l'élect [...]
Lire la suite ...

Inondations : après la pluie, se reconstruire
Une semaine après les premières crues, le Pas-de-Calais tente d'émerger peu à peu, malgré la menace de nouvelles in [...]
Lire la suite ...

Inondations : 50 millions d’euros pour les collectivités sinistrées
Le chef de l'État en déplacement à Saint-Omer et à Blendecques, le mardi 14 novembre, a annoncé un plan d'aide pou [...]
Lire la suite ...

À la ferme du Major, “on crée de l’énergie”
La ferme d'insertion du Major, à Raismes, emploie 40 hommes et femmes éloignés de l'emploi pour leur permettre, en ac [...]
Lire la suite ...

Jean-Marie Vanlerenberghe : « L’attentat à Arras a souligné les failles du dispositif »
Ancien maire d'Arras et doyen du Sénat, Jean-Marie Vanlerenberghe réclame « une réponse ferme » mais dans le resp [...]
Lire la suite ...

Changer de goût et agir pour le futur
Plus saine, plus durable, plus accessible, l'alimentation de demain doit répondre à d'innombrables défis. À l'occasi [...]
Lire la suite ...

Retour sur la première édition du championnat international de la frite
Le premier championnat international de la frite s'est déroulé à Arras le samedi 7 octobre 2023. Soleil et ambiance [...]
Lire la suite ...

Jean-Paul Dambrine, le patron sensas’
Il est l'icône de la frite nordiste. À 75 ans, Jean-Paul Dambrine, fondateur des friteries Sensas et président du jur [...]
Lire la suite ...

Quatre lycéennes d’Anchin à la conquête de l’Andalousie
Iris, Angèle, Louise et Eulalie, lycéennes à l'Institut d'Anchin, ont passé trois semaines caniculaires près de Sé [...]
Lire la suite ...

Élections sénatoriales : dans le Nord, plusieurs nuances de rose, plusieurs nuances de bleu : l’éparpillement façon puzzle
Avec 11 sièges à pourvoir, c’est le département à renouveler le plus grand nombre de sièges derrière Paris : le [...]
Lire la suite ...

Élections sénatoriales : dans le Pas-de-Calais, la droite (presque) unie, la gauche en ordre dispersé et l’éventualité du Rassemblement National :
Pour les prochaines élections sénatoriales, les gauches ne font pas bloc dans le Pas-de-Calais. La droite, elle, table [...]
Lire la suite ...

Série de l’été : les milieux naturels du Nord-Pas-de-Calais
Cet été, Terres et Territoires vous emmène à la découverte de milieux naturels du Nord-Pas-de-Calais avec le Conser [...]
Lire la suite ...

Élections à la chambre d’agriculture : mode d’emploi pour voter en janvier
Les modalités des élections des représentants aux chambres d'agriculture se précisent. Dans le Nord-Pas de Calais, e [...]
Lire la suite ...

Numéro 374 : 18 juillet 2024

À Zuydcoote, la Ferme Nord se réinvente
Construite au début du siècle dernier pour fournir viande et lait à l'hôpital maritime de Zuydcoote, la Ferme Nord e [...]
Lire la suite ...

Élevage : Chez la famille Darque, de la bleue du Nord ou rien
Depuis plus de 30 ans, dans la ferme de la famille Darque, à Roquetoire, on élève de la bleue du Nord. Un choix fait [...]
Lire la suite ...

Les pois jouent la course contre la montre
L'entreprise de travaux agricoles Cousin est spécialisée dans la culture de pois de consommation. Elle a semé 2 600 h [...]
Lire la suite ...

Au cœur des terres

#terresetterritoires