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Depuis le début des années 1980, l’Afdi, association de solidarité internationale créée par et pour les agriculteurs, construit des projets de coopération en zones rurales dans les pays en développement.
Dans la région, des actions sont menées depuis près de 40 ans. Les projets en cours actuellement sont situés au Tchad, au Togo et en Guinée. “Après l’année 2020 où les missions ont dû être suspendues à cause de la crise sanitaire, les collaborations ont redémarré en 2021”, se réjouit Luc Desbuquois, président de l’Afdi Hauts-de-France.
Au Tchad, l’Afdi travaille dans le sud du pays depuis 2016 en partenariat avec Aprofika, association pour la promotion de la filière karité, pour développer cette production qui prend de plus en plus de valeur. Dans ce cadre, les deux partenaires ont implanté un verger à bois de deux hectares avec deux objectifs. Celui de produire du bois de chauffe pour fournir l’énergie nécessaire à la transformation du beurre de karité et la mise en place d’une pépinière d’arbres de karité et d’autres arbres fruitiers qui seront ensuite vendus sur le territoire. “L’enjeu est aussi de développer la filière karité tout en luttant contre la déforestation sauvage”, indique Fabien Berthomé, coordonnateur de l’Afdi Hauts-de-France. Particularité de l’association Aprofika, qui compte plus de 4 000 membres : elle est composée à 94 % de femmes. C’est pourquoi, en parallèle du verger à bois, une campagne d’alphabétisation de 2 400 femmes est menée. En effet, dans ce pays de 16 millions d’habitants, situé au centre du continent africain, les filles sont rarement scolarisées. “Les résultats sont encourageants, confie Fabien Berthomé. L’objectif est qu’elles puissent gérer leur exploitation et vendre leur production”. L’année 2021 a aussi été marquée par la création d’un bâtiment de stockage, couplé à un magasin de vente.
Cap à l’ouest, au Togo. Ce petit pays de 8 millions d’habitants, bordé par le Golfe de Guinée, est situé entre le Ghana et le Bénin. L’Afdi y a lancé un partenariat avec UROPC-M, pour Union régionale des organisations de producteurs de céréales, depuis 2014 dans la région maritime du pays.
Pour faire face à une problématique d’épuisement des sols, de baisse des rendements et de revenus, le projet global consiste à jouer la carte de la relocalisation. “Il y a justement une demande dans ce sens par les consommateurs locaux autour de la capitale Lomé”, avance Fabien Berthomé.
La première partie du projet a constitué à mettre en place une filière volailles pour utiliser localement les céréales plutôt que de les “vendre à perte sur les marchés mondiaux”.
La mise en place d’une opération de crowdfunding a permis d’accorder des prêts à taux zéro pour construire un poulailler. “Culturellement, il a fallu convaincre les agriculteurs de l’intérêt financier d’investir pour élever des volailles en bâtiment et les nourrir, détaille Fabien Berthomé. Habituellement, elles circulent librement et se débrouillent pour manger”. Aujourd’hui, 20 éleveurs produisent des volailles de qualité.
Le deuxième volet du projet a commencé en 2021, en partenariat avec le groupe Avril. Il consiste à mettre en place la culture d’oléoprotéagineux avec des espèces parfois oubliées dans la région, notamment le pois d’angole et des arachides.
“En association avec du maïs, ces légumineuses permettent d’aider à la régénération des sols et offrent en début de culture du maïs une couverture intéressante pour gérer les adventices”, avance Fabien Berthomé. Au total, aujourd’hui, une centaine de producteurs cultivent des microparcelles et autant de femmes transforment ensuite les arachides en pâte, galettes, arachides grillées… Les pois, eux, sont torréfiés ou précuits. Les produits sont ensuite vendus sur les marchés locaux.
L’Afdi et la FPFD (Fédération des paysans du Fouta Djallon) sont partenaires depuis 1995 en Guinée. Dans ce pays de 13 millions d’habitants, en proie à l’instabilité politique (une junte militaire a pris le pouvoir en 2020), “la FPFD défend les intérêts des paysans”.
Pendant de nombreuses années, le partenariat avec l’Afdi a porté sur le développement de la culture de la pomme de terre (construction d’un bâtiment de stockage notamment). Aujourd’hui, les paysans de la FPFD font face à une grosse problématique de renouvellement des générations. Deux problèmes se posent : l’accès au foncier pour les jeunes qui souhaitent s’installer et le départ en ville ou même l’exil pour d’autres. “Depuis 2016, une stratégie à l’égard des jeunes est mise en place”, explique Fabien Berthomé. Une commission jeunes a été créée au sein de l’organisation et les jeunes installés bénéficient d’un accompagnement et d’un suivi global pour faire perdurer les exploitations familiales.
Virginie Charpenet
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