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D’ici quelques mois, une nouvelle bâtisse sera édifiée au Musée de plein air de Villeneuve d’Ascq. L’endroit a vocation à accueillir des bâtiments traditionnels des Hauts-de-France datant du XVIIe au XIXe siècle. Ces derniers sont sauvés de la démolition. Ils sont réédifiés avec leurs matériaux d’origine par l’association Monique Teneur, sauvegarde du patrimoine rural.
Ce 26e bâtiment est une grange datant de 1786 venue d’une ferme flamande de Quaëdypre, près de Dunkerque (59). Elle appartenait à la famille Vanhaecke qui n’en avait plus l’utilité et pour qui l’entretien devenait trop coûteux. Elle a donc choisi d’en faire don à l’association pour qu’elle ait une nouvelle vie.
Une chance selon le directeur de l’association, Thibaut Santer, car « généralement, elles sont détruites ou transformées ».
Pourtant, « ces anciens édifices livrent de nombreux enseignements sur les savoir-faire, les matériaux ou encore les modes de vie. » Et d’ajouter :
« C’est l’un des bâtiments les plus emblématiques de nos territoires ruraux. Avec ses 28 mètres de long, 10 mètres de haut et 9 mètres de large, elle était une bâtisse majeure pour la ferme et la protégeait des vents dominants, souligne le directeur. Elle était composée d’un toit en chaume, d’une ossature en bois d’orme, de murs de torchis et d’un muret en briques de sable jaune. »
La grange de Quaëdypre a été démontée en 2003. Depuis 20 ans, le bois est entreposé dans les réserves du Musée de plein air.
Il a été analysé et diagnostiqué l’an dernier et pourra servir pour la reconstruction.
« Certaines briques seront également réutilisées. Et la grange retrouvera aussi sa toiture en chaume » (le chaume avait fini par être remplacé par des tuiles, ndlr), indique Thibaut Santer.
« La conception de ce projet de reconstruction est confiée à un architecte du patrimoine, précise Alain Diéval, le président de l’association Monique Teneur. Pour la reconstruire dans les règles de l’art, nous souhaitons travailler avec des artisans sensibles à notre démarche, travaillant avec des matériaux locaux et capables d’utiliser les techniques de constructions de l’époque. L’association fera également appel à des organismes d’insertion. »
Mais avant cela, il faudra parvenir à rassembler les quelques centaines de milliers d’euros nécessaires au financement de cette reconstruction.
L’association de sauvegarde du patrimoine rural a signé une convention avec la délégation Hauts-de-France de la Fondation du patrimoine. Cette dernière était déjà intervenue dans le financement des remontages de la bergerie de Rue et du moulin de Vaudricourt, également installés au Musée de plein air.
« Nous sommes fiers de participer à ce projet. Pour nous, ce n’est pas seulement restaurer de vieilles pierres, c’est aussi les faire revivre et permettre une activité économique, du tourisme, de l’emploi… », avance Philippe Roumilhac, délégué régional Hauts-de-France à la Fondation du patrimoine.
Pour réunir cette somme, une quarantaine de bénévoles de la Fondation du patrimoine vont partir en quête de généreux mécènes qui pourraient être intéressés par ce projet.
« Nous avons deux leviers d’actions. Le premier est de lancer une collecte de dons à destination des particuliers ou des entreprises. Le patrimoine est l’affaire de tous et chacun peut participer à hauteur de ses moyens, sachant que les dons peuvent être défiscalisés. En même temps, nous allons également proposer ce projet à nos grands partenaires », explique Philippe Roumilhac.
Avant d’ajouter : « La fondation TotalEnergies a d’ailleurs décidé de subventionner cette reconstruction à hauteur de 100 000 €. »
Alain Diéval espère que l’argent nécessaire au projet pourra être réuni d’ici quelques mois et que les travaux commenceront dans la foulée.
La grange de Quaëdypre prendra place au Musée de plein air sur l’emplacement qu’on appelle la plaine. En plus de l’objectif de sauvegarde du patrimoine, dont l’intérêt est de redonner vie aux bâtiments, cette réédification doit avoir également un sens. Cette fois, la grange permettra d’installer des jeux traditionnels régionaux. « Ces derniers sont des éléments importants qui témoignent de notre zone géographique, de notre histoire. Ils font partie du patrimoine ludique et culturel local. Ils doivent également être valorisés, souligne Alain Diéval, président de l’association Monique Teneur. Petits et grands pourront y venir jouer, ce sera un bon exemple de sensibilisation ludique. » Une idée qui n’est pas nouvelle puisque, avant de procéder à la déconstruction de la grange en 2003, Monique Teneur avait fait venir une école pour justement y tester des jeux flamands.
La grange de Quaëdypre est le dernier bâtiment que l’association Monique Teneur avait en « réserve ».
« Nous n’avons plus d’autres édifices en stock. Une fois que la grange aura été remontée, nous aurons épuisé tout ce qui avait été repéré », indique Alain Diéval, le président de l’association de sauvegarde du patrimoine rural.
L’association a donc décidé d’élargir son champ de recherche aux autres départements de la région : l’Aisne, la Somme et l’Oise. Et de préciser :
« Nous n’intervenons que si, sur place, il n’y a pas les moyens ou l’envie de rénover des édifices emblématiques afin que ce patrimoine local ne disparaisse pas. Nous sommes notamment à la recherche d’un lavoir ou encore d’un kiosque à musique… », précise-t-il.
À bon entendeur…
Hélène Graffeuille
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