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Ils sont peu, les maires venus du privé, qui quittent leur emploi pour se consacrer à la communauté. Sébastien Seguin fait partie de cette catégorie. Élu à Avesnes-sur-Helpe en 2020, au premier tour, avec une liste quasi exclusivement composée de personnes issues de la société civile, cet ancien coiffeur a un parcours peu commun.
« Dans la famille, il y a une vraie fibre commerciale. Pour vous dire, ma grand-mère maternelle a eu 16 enfants, ils ont tous fini commerçants, sourit le maire de 46 ans. À 14 ans, j’ai annoncé à mes parents que je serai coiffeur et que j’aurai mon propre salon. » Tous les mercredis et samedis, l’adolescent fréquente déjà un salon d’Avesnes-sur-Helpe pour y apprendre les rudiments du métier, avec la complicité du patron.
« Je voulais donc partir en apprentissage, mais le proviseur de mon lycée n’était pas forcément d’accord… L’apprentissage n’avait pas une bonne image à l’époque ! Mais à 16 ans j’ai pu intégrer l’école Jeanne d’Arc à Aulnoye-Aymeries pour y passer un CAP et j’ai été pris en apprentissage dans le salon d’Avesnes. Puis je suis parti à Lille pour passer un BP (brevet professionnel) coiffure afin d’ouvrir mon salon, à 19 ans, à Avesnelles. »
Il y exercera son métier 19 ans. « Les six premières années, j’ai géré le salon seul en parallèle d’une reprise d’études pour obtenir un brevet de maîtrise, me permettant d’enseigner la coiffure si l’envie me prenait un jour ! » Puis il ouvre un second salon, à Maubeuge.
Mais comme il n’est pas assez occupé, Sébastien Seguin s’investit beaucoup dans la vie de sa ville de l’époque, Avesnelles : « J’ai été président du club de foot pendant 15 ans, puis président des parents d’élèves, mais aussi de l’association L’Avesnois en action. » Via ses diverses casquettes, Sébastien Seguin crée le trail des remparts ou encore le marché de Noël à Avesnes-sur-Helpe. Il crée aussi un tournoi de futsal dont les bénéfices sont reversés au Téléthon. Qui aurait pu prédire qu’en 2024, la ville dont il est maire sera ville ambassadrice, les 29 et 30 novembre, du plus grand événement caritatif de France (à lire prochainement dans nos pages) ?
En tout cas, c’est à l’occasion de la création du marché de Noël que Sébastien Seguin s’intéresse à la politique. « Je devais gérer cela avec la mairie et j’ai trouvé que la gestion d’Avesnes-sur-Helpe n’était pas très dynamique… » L’idée est là, reste à la concrétiser.
Au départ, étant résident d’Avesnelles, Sébastien Seguin pense à se présenter là-bas. « Mais je me suis dit, il faut faire bouger la locomotive. » Il déménage alors à Avesnes-sur-Helpe et forme son équipe : avocat, gendarme mais aussi une députée de la majorité présidentielle, Anne-Laure Cattelot… « Ça allait donc de “En marche !” aux Gilets jaunes dans l’équipe ! Pendant trois ans, on a multiplié les actions coups de poing, comme la mise en place d’une navette (conduite par nos soins !) pour amener des personnes âgées faire leurs courses. »
L’équipe gagne au premier tour la mairie.
« Rapidement, je veux réussir. Mais j’étais un peu dans le monde des bisounours : je voulais que tout le monde m’aime. J’ai compris qu’on ne pouvait pas plaire à tout le monde. En quatre ans, je me suis bâti un cuir très épais sur le dos ». L’Avesnois découvre en effet les dessous du métier, les contraintes mais aussi les victoires, ce qui le pousse à continuer : « Je voulais garder mon salon… Ça a tenu un an. On a des journées de cinglés ! Je ne m’en rendais pas compte avant de devenir maire. J’ai laissé beaucoup de moi : ma vie pro, perso (il est séparé aujourd’hui). Je me consacre entièrement à ma ville et à ses habitants. »
Un an après son élection, il se présente aux départementales et remporte un siège. « Dans la foulée, Christian Poiret, président du département du Nord, me nomme vice-président au tourisme et à la mobilité douce. Pour l’Avesnois c’est une bonne chose : on a longtemps été un peu négligé et maintenant on a une voix ! »
Où se voit-il en 2026, quand son mandat prendra fin ? « Dans l’Avesnois, ça s’est sûr car malgré tous mes déplacements, honnêtement, je ne vois pas mieux ailleurs. Ensuite, eh bien nous avons deux feuilles A3 à la mairie avec toutes les choses qu’on a promises pendant la campagne : la reconstruction d’une piscine, redynamiser le centre-ville, créer une salle multisports… On surligne au fur et à mesure et si en 2026, tout est surligné, alors je me représenterai. Si ce n’est pas le cas, je me retirerai car je suis devenu maire pour tenir mes promesses. »
Eglantine Puel