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À 76 ans, Alain Chevalier, maire de Thérouanne, dans l’Audomarois, aurait aimé passer la main. Une idée pas si saugrenue que ça après trois mandats. Mais, voilà, ça ne se bouscule pas au portillon pour le remplacer, ni dans l’opposition, ni parmi l’équipe municipale en place. Alors Alain Chevalier se relance, un peu malgré lui, pour un nouveau mandat. “En même temps ça me permettra de voir le projet de regroupement scolaire avec la commune de Saint-Augustin aboutir”, sourit-il.
Car l’école primaire, et ses 150 élèves, c’est une priorité pour le maire de cette bourgade plutôt dynamique de 1200 habitants qui compte aussi un collège. Au delà de l’enseignement, ce qui se retrouvera dans les assiettes des enfants est presque aussi important pour l’édile. Sa commune a d’ailleurs été remarquée par la Capso (communauté d’agglomération du Pays de Saint-Omer) pour ses efforts en termes d’approvisionnement local.
“Thérouanne a un restaurant scolaire installé dans la salle des fêtes. 70 élèves y mangent chaque jour, et le mardi, ils partagent le repas avec les aînés, ce qui monte le nombre de couverts à 100, indique Alain Chevalier. Depuis un certain nombre d’années, on a décidé que le restaurant scolaire serait autonome, c’est le personnel communal qui prépare les menus, les commandes, qui prend son panier pour aller faire les courses puis qui cuisine ! »
“Nous avons la chance d’avoir des petits commerces ici, alors, pour se fournir, c’est chacun son tour, poursuit Alain Chevalier, en bon professeur. Il y a deux boulangeries traditionnelles, avec qui on passe contrat un an sur deux, pareil avec les deux boucheries. Nous avons ainsi un maximum de viande fraîche et locale livrée chaque jour. Sauf le vendredi, qui est celui du repas végétarien. Là encore, en poisson, quand on peut se fournir en local, on le fait.”
“Côté végétal, même système, poursuit le maire. Nous achetons les fruits sur le petit marché hebdomadaire du vendredi. Du miel aussi parfois. Bien sûr, selon la saison et la disponibilité, il faut parfois compléter.” Pour les légumes, il l’assure, le secteur ne manque pas de producteurs. La commune se fournit par exemple en pommes de terre auprès d’un agriculteur de Mametz depuis plus de dix ans. “Et pour faire les frites, eh bien, tout simplement, on les épluche à la main, on les coupe et on les fait cuire. Je peux vous dire qu’il y a toujours plus de monde à la cantine ce jour-là !”
Avec un repas proposé à 3,40 € aux familles, le maire reconnait qu’il n’est peut-être pas le plus rentable qui soit, ni le moins cher : “Mais à cela, il faut enlever 1,20 € de bus, et puis l’objectif d’une cantine n’est pas d’être rentable. C’est un service rendu à la population et juste incomparable en qualité par rapport à de la cuisine industrielle. Et puis, nous on fait vivre le commerce local, je suis sincèrement persuadé que c’est mieux. C’est rentable, pour l’avenir. »
Agathe Villemagne