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À 65 ans, Luc Waymel avait envie d’autre chose. De s’occuper de lui, de s’investir autrement. Voilà pourquoi il ne poursuivra pas sa fonction de maire, qu’il occupait depuis 19 ans à Drincham (59), petite commune de 300 âmes dans les confins des Flandres. Disant au revoir en même temps à la présidence de l’association des maires ruraux du Nord.
Dans un petit bar discret de la rue de la Monnaie, à Lille, Luc Waymel s’installe à une table, commande un café. Sa tasse entre les mains, il sait que, d’ici quelques semaines, sa vie va quelque peu changer en laissant ses mandats. Luc Waymel, ce sont en tout 43 ans d’activités municipales, d’élu et de premier édile. Mais est-il réellement prêt à tourner la page ? « Je compte bien me retirer petit à petit mais je continuerai, tant que faire se peut, à m’investir à mon petit niveau. »
Dans le département du Nord, comme dans toute la France, Luc Waymel n’est pas le seul à raccrocher. Selon un sondage Cevipof-Association des maires de France (AMF) publié en novembre, un peu moins de la moitié (48,7 %) des maires souhaitaient se représenter.
Quelle est la tendance dans le Nord ? “On doit être à 25 % des maires qui disent stop cette année, informe le futur ex-président de l’association des maires ruraux du Nord. Soit un pourcentage assez conforme aux autres élections. On n’assiste pas à un désamour de la fonction, ni au ras-le-bol tel qu’il est décrit parfois. Être maire, c’est une fonction passionnante mais aussi très éprouvante. Les élus qui remettent leur tablier aspirent juste au retour à une vie plus tranquille, du moins, avec moins de responsabilités sur les épaules.”
Son expérience de maire, « formidablement humaine bien que prenante », Luc Waymel ne la regrette pour rien au monde. Être au contact des gens, il adore ça. Une empathie dont il n’est pas prêt à se départir. “C’est ancré chez moi. Défendre sa commune, la valoriser, se soucier de la vie de ses administrés, c’est un rôle qui m’habite avec ou sans l’écharpe tricolore. »
Au sein de sa commune ou en tant que président de l’association des maires ruraux du Nord, l’homme s’active. S’entoure, aussi. L’action communale étant parfois limitée, Luc Waymel s’investit au sein de la communauté de communes des Hauts-de-Flandres dont dépend Drincham. “On travaille toujours avec les maires des environs. C’est essentiel pour le territoire sur lequel on est présent”.
Son territoire rural et la ruralité, plus largement, Luc Waymel en est un ardent défenseur. « J’ai le sentiment que l’État met plus de moyens dans les territoires urbains que ruraux. On se sent un peu oubliés parfois », confie-t-il, d’un ton calme et courtois. Il n’hésite pas à pousser la porte des ministères pour le faire savoir.
Dernièrement, il reproche à l’État de ne pas prendre suffisamment en compte les difficultés de l’école rurale. À Drincham, par exemple, l’école ne compte qu’une institutrice pour près de 25 élèves, âgés de 6 à 11 ans. Ils font classe commune, en dépit des différences de niveaux.
“Le travail de cette institutrice est extraordinaire mais elle a clairement besoin d’être épaulée. Et l’Éducation nationale nous laisse un peu tomber quand des investissements sont mis sur les écoles en banlieue urbaine, dans les zones de quartier prioritaires. Je ne veux pas être réactionnaire, mais j’espère à l’avenir des décisions politiques plus égalitaires”, se désole celui qui a exercé le métier d’enseignant.
L’agriculture est un autre sujet qu’il connaît bien. Il suit les évolutions en cours, est à l’écoute des difficultés actuelles. L’urbanisation galopante, préjudiciable aux terres agricoles, la recherche d’un mode de production rentable et écologique, tout ça, il en est conscient. Conscient aussi que le climat est électrique en ce moment.
Pour preuve, il était à l’hôtel du département du Nord à Lille, en décembre dernier, pour signer la charte de bon voisinage du Nord aux côtés d’autres élus. “Ce qu’il faut, c’est de la concertation. Entendre d’un côté les riverains suspicieux des dangers potentiels de produits dispersés parfois aux portes de leur maison. De l’autre, les agriculteurs semblent acculés, se considèrent mésestimés. Il est nécessaire de ramener de la confiance et un dialogue entre les acteurs du territoire.”
Simon Henry