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Il y a des défis qu’on aime se lancer. Celui des agriculteurs du Boulonnais n’était pas une mince affaire. L’ambition de ce groupe était de réaliser une fresque en un mois et ainsi participer au concours organisé par la FNSEA à l’occasion du Tour de France (voir encadré).
« Lorsque nous avons appris que le Tour de France passait dans le Pas-de-Calais et que nous avons découvert le tracé, nous avons réuni les agriculteurs des cantons concernés, se souvient Claire Quandalle, animatrice à la FDSEA du Pas-de-Calais. L’idée était de constituer un groupe d’agriculteurs prêts à réaliser une fresque et à participer au concours de la FNSEA pour le Tour de France. C’est dans le Boulonnais que se trouvaient les plus motivés. »
C’était il y a un mois et depuis le groupe d’une dizaine d’agriculteurs qui se grattent la tête et se creusent les méninges pour imaginer et réaliser une fresque correspondant au thème se réunit. « Nous nous sommes rassemblés plusieurs fois, nous avons fait des brainstorming et étudié la faisabilité de plusieurs dessins possibles, se souvient Jean-Louis Maillard, président de la FDSEA du canton du Boulonnais. Nous sommes tombés d’accord pour réaliser un enfant sur un petit tracteur poussé par un agriculteur. »
L’idée définie et le schéma en tête, il faut maintenant passer à l’action. Et là, c’était une autre paire de manches. Il a d’abord fallu trouver la parcelle idéale: proche du passage des vélos, pas trop grand, sans culture dedans…
Et le jour-J est arrivé. Lundi 4 juillet, 9 heures, une dizaine d’agriculteurs se sont regroupés dans la prairie, ballots de toutes formes, de toutes tailles et de toutes couleurs derrière leur tracteur. Le soleil est au rendez-vous et se réfléchit sur les carrières blanches de Marquise, la poignée d’agriculteurs se trouve en contrebas de la colline. « On a décidé de se lancer dans ce projet pour dynamiser notre équipe locale et continuer à avoir un lien ensemble, lance Jean-Louis Maillard. C’est avant tout la convivialité qui nous motive. Mais c’est aussi très important de communiquer sur notre métier, montrer ce qu’on fait de bien. »
Et la participation est au rendez-vous. Jusqu’à la fin de l’après-midi, une dizaine d’agriculteurs ont préparé la fresque dans la bonne humeur mais non sans quelques difficultés. « Le plus difficile est de conserver la même échelle », lance l’un d’entre eux après avoir disposé les ballots comme le tracé réalisé au préalable le montrait. Et il faut être inventif. « On a choisi de ne réaliser notre fresque qu’avec des choses que nous avions déjà, explique le président local. Nous avons essayé d’activer notre réseau pour nous fournir en matière première à proximité. Nous avons donc pris de la paille pressée de l’année dernière et des balles d’enrubannage déjà réalisées. » Même la bâche noire qui fera office de roues de tracteur a déjà servi.
Il faut dire qu’en un mois, ça ne laisse pas beaucoup le temps d’anticiper les choses. C’est également ce qui justifie les choix de matériels et de visuel. Il faut que ce soit beau, simple mais sans y passer trop de temps. Tel était le credo de ce groupe d’agriculteurs.
D’autant plus que la moisson pointe son nez en ce début juillet et que consacrer deux journées pour la grande boucle, c’est déjà beaucoup. Car demain, une cinquantaine d’agriculteurs sont attendus pour le barbecue (saucisses à la clé !) et pour mettre la fresque en mouvement. « On ne sait pas encore comment on va faire pour donner du mouvement mais on attend du monde ici lorsque les vélos et les caravanes vont passer », précise Jean-Louis Maillard. « On a qu’à se donner la main en tournant », répond un collègue à côté en plaisantant.
Mais la question n’est pas à l’ordre du jour. Les agriculteurs se regroupent et réfléchissent : comment dessiner les visages des deux protagonistes ? Disposer les balles de paille semblait plus facile. Heureusement, « L’artiste », comme dénommée par les agriculteurs est là. « Je dois faire un œil, un nez et une bouche, mais c’est très difficile de garder la même échelle et de faire cela sans avoir le recul nécessaire », avoue-t-elle. Si son métier est de promouvoir l’emploi en agriculture, elle est venue prêter main-forte aux agriculteurs qui manquent un peu de fantaisie.
En ce milieu d’après-midi, les agriculteurs attendent de recevoir un drone prêté pour l’occasion par le département, partenaire de la fresque et de l’évènement, qui leur permettra de peaufiner les détails et de vérifier que tout est en ordre. « On a hâte que la fresque soit filmée par l’hélicoptère pour voir le rendu », avoue Claire Quandalle. Et quand on parle du podium, « on mise sur la participation plutôt que sur le vote du public », ironise un agriculteur. Il y a encore quelques chaises, tables et le chapiteau à disposer mais il est l’heure d’aller traire ou de moissonner.
Chaque année, la FNSEA saisit l’occasion du Tour de France pour communiquer sur le métier et les enjeux de l’agriculture. Pour cela, le syndicat incite les agriculteurs qui accueillent les vélos dans leur département à réaliser des fresques qui seront visibles du ciel et retransmises à la télévision. Celles-ci sont rassemblées dans un concours nommé « Les agriculteurs aiment le Tour ». À chaque édition, un thème est défini. Cette année, c’est le sujet de la transmission avec le slogan « À votre Tour » qui est mis en avant. L’occasion d’aborder un enjeu clé pour l’agriculture.
Élément inédit cette année, la FNSEA fait partie intégrante de la caravane publicitaire. Une « ola » regroupant les supporters accueille cette caravane à son passage. C’est également l’occasion de mettre en lumière l’emploi en agriculture grâce au stand emploi formation qui est installé à proximité des fresques.
Lucie Debuire
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