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Après 20 ans de négociations, l’Union européenne (UE) et le Mercosur (Argentine, Brésil, Paraguay, Uruguay) ont conclu un traité de libre-échange. Un accord jugé catastrophique par les organisations agricoles de l’UE.
« Il ne faut pas nier que nous avons dû faire des concessions importantes pour parvenir à un résultat équilibré et ambitieux », a dû admettre le commissaire européen à l’agriculture Phil Hogan le 28 juin 2019, commentant l’accord commercial que venaient de conclure à 19 heures à Bruxelles les négociateurs de la Commission européenne et du Mercosur.
Un accord jugé catastrophique par les organisations agricoles de l’UE — et aussi par les écologistes — qui ont dénoncé notamment l’ouverture du marché européen à des denrées produites selon des critères environnementaux et sociaux bien moindres.
L’UE s’est ainsi engagée à ouvrir d’importants contingents d’importation tarifaires pour une série de produits sensibles, notamment : graduellement sur 5 ans, 99 000 tonnes de viande bovine (quelque 44 000 t étant réservées au Brésil), dont 55 000 t de viande fraîche et réfrigérée et 45 000 t de viande congelée pour la transformation, au droit de 7,5 % ; sur 5 ans également, 180 000 t de volaille à droit nul ; 180 000 t de sucre à droit nul ; sur 5 ans, 650 000 t d’éthanol (dont 450 000 t pour l’industrie chimique), avec un droit de 6,4 €/hl pour le produit non dénaturé et de 3,4 €/hl pour le produit dénaturé.
Hogan tente de rassurer
Phil Hogan a tenté de rassurer en précisant que ces importations devront « respecter les normes strictes de l’UE en matière de sécurité alimentaire », que l’accord « confirme explicitement le principe de précaution » et qu’il prévoit des « mesures de sauvegarde » en cas d’augmentation soudaine des importations susceptible de causer un préjudice grave au secteur concerné.
« La Commission est également disposée à aider les agriculteurs à procéder (aux ajustements nécessaires), avec un soutien financier pouvant atteindre 1 milliard d’euros en cas de perturbation du marché », a-t-il également promis.
En échange de ces concessions, dont le but était notamment d’obtenir l’ouverture du marché du Mercosur pour les produits industriels européens, les voitures en premier lieu, l’UE a obtenu des quatre pays sud-américains, parmi ses «intérêts offensifs» agricoles, la protection de 357 indications géographiques, l’ouverture de leur marché pour un contingent de 30 000 t de fromages avec des droits réduits à zéro sur neuf ans ainsi que l’abolition à terme de leurs droits sur le vin.
Les agriculteurs européens révoltés
Les agriculteurs européens fustigeaient le 29 juin l’accord commercial entre l’UE et le Mercosur, qui les place selon eux face à une concurrence déloyale et qu’ils dénoncent depuis des mois.
La Copa Cogeca, principal syndicat agricole dans l’UE, a fustigé « une politique commerciale à deux poids et deux mesures », qui élargit « le fossé entre ce qui est demandé aux agriculteurs européens et ce qui est toléré des producteurs du Mercosur », dont les normes sanitaires et environnementales ne sont pas les mêmes qu’en Europe.
Quant à la patronne du premier syndicat français FNSEA, Christiane Lambert, elle a dénoncé « un coup dur pour l’agriculture » et « un mensonge, une tromperie » pour les consommateurs, soulignant que « 74% des produits phytosanitaires utilisés au Brésil sont interdits en Europe ».