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Réindustrialisation verte. C’est par ce concept – en vogue au national et dont Dunkerque serait tant l’incarnation qu’on aurait mieux compris que son ancien maire Patrice Vergriete soit nommé l’été dernier ministre de la réindustrialisation verte plutôt que du logement – qu’a débuté le point annuel sur l’activité du port de Dunkerque.
Car Dunkerque, et en particulier son grand port, accueillera deux des quatre usines de production de batteries électriques qui s’implanteront en France, les deux autres ayant elles aussi choisi la région (à Douvrin et Douai). Emmanuelle Verger, présidente du conseil de surveillance du Gand port de Dunkerque, explique ce succès et cette place de premier ordre dans « la vallée de la batterie électrique » par « une cohérence et une cohésion » qui ne suffisent pas : « Il faut aussi des atouts et une vision. » Pour les atouts, on listera en vrac le foncier disponible et des parcelles livrées « clefs en main », la place du « premier hub d’énergie décarboné européen » (avec la présence de la centrale nucléaire de Gravelines, à quelques kilomètres de là).
Et la présidente du conseil de surveillance de rappeler quelques chiffres concernant ces poids lourds de l’industrie : « Verkor c’est une levée de fonds de 2 milliards d’euros en 2023, une première pierre en novembre et déjà des bâtiments qui sortent de terre pour une perspective de mise en service de la première tranche en 2025. ProLogium devrait mettre en service son usine en 2026, adossé à l’implantation de Orano et XTC New energy, unité de production de matériaux de cathodes pour les batteries. » Et parce qu’au port de Dunkerque on pense circulaire, nous promet-on, deux unités de recyclage de batteries, par le groupement Eramet & Suez. On n’oublie pas l’implantation du géant belge de la frite surgelée Clarebout, dont la production a doucement débuté fin 2023, ou encore Flocryl qui mettra en service ses installations de production de polymères pour le traitement de l’eau en 2024. Et parce que tout ça va demander de l’énergie, Euraénergie, un groupement d’intérêt public, a été créé qui rassemble l’ensemble des acteurs du territoire dans un objectif de promotion des énergies renouvelables et bas carbone. Verte, la réindustrialisation, on a dit.
Les projets en cours nécessiteront des aménagements conséquents : une nouvelle desserte routière au niveau du port ouest pour commencer, qui doit permettre de fluidifier l’accès. Le prolongement du bassin Atlantique et la création de nouveaux quais sont également au cœur des attentions : plusieurs fois retoqué par l’autorité environnementale (le projet se nomme Cap 2020…), le projet implique la réalisation de 16 kilomètres de voiries et 7 km de voies douces, la déviation de watergangs, l’excavation de matériaux pour 2028. Une société de conversion du CO2 en carburant de synthèse devrait s’installer sur l’ancienne friche SRD non loin de la création d’un nouveau terminal de logistique des voitures neuves.
Car Dunkerque ce sont de vastes parcelles accueillant des activités industrielles et 400 000 m2 d’entrepôts logistiques disponibles à l’horizon 2028 mais c’est avant tout un port. « Et avec 80 % des échanges mondiaux qui se font par voie maritime, l’enjeu est là », prévient Emmanuelle Verger.
Pour ça, un nouveau terminal de ferroutage sera mis en service sur la partie ouest du port : avec une mise en service prévue en 2025, il doit permettre de « fluidifier la desserte » et de conforter Dunkerque à sa place de « premier port ferroviaire français ». Des projets qui portent l’investissement à « 160 millions d’euros pour 2024 (deux fois plus qu’en 2023 et quatre fois plus qu’en 2022) et près d’un milliard d’euros pour la décennie », chiffre Maurice Georges qui rappelle l’évolution stratégique du port, « dont les revenus sont désormais moitié issus de l’activité portuaire et moitié des revenus domaniaux ».
Côté maritime, le groupe CMA CGM a choisi Dunkerque comme port d’escale de son service conteneurisé hebdomadaire, une nouvelle passerelle (la Ro-Ro 6) permettra d’accueillir des ferrys jusque 215 mètres, une première escale du service bimensuel de l’armement Saar-Rhein relie Dunkerque au Danemark depuis le 23 janvier sans oublier la nouvelle escale entre la côte occidentale d’Afrique et les îles Canaries d’où proviennent les bananes. Rappelons que Dunkerque est le premier port de fruits exotiques, le retour des mangues en avril prochain en est une illustration. Un pied sur terre, un pied en mer, le port de Dunkerque poursuit son développement.
Justine Demade Pellorce