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Un tag « 2020 abolition ». Ce sont les vœux adressés par des militants animalistes à l’éleveur youtubeur sarthois (72) Étienne Fourmont, sans doute durant la nuit du nouvel an. Également « visité » le même soir, l’un de ses voisins a eu moins de chance : tags, portes forcées et une vidéo tournée – qui ne choquera que ceux qui ne connaissent pas l’élevage – et relayée sur une obscure page Facebook anglophone.
En essor depuis deux ou trois ans, ce type d’attaque inquiète la profession. En septembre 2019, la FNSEA livrait quelques chiffres sur les intrusions de militants dans des élevages : 8 en 2017, 16 en 2018 et… 41 en 2019. Des chiffres arrêtés au 30 août sans doute en deçà de la réalité, reconnaît-on au service communication du syndicat. Sur ces 41 intrusions, 30 sont attribuées au groupe anti-élevage DxE, 8 à L214 et 3 à Boucherie abolition.
Dans les Hauts-de-France, où deux militants antispécistes ont été condamnés à 10 et 6 mois de prison ferme pour une quinzaine de dégradations de boucheries et de restaurants dans la métropole lilloise, les antispécistes laissent – pour l’instant – les éleveurs relativement tranquilles. Seul un élevage de la Somme a reçu la visite de l’association L214 qui a tourné chez lui l’une de ses vidéos d’« enquête », aussi populaires que partiales et souvent inexactes.
Autant d’actes délictueux qui ont poussé le gouvernement à présenter à la fin de l’année 2019 sa dernière création : la cellule Déméter. Celle-ci a recensé, pour 2019, 14 498 « atteintes » au monde agricole, une augmentation de 1,5 % par rapport à l’année précédente.
Si le Premier ministre a indiqué sa volonté « que l’antispécisme soit un des axes prioritaires du renseignement » et L214 s’est insurgée de la création de Déméter pour « intimider » les associations, les documents avancés par la cellule le rappellent : vous avez bien plus de chance de subir une intrusion pour le vol d’un GPS que pour une vidéo diffamante. Ainsi, deux tiers des délits que la cellule recense (64,5 %) sont constitués de vols simples (sur ou hors exploitations agricoles).
Quoiqu’il en soit, des voix s’élèvent pour renforcer les sanctions contre les intrus militants. Lors d’une session du 19 au 20 décembre 2019, le conseil régional de Bretagne a adopté à l’unanimité un vœu portant sur l’intrusion dans les élevages dans lequel il demande un renforcement de la réglementation nationale. Celui-ci souhaite en effet qu’une intrusion puisse être qualifiée « d’atteinte à la propriété privée », et que soit « renforcé le contrôle des fonds finançant les associations au regard notamment de possibles interventions étrangères poussées par certains lobbys ».
De son côté, le député des Côtes-d’Armor Marc Le Fur (LR) a déposé le 4 décembre une proposition de loi visant à supprimer la réduction d’impôts accordée aux donateurs des associations associées à des intrusions dans des exploitations agricoles. En parallèle, la droite et la majorité travailleraient sur un texte renforçant les sanctions prévues contre les auteurs d’intrusions dans les exploitations. Le texte viserait notamment à combler « deux lacunes juridiques » : les intrusions sans effraction et l’usage de drones.
Lucie de Gusseme