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En guise d’introduction à la traditionnelle présentation des résultats annuels, le président du Crédit Agricole Nord de France récapitule le contexte géopolitique qui a marqué 2023 et le début 2024, entre conflits en Ukraine et au Proche-Orient, émeutes en France, échéances électorales à venir.
La baisse du pouvoir d’achat et donc de la consommation, « premier moteur de la croissance », n’a pas terni l’enthousiasme de son président, Gabriel Hollander, « optimiste de nature », reconnaissant de « nombreux atouts » à sa région : son réseau fluvial ou routier, ses façades maritimes, sa situation géographique, son agriculture performante et variée, son réseau d’entreprises innovantes et performantes, sa population, et il en passe. Quelques premiers signaux sont à l’« orange voire rouge », parmi lesquels emploi et défaillance d’entreprise. « Mais la création d’entreprises reste à un bon niveau », nuance le banquier.
Pour illustrer sa « confiance en l’avenir », le président sort deux cartes : Lille et Arras. Les deux sites ont un siècle à eux deux et méritent d’être rénovés, affirment leurs occupants. Dans le Nord, la banque a acquis l’immeuble voisin et va refondre le tout. Dans le Pas-de-Calais, elle fait le choix de la construction à l’îlot Bergaigne. « Les sites seront verts », promet Laurent Martin. Le directeur général estime « entre 100 et 110 millions d’euros (M€) l’investissement pour les deux projets », menés de front, pur « hasard du calendrier », par des entreprises locales. En 2028, 1 000 salariés de la caisse régionale et de ses filiales rejoindront leurs nouveaux bureaux, conçus pour être des lieux de vie bas carbone exemplaires. Laurent Martin estime à 70 % les gains en consommation d’énergie.
Près de 8 000 clients ont été victimes des tempêtes et inondations ces derniers mois. Soit « 41 M€ d’indemnités versées » par la compagnie d’assurances de la banque, calcule le directeur général, pour donner « une idée de l’ampleur du sinistre ». Au total, les indemnités pour tous les sinistres confondus culminent à 149 M€ en 2023, tandis qu’elles ne franchissent habituellement pas la barre des 100 M€, s’inquiète Laurent Martin qui accuse le dérèglement climatique. « La probabilité que ces événements climatiques se renouvellent est de plus en plus forte », ajoute celui qui note une « accélération du phénomène ». « Notre ADN mutualiste n’est jamais aussi efficace et pertinent qu’en des moments pareils. »
Sur le plan financier, l’année a été « chahutée », poursuit le dirigeant. Avec un chiffre d’affaires consolidé à 641 M€ en baisse de 8,5 % et un résultat net à 137 M€ en chute de 19,5 %, « la caisse reste solide avec plus de 5 milliards d’euros (Mds €) de fonds propres », soit « trois fois le niveau réglementaire », se félicite Laurent Martin.
Sur le plan commercial, l’habitat enregistre une baisse de 57 % de crédits réalisés en 2023, à cause d’un phénomène de marché et du taux d’usure. Le marché de l’immobilier demeure bas malgré « quelques frémissements récents ces dernières semaines ». « Cela reste une belle année sur les crédits entreprise, agriculture et consommation », détaille le DG. La collecte est en hausse de 5,5 %, soit 37,6 Mds €. La caisse gagne 51 000 nouveaux clients.
« On pense que les entreprises qui survivront seront celles qui seront utiles à la société et auront su garder proximité et dimension humaine », décrit le directeur général. En 2019, le groupe s’est engagé dans la transition, en ciblant décarbonation, inclusion et transition agricole et alimentaire. Le 1er janvier, il a créé une agence dédiée comptant 10 experts en appui des autres projets, « conscient de l’enjeu pour s’adapter au changement climatique ».
En comptant deux tiers des agriculteurs parmi ses clients, le Crédit Agricole Nord de France dédie une centaine de ses salariés au secteur, affiche un financement à hauteur de 495 M€, et a accompagné l’installation de 200 jeunes en 2023 (100 M€). Laurent Martin annonce le projet « Ferme by CA » avec un plan autour de l’élevage, « car on veut accompagner la transmission des exploitations et soutenir le maintien des outils industriels », évoque-t-il brièvement. Le reste sera dévoilé lors du prochain rendez-vous agricole régional, Terres en fête en juin. À suivre.
Louise Tesse