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En 1993 naissait Eden 62, dont l’objectif est de préserver l’environnement dans le département du Pas-de-Calais.
« Il y a 30 ans, nos élus ont compris l’importance de protéger la biodiversité, ce qui était assez visionnaire et avant-gardiste. À cette époque, lorsqu’on abordait ce sujet, on nous riait un peu au nez. Mais ils ont eu le courage de créer Eden 62 », explique Kévin Wimez, chargé de communication pour la structure.
Si au début, Eden 62 se crée sous forme d’association, elle se transforme en 1996 en syndicat mixte.
« Nous sommes autonomes, mais nous dépendons des collectivités territoriales, principalement du Département du Pas-de-Calais et des communes. Cela permet de rester proche du territoire. Ainsi toutes nos actions sont validées par le comité syndical composé de représentants des communes et du Département », poursuit le chargé de communication. Une structure inédite en France.
Eden 62 intervient sur tout le Pas-de-Calais. « Nous nous sommes d’abord implantés sur le littoral, car la pression était telle qu’il fallait agir vite. Cela nous a permis de le préserver, ce que les Belges nous envient souvent ! », souligne Kévin Wimez.
« Aujourd’hui, près de 120 agents, dont une centaine de gardes nature, s’occupent de 6 200 hectares d’espaces naturels protégés, de Oye-Plage à Berck, en passant par le bassin minier ou encore l’Arrageois, avec des paysages très variés comme des dunes, des falaises, d’anciennes carrières, des bois ou encore des prairies, détaille-t-il. Eden 62 n’est pas propriétaire de ces espaces, ils appartiennent au Département, aux communes ou encore au Conservatoire du littoral. Il en est le gestionnaire. »
La plupart de ces endroits sont ouverts au grand public, 250 kilomètres de sentiers y ont d’ailleurs été aménagés afin que tout le monde puisse en profiter. « Certains restent inaccessibles pour des questions de préservation des espèces », indique Kévin Wimez.
Eden 62 a trois missions.
D’abord, la conservation des espaces naturels. « Nos gardes nature y interviennent pour entretenir, surveiller, faire un suivi scientifique pour répertorier la faune et la flore », détaille le chargé de communication.
Pour entretenir les sites, Eden 62 dispose également d’un cheptel qui y pâture toute l’année.
Il se compose de 25 vaches highland, de 26 poneys highland et shetland, de 258 moutons shetland et soay et de 287 chèvres des fossés.
Le syndicat mixte propose également des partenariats avec les agriculteurs. Les éleveurs qui le souhaitent peuvent faire pâturer leurs bêtes sur les sites protégés.
« C’est un partenariat gagnant-gagnant, les animaux pâturent gratuitement sur nos terrains ce qui permet de les entretenir. »
La seconde mission est l’aménagement de ces espaces naturels protégés.
« Nous avons un atelier à Setques, à côté de Saint-Omer, qui s’en occupe. Il accueille des personnes en insertion qui travaillent à partir de bois local non traité. »
Et enfin, la dernière mission du syndicat mixte, et non des moindres, est de sensibiliser le public à la préservation de l’environnement.
« Dix personnes y sont dédiées. Quelque 200 animations sont organisées gratuitement chaque année à destination du grand public. Nous en proposons également pour les établissements scolaires ou encore des structures médicales. »
Pour impliquer le public dans la préservation de l’environnement et qu’il (re) découvre la biodiversité qui les entoure, Eden 62 met aussi sur pied des actions, à l’image des enquêtes de sciences participatives.
Actuellement, les habitants du Nord et du Pas-de-Calais sont invités à recenser les écureuils roux avec l’opération « Avez-vous vu cache-noisette ? »
« L’objectif est de récolter des données pour savoir comment se porte cette espèce dans nos départements », indique le chargé de communication.
Eden 62 a également ouvert un lieu, La Grange nature, à Clairmarais, au cœur du marais Audomarois, pour faire découvrir richesses naturelles du Pas-de-Calais. « On peut y voir une exposition sur les bienfaits de la biodiversité pour l’être humain.”
” L’Homme est assez égoïste, donc si on veut qu’il préserve la biodiversité, il faut lui faire comprendre ce qu’elle peut lui apporter », sourit Kévin Wimez.
« Les gens sont davantage sensibles à la préservation de la nature. On va dans le bon sens. » Cependant, il reste encore du chemin : « S’ils sont conscients que la biodiversité disparaît, ils n’ont pas conscience de l’urgence de la situation… On manque de passage à l’acte, il y a une incohérence entre la sensibilisation faite et nos modes de vie… », regrette Kévin Wimez.
Pourtant quelques changements simples des comportements pourraient avoir un effet bénéfique sur l’environnement.
Ce dernier explique, par exemple, que tondre sa pelouse à ras est un non-sens pour la biodiversité.
« Un jardin où il n’y a qu’un gazon bien vert coupé à ras n’a pas d’intérêt pour la nature. Un jardin “propre” est un jardin mort pour la biodiversité. Pire encore, les jardins de cailloux ! Ils emmagasinent la chaleur et augmentent les effets du réchauffement climatique. Si chacun respectait la règle du tiers, la biodiversité se porterait mieux ! »
Et d’expliquer. « Dans un jardin, ou même sur un balcon, on laisse un tiers pour le loisir, un endroit pour le barbecue, où les enfants peuvent jouer… Un tiers de potager en permaculture et un tiers un peu plus sauvage pour la nature. Cela permettrait aux abeilles, coccinelles, papillons, bourdons d’y trouver un refuge et un garde-manger. » Car Kévin Wimez l’assure : « La situation est critique mais la tendance peut encore s’inverser car la chance que l’on a c’est que lorsqu’on laisse la place à la nature, elle revient, on a pu le voir lors du confinement. Mais il ne faut pas trop attendre. » Et de citer l’écologiste Hubert Reeves : « Actuellement, l’Homme mène une guerre contre la nature, s’il gagne il est perdu. » À méditer…
Helene Graffeuille
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