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Il reste encore quelques cartons à déménager mais le transfert a bien eu lieu. Le siège de la fédération des chasseurs (FDC) du Nord est désormais installé à Saint-Amand-les-Eaux, au cœur d’un domaine de 22 hectares.
Sur une prairie de quatre hectares au milieu de la forêt, se dresse la bâtisse d’origine rénovée et agrandie, capable d’accueillir les 25 salariés. Une salle peut recevoir jusqu’à 150 personnes pour la formation de 900 élèves, candidats chaque année au permis de chasser, ou les activités des associations départementales des chasseurs.
Classé Natura 2000, le site fera l’objet d’un inventaire préalable à la rédaction d’un plan de gestion environnementale.
“L’idée, explique François Auroy, directeur de la FDC du Nord, est de concentrer les activités humaines – comme le parcours d’initiation pour les chasseurs à l’arc par exemple – autour du siège pour éviter le dérangement et que le reste bénéficie à la biodiversité.”
Avec la gestion des espèces et des espaces, la préservation de la biodiversité “ordinaire” motive, en effet, une partie des actions de la fédération.
“Le constat de régression de certaines espèces, dont la perdrix grise est emblématique, aboutit sur des actions pour favoriser la reconquête d’un habitat de qualité. L’oiseau reste chassable mais doit trouver un second souffle“, note le directeur.
Cela passe notamment par l’implantation de “haies à haute valeur environnementale arborescente” : pratiquement 13 km l’ont été en 2022, 30 km en trois ans “pour lesquelles les agriculteurs sont revalorisés à hauteur de 1 500 € par hectare par an“, précise François Auroy.
Pour encourager la création de corridors, la FDC a offert en 2022 des semences pour implanter 50 hectares de couverts le long des haies. Il en est de même pour les couverts d’interculture : 1 130 hectares en 2022 et 1 250 hectares en 2023 ont été subventionnés.
Enfin, François Auroy rappelle que 12 barres d’effarouchement – disponibles essentiellement dans les Cuma – permettent de faire fuir le gibier avant le passage des machines.
Ces actions ont pour but de pallier les difficultés liées à la dégradation de l’habitat des espèces catégorisées en “petit gibier”.
Parmi elles, le lièvre connaît une forte baisse de ses effectifs, “liée à la mauvaise reproduction en 2021, explique le directeur. La chute est maintenant stabilisée sur 80 % des unités de gestion du département” (composé de 20 unités de gestion calées sur les petites régions agricoles).
Jusqu’à présent, les faisans communs étaient chassables tout au long de la saison. Mais cette année, “une politique cynégétique a été mise en place à la demande des chasseurs, qui souhaitent gérer l’espèce et augmenter la population, avec des restrictions”.
L’oiseau ne sera plus prélevé que deux jours par semaine (mercredi et dimanche) et jusqu’au 31 janvier et non plus 28 février.
Quant à la perdrix, en fort déclin depuis une vingtaine d’années, seuls deux jours de chasse sont autorisés pour tenter de la préserver, “contre cinq jours il y a 20 ans“, rappelle François Auroy.
En 2023, il s’agit des 17 et 24 septembre. “Le déclin de l’espèce est lié à son habitat et non à la chasse, insiste-t-il. Lors de la dernière saison, on a prélevé une perdrix par 100 hectares.”
Côté grand gibier, les populations de chevreuil se portent bien, annonce le directeur de la FDC du Nord. Le cervidé a colonisé les plaines, quittant son habitat d’origine, la forêt.
Pour le nouveau cycle du plan de chasse triennal, une augmentation des prélèvements sur les milieux de plaine sera donc intégrée.
Son cousin, le cerf, continue d’alimenter les désaccords, les uns souhaitant éviter les dégâts forestiers, les autres constatant une diminution des effectifs (lire notre édition du 3 mars). Le projet d’arrêté est actuellement soumis à la consultation du public, intégrant un plan de chasse avec un minimum de prélèvement de 120 et un maximum à 170.
Quant au sanglier, “il reste la bête noire des chasseurs“, résume François Auroy.
L’animal a quitté ses forêts originelles pour les prairies qui lui offrent le gîte et le couvert.
Problème, les chasseurs sont tenus d’indemniser les agriculteurs pour les pertes de récoltes subies. Le Cambrésis, notamment, a vu la colonisation puis la sédentarisation du mammifère.
“Les colzas assez hauts leur permettent de vivre tranquillement puis ils s’en vont dans les champs de maïs puis les bosquets à droite, à gauche pour trouver refuge lorsque les plaines sont moins fournies, puis ils se cachent dans la moutarde“, décrit le directeur.
Bilan : l’enveloppe dépasse les 190 000 € pour 2022 avec 107 hectares de surfaces détruites et 84 communes concernées, et celle de 2023 avoisinera les 300 000 €. “On paie les pots cassés de l’interdiction de l’agrainage dissuasif qui a fait sortir les sangliers des forêts“, regrette François Auroy. Les montants des dégâts frôlaient en 2017 les 70 000 €.
Pour les migrateurs, les dates de chasse sont définies au niveau national par arrêté ministériel. Pour le gibier d’eau, l’ouverture est annoncée le 5 août pour le domaine maritime public, le 21 août pour les marais intérieurs.
La sécheresse rend difficile le maintien en eau des “5 000 hectares de zones humides, propriétés ou gérés par les chasseurs“, synonyme de “valeur environnementale majeure et de services écosystémiques importants (zones d’expansion de crues, épuration de l’eau…). Pourtant, ils sont incités à les maintenir en eau pendant la fermeture de la chasse pour développer la biodiversité.”
Enfin, l’influenza aviaire, “toujours présente en faune sauvage” d’après le directeur, impacte l’activité et la vaccination est attendue “avec impatience pour sortir de ce carcan“.
Anciennement baptisés les “nuisibles”, les espèces susceptibles d’occasionner des dégâts (Esod) feront l’objet d’un arrêté courant mai-juin fixant leur liste pour les trois prochaines années. La fédération des chasseurs du Nord l'”attend avec impatience” et rappelle aux agriculteurs “l’importance de remonter les informations de dégâts de ces espèces“. Si le corbeau freux, qui ne cause pas de dégâts envers la faune sauvage mais aux cultures, n’en fait plus partie, il ne pourra plus être prélevé, alerte le directeur.
Louise Tesse
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