Depuis le 1er janvier 2020, de nouvelles règles entrent en vigueur sur la prévention, la réduction et la limitation des pollutions lumineuses.
Pour les nouvelles installations d’éclairage, les communes ont l’interdiction d’orienter la lumière vers le ciel. Elles doivent aussi éviter de dépasser la luminosité de 3 000 degrés kelvin (le kelvin permet de mesurer la couleur de la lumière perçue par l’œil humain, ndlr) ou encore d’éclairer les parcs. Des mesures qui s’imposeront en 2025 sur tous les éclairages publics.
Le but : lutter contre la pollution lumineuse encore trop peu prise en compte. Ses conséquences sont pourtant multiples pour l’homme, la faune et la flore.
La pollution lumineuse, c’est une « lumière que l’on peut voir du ciel. Elle est perdue, ne sert à rien mais a un coût », explique Baptiste Faure, ingénieur en recherche écologique spécialisé dans la pollution lumineuse pour le bureau d’études Biotope, basé à Rinxent (62).
La pollution lumineuse est issue de sources d’éclairage multiples et variées, publiques et privées : vitrines, illuminations, enseignes, publicités, parkings, sites industriels… Pour la quantifier, les spécialistes se basent sur les images satellites de la terre et des survols aériens.
Même dans les parcs naturels régionaux, la luminosité est trois à neuf fois supérieure à la lumière naturelle du ciel
Dans la région des Hauts-de-France, très habitée, industrielle et à proximité des plus grandes métropoles européennes, les étoiles se font rares. Quand on circule de nuit, on est happé par ces halos lumineux qui se voient à plusieurs dizaines de kilomètres à la ronde autour des villes ou des sites industriels.
La nuit n’est pas noire. Le ciel se pare de couleurs jaune et orangé presque surnaturelles. « Sur une cartographie satellite, on arrive ainsi à discerner la plupart des villages de la région la nuit », indique Baptiste Faure.
Même dans les parcs naturels régionaux, la luminosité est trois à neuf fois supérieure à la lumière naturelle du ciel. Le parc naturel des caps et marais d’Opale a ainsi lancé son programme. Objectifs : optimiser l’éclairage public et limiter ses impacts négatifs. Une action qui passe essentiellement par la sensibilisation et l’implication des différentes communes et acteurs du territoire.
« La lumière apporte confort et sécurité. À la sortie de la guerre, où tout était noir, les gens ne se sont pas posé la question », détaille Baptiste Faure.
L’éclairage public se développe. Chaque ville et village veut le sien, alors que rares sont les personnes à sortir entre 23 h et 5 h.
« Les gens qui sont contre l’extinction la nuit évoquent en premier lieu un sentiment d’insécurité. Mais quand on prend le temps de discuter, les freins sont vite levés. » L’une des clés les plus efficaces pour lutter contre la pollution lumineuse est donc la sensibilisation.
Lors d’un travail sur Lille, Biotope a ainsi mis en avant que 90 % des habitants étaient prêts à une modification de l’éclairage avec une baisse de puissance des lampes et des détecteurs de présence. 70 % étaient prêts à accepter l’extinction nocturne.
« L’enjeu énergétique est ce qu’il y a de plus évident pour les gens, il fait appel au bon sens, au gaspillage « , souligne Anne-Marie Ducroux, présidente de l’association nationale pour la protection du ciel et de l’environnement nocturnes (ANPCEN).
Les conséquences de la pollution lumineuse sont multiples aussi bien sur la santé que pour la biodiversité.
L’obscurité de la nuit perturbe notre horloge biologique mais aussi la qualité et la quantité du sommeil, essentielles pour le système immunitaire, la croissance… en diminuant la production de la mélatonine. Or la mélatonine est précieuse pour notre santé. Elle a impact sur le vieillissement, et elle freinerait le développement des tumeurs, stabiliserait la tension.
Les humains ne sont pas les seuls touchés. On l’oublie bien souvent, bien au chaud dans son lit, mais la majorité des espèces animales sont nocturnes. 70 % des invertébrés et 30 % des mammifères vivent la nuit.
« Elles ont un système de vision adapté à la nuit et n’ont pas du tout besoin de nos éclairages », précise Anne-Marie Ducroux.
« De nombreuses études scientifiques ont révélé l’impact négatif de l’éclairage artificiel nocturne sur la faune, la flore et plus largement sur le fonctionnement des écosystèmes. Cet éclairage modifie la phénologie ou le comportement de nombreuses espèces et concourt à fragmenter leurs habitats »
Romain Francin, assistant d’étude au parc naturel régional des caps et marais d’Opale
« Ce sont les insectes qui sont les plus touchés, complète Baptiste Faure. Ils sont complètement attirés par la lumière. Il y a un effet d’aspiration sur plusieurs kilomètres à la ronde autour des points lumineux. Des insectes vont voler autour jusqu’à s’épuiser. Ils en oublient de manger, de se reproduire. »
Les vers luisants, que l’on pouvait voir en campagne, ont ainsi presque complètement disparu. Les femelles émettent de la lumière pour attirer le mâle et se reproduire. Mais avec la multitude d’éclairages, le mâle ne retrouve pas la femelle et ne se reproduit plus.
Si les mammifères et les oiseaux sont moins touchés, ils n’en restent pas moins concernés.
« Il a été démontré que chez eux les perturbations induites par la lumière artificielle étaient susceptibles de modifier la reproduction, la migration, la nutrition, le repos ou la territorialité, poursuit Romain Francin. L’éclairage artificiel impacte également la physiologie de ces animaux en ayant un effet négatif direct sur les fonctions immunitaires, le métabolisme et la croissance.»
Autres animaux touchés : les poissons. « Quand il y a un éclairage dans l’eau ou qui se réverbère, le plancton est attiré et déserte d’autres zones », ajoute Baptiste Faure.
L’éclairage touche également les espèces diurnes en perturbant leur rythme biologique.
« Il y a un impact complet sur l’écosystème « , souligne Baptiste Faure. Les effets sur la végétation sont plus difficiles à évaluer, mais se lient à une conjonction de facteurs qui altèrent la qualité de la flore.
« Dans une étude réalisée dans l’Ardrésis (62) pour le parc naturel régional des caps et marais d’Opale, on s’est rendu compte que même si les zones agricoles étaient relativement sombres, il y avait une mauvaise qualité écologique », détaille-t-il.
Seule certitude : des végétaux près de sources lumineuses nocturnes décalent leur cycle de floraison et peuvent faire des fleurs même en plein hiver sur un arbre sans feuille.
Une image digne d’un film sur la fin du monde que l’on peut éviter d’un simple geste : en éteignant les lampes superflues.
Claire Duhar
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