« Tu baguenaudes dans les pâturages, tu t’en vas te promener, Belle des champs, qu’il est blanc, qu’il est crémeux ton fromage, dis, donne-nous en un peu, Belle des champs. » Qui se souvient de cette publicité pour un fromage dans les années 1980 ? Si le spot était dessiné à la main, le personnage de la jolie agricultrice blonde au sourire rayonnant, lui, était né.
Depuis quatre ans, il prend vie dans les pages du calendrier Belle des prés. Créé en 2018 par Johann Baxt, un photographe du sud-ouest de la France issu du monde rural, il met chaque année en scène douze agricultrices ou para-agricultrices.
« Je ne suis pas un professionnel, mais je m’intéresse à la photo depuis toujours, retrace le photographe qui a commencé par mitrailler des tracteurs de collection avant que son attention se porte plus sur les jeunes modèles que sur les anciennes cylindrées. C’est comme ça que j’ai eu l’idée de faire un calendrier national mettant en scène le monde agricole. »
Son angle de tir pour les shootings qu’il réalise avec sa compagne : distiller de la féminité dans des décors « où on ne l’attend pas, un peu dans le même esprit que les dieux du Stade. Il s’agit de montrer que les femmes, dans le monde rural, ne sont pas forcément en bottes. »
Ses mises en scène, plutôt glamours voire sexy et parfois même dénudées, ne sont jamais imposées, et toujours laissées au choix du modèle. Un positionnement qui plaît. « Je connaissais déjà ce calendrier qui contribue à changer l’image des femmes dans le monde agricole », explique la Nordiste Lisa Bernard.
Candidate il y a un an à l’élection de Miss France Agricole 2020, la jeune femme, qui est aussi technico-commerciale en génétique bovine, a posé chez ses anciens patrons d’apprentissage, à Lez-Fontaine (59), dans l’Avesnois. « L’image de la fermière un peu brut de décoffrage nous colle encore à la peau, raconte celle dont les longs ongles manucurés ont souvent choqué son entourage professionnel. Pourtant, ils ne me gênent pas pour travailler. On a le droit d’être sexy. On n’est
pas bonnes qu’à porter des bottes et travailler dans la bouse ! » « Lorsqu’on parle des femmes en agriculture, renchérit Hélène Vandenbossche, inséminatrice à Tortefontaine (62) et visage du Pas-de-Calais dans le calendrier, on pense encore à la blouse et au fichu sur les cheveux… »
Concernant les vêtements et poses, les deux jeunes femmes ont préféré la jouer raisonnable. « Nous avons longuement discuté avec Johann Baxt avant la séance qui a eu lieu en avril, raconte Hélène Vandenbossche. Je lui ai fait part de ma volonté de ne pas poser en lingerie mais plutôt avec une robe. Je travaille dans un métier de service aux éleveurs, je me dois d’être irréprochable… »
Même angle de vue pour Lisa Bernard : « Les shootings, j’en ai toujours un peu fait. J’ai déjà posé pour le calendrier de mon association de moto, et mon beau-père est photographe. Être face à l’objectif ne me dérange pas du tout. En revanche, avec mon métier, je ne pouvais pas me permettre de poser en sous-vêtements. Arriver chez un client et me voir en lingerie dans son bureau, non merci. »
Le résultat est à l’image désirée par les deux modèles : sexy mais sage. Et surtout, il promeut une cause mise en avant par le créateur du calendrier à laquelle elles sont sensibles : le soutien aux agricultrices. Sur son site, Johann Baxt promet de reverser 5 % de ses bénéfices à des projets agricoles portés par des femmes via son association Petit coup d’pouce. En 2020, cette aide s’est manifestée par deux chèques de 400 € versés à une chèvrerie en Isère et une écurie thérapeutique en Alsace, dont les instigatrices sont d’anciens modèles du calendrier.
Les projets agricoles portés par des hommes auraient-ils moins besoin de soutien ? En tout cas quand on lui demande s’il aurait autant de candidats que de candidates pour une version masculine du calendrier (les dieux de l’étable ?), Johann Baxt botte un peu en touche. « Des candidatures j’en ai, mais entre le repérage des modèles, la tournée pour faire les séances photos, les envois du calendrier et l’animation de la communauté, ce qui me manquerait c’est le temps ! »
Lucie De Gusseme
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