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« Ce four à pain incarnait la vie au village. Aujourd’hui, nous voulons lui redonner cette âme. » Nadège Ansel habite avec son mari Sébastien et leurs trois enfants à Thérouanne, dans le Pas-de-Calais. Il y a dix ans, lorsqu’ils ont acheté un ancien corps de ferme, il y avait cet édifice délabré sur leur propriété : tuiles affaissées, poutres fissurées, torchis effrité, un four à pain au dos courbé et aux fondations fragiles.
Après quelques recherches, le couple s’aperçoit qu’il s’agissait d’un four à pain d’une époque bien révolue. Avec l’aide de la Communauté d’agglomération du Pays de Saint-Omer (Capso) et des Maisons paysannes de France (MPF), des passionnés et bénévoles remettent la main sur d’anciens actes notariaux napoléoniens. « Les documents qui parlent du four datent de 1817. Mais certains architectes pensent qu’il serait plus ancien encore », raconte la propriétaire du lieu.
Mais voilà, les travaux de leur corps de ferme sont déjà conséquents et remettre sur pied un tel bâti demande des fonds, mais aussi des savoir-faire spécifiques. Alors, décidés à redonner toute sa splendeur au four, ils se tournent vers la Fondation patrimoine, une organisation privée de sauvegarde et de préservation du patrimoine. « Il était décharné et sans activité depuis au moins 70 ans, mais nous ne voulions pas le démolir ou le remplacer par autre chose. »
« Il y a deux ans nous avons lancé ce dossier, en n’espérant pas grand-chose. Et puis nous avons été retenus ! », se réjouit Nadège Ansel. Une cagnotte participative lancée depuis mi-juillet sur le site de la fondation permet à celles et ceux d’aider à la rénovation du bâtiment en y apportant quelques deniers. Jusqu’ici, 1 060 euros ont été collectés sur un budget prévu de près de 25 000 euros. « Mais en tout, nous estimons le montant des travaux à 70 000 euros » , complète Nadège Ansel.
Le couple compte sur son propre apport financier, mais aussi sur d’autres sources de financements. Et surprise, le 30 août, ils sont sélectionnés par le loto du patrimoine missionné par Stéphane Bern. La possibilité donc, par les gains apportés par les tickets de la Française des jeux (FDJ), d’avoir un support financier supplémentaire. Car Nadège et Sébastien ont une idée bien précise : faire du four à pain un endroit collectif et participatif.
Nadège Ansel le répète : « La rénovation de ce four à pain a une vocation collective : il sera à disposition de la commune et des habitants pour des visites, mais aussi à quiconque voudra y jeter un œil, faire du pain, ou simplement discuter du projet. » D’ailleurs, pour le bâti, il sera reconstruit par des artisans locaux et par la participation des élèves du lycée de Lumbres pour reconstruire la charpente.
Il reste encore beaucoup à faire : « Il faut tout démonter, mettre de côté les tuiles et les briques. Mais aussi démonter le fournil et la cheminée. Consolider les fondations, bien sûr, et tester le four à pain », détaille Nadège Ansel. La particularité : chaque pièce encore viable sera réutilisée, « à l’image du torchis ou de la ventrière, qui est un tronc en bois dans la charpente ». En tout cas, jusqu’ici, une quarantaine de bénévoles de l’association Au fournil des morins, créée par le couple, s’affairent pour remettre sur pied le four. Des temps d’échanges et de convivialité pour un projet qui, espèrent Nadège et Sébastien, sera accompli d’ici 2023.
Laurène Fertin