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Les alambics trônent fièrement dans ses locaux fraîchement peints. À quelques pas de la brasserie traditionnelle de l’Avesnois, Nicolas Dubois, 44 ans, achève les préparatifs avant d’inaugurer sa distillerie toute pimpante samedi 1er octobre, au Quesnoy (59).
Quelques mois plus tôt, son ami, brasseur et nouveau voisin Pierre Pronnier lui a suggéré l’idée, “sur le ton de la rigolade“. Nicolas Dubois a pris le temps d’y réfléchir, de se former, de s’immerger dans une distillerie bretonne, d’obtenir une certification avant de se lancer en début d’année 2022. Il crée alors CQFD, pour Craft Distillerie Quesnoy France.
Le monde de l’entrepreneuriat, il connaît pour avoir travaillé vingt ans chez BGE. “J’ai porté la bonne parole de la création d’entreprise en me disant qu’il faudrait un jour sauter le pas“, confie-t-il. “Sauter le pas” a ainsi pris la forme de la production de spiritueux. Pour fabriquer ses alcools forts, il utilise des alambics traditionnels, faits à la main et en cuivre. Le principe de la distillation est simple (à expliquer) : fabriquer de l’alcool fort en partant d’un liquide déjà faiblement alcoolisé. D’où l’intérêt pour la distillerie d’être installée à trois pas de la brasserie, et à quelques centaines de mètres des vergers Tellier qui l’approvisionnent notamment en cidre. “L’enjeu de la distillation est de séparer l’alcool de l’eau“, reprend Nicolas Dubois.
1 000 litres de bière à 8° chauffés à près de 80° donnent 80 litres d’alcool pur et 920 litres d’eau. Les vapeurs alcoolisées franchissent le col-de-cygne de l’alambic jusqu’au bac d’eau froide avant de se reliquéfier et s’écouler. L’opération est renouvelée plusieurs fois pour que les produits s’affinent. “La distillation finale atteint 80°, précise Nicolas Dubois. Ensuite, on amènera de l’eau pour atteindre le degré d’alcool final.” Le distillateur crée sa boisson en suivant ses différentes recettes. Il a conçu deux gammes : l’une traditionnelle, Quercitum, l’autre composée de liqueurs.
S’il n’utilise pas le terme whisky, c’est que ses mixtures ne sont pas vieillies au fût de chêne pendant au moins 3 ans. Son 1494 – année de la première distillation en Écosse pour obtenir l’eau-de-vie de malt – est fabriqué à partir d’infusion de bois et est complètement transparent. Le whisky l’était, lui aussi, avant de voyager vers l’Inde dans des fûts en bois. Les quelques semaines de bateau ont été une révélation.
Nicolas Dubois concocte également un gin, à partir de baies de genièvre, d’agrumes et de plantes. La seconde gamme propose une série de liqueurs, élaborées à partir de citrons venant de Sicile mais aussi de poires, de cidre ou de cerises originaires des environs.
En un an, Nicolas Dubois a produit 4 000 bouteilles, devenant “l’un des dix distillateurs artisanaux du Nord-Pas de Calais“. Au-delà d’un lieu de production de spiritueux, les deux amis ont voulu créer un lieu de vie dans leurs locaux du Quesnoy. Ils y organisent des concerts, des événements, des circuits de visite pour partager leurs savoir-faire et vendre leurs produits. Le prochain rendez-vous marquera l’inauguration de CQFD le 1er octobre avec au programme dégustation, visite des locaux, concert, foodtruck, planches apéritives et bar. Rendez-vous est donné dès 18 h.
Louise Tesse