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Il est rare de faire l’unanimité, au conseil régional des Hauts-de-France, où cohabitent la gauche, la droite, le centre, les écologistes, l’extrême gauche et l’extrême droite. Pourtant, réunis en séance plénière le jeudi 23 novembre, les élus ont approuvé comme un seul homme le dispositif d’aides aux victimes des inondations qui ont touché le Pas-de-Calais, le Nord, mais aussi la Somme.
La Région prendra donc en charge, avec les Départements du Nord et du Pas-de-Calais, la franchise de 380 euros des foyers sinistrés (uniquement dans les communes reconnues en état de catastrophe naturelle). « Il suffira d’un RIB et d’une attestation d’assurance. L’idée est de faire un versement extrêmement simple et rapide », détaille le vice-président de la Région, Christophe Coulon, qui attend « des milliers » de demandes.
Les élus du conseil régional ont également décidé de prolonger le fonds inondations et tempêtes (FIIT), créé il y a trois ans, afin que les communes sinistrées puissent toucher jusqu’à 50 000 euros de subventions et débuter « en urgence », la reconstruction des services publics (école, mairie…) Ces subventions, toutefois, ne concerneront pas la voirie, a tenu à rappeler Christophe Coulon, « sujet très demandé » mais pour l’heure du ressort des Départements qui ont « débloqué des moyens exceptionnels ».
Concernant les entreprises touchées, les élus régionaux ont voté un dispositif de prêt à taux zéro, remboursable intégralement en une fois au bout de deux ans, d’un montant compris entre 10 000 à 50 000 euros. Cela afin de générer de la trésorerie et d‘« aider à redémarrer l’entreprise » rapidement, a commenté Christophe Coulon.
Le dossier est à déposer sur la plateforme d’aide en ligne de la Région avant le 30 juin 2024. Les agriculteurs sinistrés, enfin, pourront bénéficier de subventions allant jusqu’à 20 000 euros pour le rachat de matériel agricole ou la réparation d’investissements endommagés. La demande doit être faite sur la même plateforme avant le 15 octobre 2024.
D’une manière générale, le vice-président de la Région a rappelé que ces gestes étaient des réponses immédiates « d’urgence » et que la Région ne souhaitait pas se substituer au monde assurantiel.
Toujours sur les inondations, Jean-Christophe Coulon a tenu à faire une mise au point à ceux qui imputent le dysfonctionnement des dispositifs anti inondations à la Région : « Ce n’est pas parce qu’on a en responsabilité l’aménagement du territoire et la stratégie que l’on contrôle tout ce qui se passe sur le terrain », réclamant à chacun « l’humilité de repartir de zéro ». « Lorsqu’on allait sur le terrain, un tel disait que c’était la faute de VNF, d’autres que c’était la faute des maires qui construisent trop, d’autres des agriculteurs qui arrachent les haies. […] Pointer du doigt des responsables est contre-productif […] ça va braquer tout le monde et on n’ira nulle part », abonde le vice-président. La Région promet toutefois de « prendre ses responsabilités ». D’abord avec la mise en place d’une cellule de crise et d’écoute*, ensuite en impulsant un dialogue destiné à « poser les bases d’une transformation du système ».
De fait, face à ces catastrophes amenées à se reproduire – peut-être cette crue centennale deviendra-t-elle décennale, s’interroge Christophe Coulon -, la Région, forte de son statut, de sa géographie et de ses moyens financiers, s’engage à réunir tous les acteurs, avec l’État, pour repenser les bonnes pratiques, en matière d’aménagement urbain, mais aussi d’agriculture et de gestion des cours d’eau. Une délibération cadre devrait être présentée au mois de janvier.
Dans la continuité de cette forme d’union sacrée, les présidents de tous les groupes politiques présents au conseil régional ont rédigé une motion commune faisant appel à « la solidarité européenne ».
Ils demandent l’activation de trois mécanismes de soutien européen, à savoir l’intervention de la protection civile de l’Union européenne (UE), la mobilisation du fonds de solidarité de l’UE et l’activation de l’instrument d’aide d’urgence, qui permet à l’UE de soutenir ses États membres lors d’une crise d’une ampleur exceptionnelle, avec d’importantes conséquences pour la vie des citoyens.
Marion Lecas
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