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En cette année olympique et paralympique, le sport s’invite en haut de l’affiche. À près de 200 kilomètres du cœur de Paris, où seront officiellement ouverts les Jeux 2024, Tilloy-lès-Mofflaines, et son salon Terres en fête, ne fait pas exception. Veaux, vaches et cochons grimpent sur le podium, des médailles étincelantes autour du cou sur l’affiche officielle. Qu’ont donc en commun sport et agriculture ? Depuis leur création, les Jeux olympiques prônent des valeurs d’amitié, de respect et d’excellence. Quant aux valeurs paralympiques, elles sont quatre : détermination, égalité, inspiration et courage. Les retrouve-t-on en agriculture ? C’est ce que l’on a voulu savoir en interrogeant Christian Durlin, président de la Chambre d’agriculture du Nord-Pas de Calais.
« Le travail d’excellence est la marque de fabrique de l’agriculture française, l’une des plus reconnues au monde, le fruit de décennies de recherche de perfection. Notre métier et ses exigences ne laissent pas de place à l’à-peu-près : pour continuer à le faire il faut être bon. On se doit de mettre tous les atouts de notre côté. En cas de crises, qui peuvent être fortes et brutales, ceux qui ne sont pas bons et performants ont moins de chances de s’en sortir. »
« Notre métier ne peut se faire sans respect. Le respect de l’humain, d’autrui est important. Même si la colère était forte pendant les mobilisations, la plupart des actions étaient sous contrôle, dans le respect des personnes et des biens. On aime être compris mais on n’est pas tout seuls : d’autres traversent aussi des crises.
On peut aussi dire que, même si l’agriculteur est fortement sous contrainte économique, de fait de l’exigence des marchés et des fournisseurs, il respecte les enjeux environnementaux. Le respect de la nature est essentiel, la nature est la plus forte, elle nous le rappelle : on l’a bien vu ces dernières années… »
« Le métier d’agriculteur exige des prises de risque, une responsabilité personnelle, des défis à relever au quotidien et tout au long de la campagne : l’engagement et la détermination sont fondamentaux. De même qu’en sport il faut être prêt pour les compétitions et s’entraîner, la profession a des challenges avec un calendrier à respecter, des moments importants à ne pas louper et à préparer : semis, récolte, suivi des cultures. Ce travail – formation, échanges, collectif – est primordial et permet de relever les challenges pour lesquels la notion de courage est importante. »
« Le métier est exigeant et certaines productions le sont encore plus, je pense à l’élevage, la transformation à la ferme, les cultures spécialisées notamment. On fait un métier passion et le courage en fait partie. On ne regarde pas le nombre d’heures travaillées, ce qui peut être en décalage avec les standards sociaux d’aujourd’hui. Il existe des solutions pour ne pas décourager les jeunes, les familles. Les emplois partagés, le système associatif pour réduire les contraintes : c’est essentiel en élevage, entre autres, car on sent que le facteur social est au moins aussi important que le facteur économique. Je salue le courage des jeunes qui s’investissent dans ce métier, un métier de courageux de base ! »
« Nous sommes face à des défis à relever : évolutions climatiques, exigences des filières, renouvellement des générations. Cela nous oblige à imaginer une adaptation permanente de nos systèmes. Quand on n’a pas, seul, cette inspiration, on peut l’avoir en collectif. D’ailleurs, si l’on pouvait passer un peu moins de temps en administratif et le passer à la formation, à la recherche sur nos exploitations, ce serait bénéfique pour tout le monde et rendrait nos métiers passionnants…
L’évolution des techniques et des technologies – bien que son accès reste onéreux – a réduit la pénibilité du métier pour les exploitants et les collaborateurs. Ce qui est positif pour l’attractivité des métiers. »
« On voit bien qu’en général, l’agriculteur n’arrive pas seul à relever les défis. On l’a vu aussi à travers les événements des derniers mois. Confiance et solidarité font que, lorsque les temps sont difficiles, l’agriculteur instinctivement repart sur le collectif, regroupe ses forces avec d’autres pour avancer et ne pas rester isolé. Ces marqueurs forts de la profession sont reconnus par les citoyens, les politiques, les administratifs. »
« L’égalité entre les femmes et les hommes a fait son chemin et c’est très bien ! Aujourd’hui, l’agricultrice n’est plus la conjointe de l’agriculteur, elle est aussi cheffe d’exploitation, le statut a évolué. De façon générale, la profession agricole a toujours privilégié l’humain par rapport au business : la capacité de s’exprimer fait partie de l’ADN des organisations : un homme, une voix. Ce n’est pas le volume de chiffre d’affaires mais la matière grise qu’on cumule : tout seul on va plus vite, ensemble on va plus loin. »
Propos recueillis par Louise Tesse
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