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Sur la ferme Hedoire, à Aubers, dans les Weppes (59), on est agriculteur de génération en génération. Aujourd’hui c’est Emmanuel, 46 ans, qui tient les rênes de l’exploitation.
Il est 7 h. Emmanuel se lève de bon matin. Ombeline, son épouse, conduira bientôt leurs deux filles à l’école, tandis que lui, sillonnera les routes du Nord-Pas de Calais. Depuis 25 ans, il vend des machines agricoles. La journée finie, comme la plupart des soirs et des week-ends, Emmanuel troque ses chaussures pour une paire de bottes. Il rejoint, à 30 kilomètres de là, l’exploitation familiale de 30 hectares de cultures céréalières qu’il a reprise le 1er janvier 2006. Il en profite pour passer le bonjour à ses parents, Hubert et Marie-Hélène. Ceux-ci vivent encore dans le corps de ferme.
Comme un cinquième des agriculteurs des Hauts-de-France, Emmanuel Hedoire est double actif. Une situation chronophage qui lui permet pourtant d’assouvir sa passion pour l’agriculture tout en complétant son revenu.
L’exploitation, lui vient de son père qui cultivait des choux-fleurs, des endives, des féveroles, du blé, de l’escourgeon, du maïs, des pommes de terre et des betteraves. « Dans le temps, tout le monde faisait de tout et c’était vendu en circuit court », raconte Hubert. Il se souvient encore de son cheval de trait, dont il a dû se séparer pour le remplacer par des machines. Symbole d’une transition qui va favoriser les grandes exploitations au dépit des petites fermes aux productions diversifiées mais aux rendements trop faibles. « On a été accablé de charges, explique Hubert. Il y a 20 ans, il fallait 50 ha pour vivre, maintenant, il en faut 100. » Une vie que ce père ne souhaitait pas pour son fils. « On m’a mis en formation mécanique industrielle alors que je voulais être agriculteur », raconte en effet Emmanuel.
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Dix ans plus tard, alors que son père prend sa retraite, c’est pourtant lui qui va reprendre les terres : « Le choix était naturel. On ne s’est pas posé beaucoup de questions. Je voulais aussi garder le patrimoine », complète-t-il. Céder la ferme familiale dans laquelle il a grandi à quelqu’un d’une autre famille n’était pas envisageable pour lui. Si au début, la reprise semblait complexe et risquée, toute la famille en est aujourd’hui fière et heureuse.
Pour reprendre la petite exploitation, il a fallu se réinventer. « Je ne pouvais pas reprendre à temps plein, la ferme était trop petite et l’agrandissement aurait coûté trop cher », explique Emmanuel. C’est ce qui l’a poussé à conserver son emploi de commercial qui lui permet d’obtenir une sécurité économique tout en vivant de sa passion.
Pour pouvoir lier les deux occupations, il a fallu revoir le modèle de production. « J’ai simplifié le système et optimisé certains coûts notamment en partageant le matériel agricole avec mon voisin », détaille Emmanuel. Finies les cultures maraîchères demandant trop d’attention et de travail. « J’ai enlevé les cultures à haute valeur ajoutée et gourmandes en main-d’œuvre. » Il se concentre sur la production céréalière, plus facile à gérer grâce à la mécanisation. Une nouvelle situation, exigeante, souvent chronophage mais qui lui permet de jongler entre ses deux métiers, et de maintenir en vie l’exploitation familiale.
Il a ainsi trouvé un équilibre familial et professionnel. En menant une double activité, Emmanuel est capable de faire vivre une ferme de 30 ha, présente dans sa famille depuis plus de deux siècles. Ainsi, comme son père, et le père de son père avant lui, à Aubers, dans les Weppes, Emmanuel cultive la terre des Hedoire.
Victorine Alisse