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“C’est une charrue d’amateur, commence Victor Vasseur en présentant sa monture. J’essaie de l’améliorer, de la régler, et de m’entraîner.” Les efforts payent, le jeune homme de 23 ans est arrivé second au concours de labour des Hauts-de-France fin août et représentait la région dans le Loiret aux finales nationales le week-end dernier. “En face, certaines charrues sont des Formule 1“, plaisante Roger Boucher, son beau-père, agriculteur à Doudeauville (62), dans le Boulonnais.
Originaire du Ternois, Victor Vasseur garde de l’enfance le souvenir de ses oncles qui l’emmènent à bord de leur tracteur, auprès des vaches et des cochons. Fils d’une employée de banque et d’un technicien de maintenance en sidérurgie, il n’hésite pas une seconde lorsqu’il faut choisir une orientation professionnelle. “Le choix s’est imposé, je ne me voyais rien faire d’autre.”
Bac Stav puis BTS ACSE en poche, il se spécialise en conduite d’élevage de bovins lait et intègre la coopérative Unéal en tant que technicien. “À l’avenir, je voudrais m’installer.” En attendant, il aide son beau-père sur son exploitation de polyculture élevage – comptant 45 vaches laitières et 70 hectares de blé, escourgeon, ray-grass, maïs – et s’entraîne à labourer.
Pour labourer la parcelle lors des concours, le règlement est strict. “Il faut commencer par tracer une raie d’ouverture, détaille Victor Vasseur. Ce sera le point de repère de la parcelle. Le jury l’évalue puis on trace un second repère sur une base de 20 sillons.” En épreuves régionales, la parcelle s’étend sur une longueur de 70 mètres, avec un côté de 14 mètres et l’autre de 20 mètres traçant ainsi un trapèze rectangle.
Au niveau national, c’est une autre affaire : la parcelle atteint 100 mètres de long. “On a cinq allers-retours à faire, soit 20 sillons, poursuit le finaliste. Si tout se passe bien, on retourne au point de départ.” Le jury évalue la régularité, la profondeur et l’alignement. “La profondeur est fixée par le propriétaire de la parcelle et le président du jury. Elle est connue juste avant l’épreuve.“
À Pierremont pour Terre en Folie, les candidats devaient labourer à 19 centimètres. “On peaufine nos réglages lors des deux premiers allers-retours.” Aux Terres de Jim à Outarville (45), Victor Vasseur affrontait douze autres laboureurs pour la finale nationale.
Dès le vendredi, un transporteur financé par les Jeunes agriculteurs des Hauts-de-France a apporté tracteur et charrue sur les lieux de l’épreuve. Les candidats avaient précisément 2 h 40 pour labourer la parcelle choisie par tirage au sort : 30 minutes pour les raies d’ouverture le matin, puis le déjeuner pris sur place – le candidat n’ayant pas le droit de quitter la parcelle – avant le démarrage de l’épreuve à 13 h et l’arrêt des tracteurs à 15 h 10.
“C’est technique et passionnant. Cela permet de montrer ce qu’on fait et pourquoi.” Déçu de son résultat au classement national, le jeune agriculteur ne regrette pas sa participation. “Je garde en tête le plaisir d’avoir passé un bon week-end. J’ai rencontré d’autres personnes, j’ai vu d’autres façons de faire, confie-t-il de retour dans la région. Il faudra juste faire mieux l’année prochaine !“
Sur la pratique, Victor Vasseur explique sa vision du labour, “préparer le lit de semences pour la culture. Le fait d’enfouir permet de repartir sur une base à nu et de lutter ainsi contre les adventices.” Alors que son père labourait tous les ans, Roger Boucher expérimente désormais quelques parcelles sans labour. “Les essais sans labour de maïs ensilage sur précédent blé et de blé après ray-grass sont concluants”, indique Victor Vasseur. Pour lui, le labour et le gel permettent “de reprendre les terres au printemps, d’éviter le passage d’outils complémentaires. Dans les Hauts-de-France, on laboure de moins en moins. Parfois, on y revient après des problèmes de résistances, d’adventices ou de structures du sol. Ici, on continuera de labourer, mais plus tous les ans.“
Louise Tesse
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