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L’arbre est un élément central dans la vie de Marie-France Barrier. Aujourd’hui âgée de 46 ans, elle entretient depuis toujours un « lien fraternel » avec lui et le monde végétal. « Je suis fille unique, j’ai grandi près d’une forêt et cet endroit était un lieu où je me sentais apaisée. J’ai toujours été impressionnée par ce que la diversité du monde végétal pouvait nous offrir en un regard. Et cela continue de m’émerveiller. L’arbre est un partenaire clé des hommes : il nous nourrit, nous chauffe, nous éclaire, nous abrite, nous soigne, nous permet de voyager, de faire de la musique… La planète ne serait pas ce qu’elle est sans cette diversité des arbres. »
Lors de ses recherches universitaires, cette géographe de formation va à la rencontre des Hommes-fleurs, au large de Sumatra, ou encore des peuples forestiers de Madagascar. Elle étudie également la mise en place d’une exploitation durable de plantes médicinales au sud de l’Inde. Puis elle réalise de nombreux documentaires et collabore avec de fervents défenseurs de la nature comme Nicolas Hulot ou Yann-Arthus Bertrand.
En 2017, elle réalise Le champ de possibles où elle se questionne sur le renouveau du monde paysan. Marie-France Barrier y met en avant des agriculteurs qui « ont le courage d’envisager d’autres façons de faire avec toutes les difficultés techniques et émotionnelles que cela peut amener ». En 2020, elle réalise Le temps des arbres où elle évoque « l’intelligence et l’importance de la relation avec l’arbre ». La réalisatrice y donne la parole à des forestiers, des thérapeutes mais aussi des agriculteurs. Puis, il y a trois ans, elle crée Des enfants et des arbres. Cette association rassemble ce que sa créatrice considère être « les trois acteurs majeurs de demain » : les enfants, les agriculteurs et les arbres.
Sa mission ? Proposer des chantiers de plantation d’arbres et de haies par les enfants auprès d’agriculteurs. « Cette association est l’aboutissement et la concrétisation des documentaires que j’ai réalisés en amont mais aussi d’un fil de vie, explique la fondatrice et directrice de l’association. Cela s’est imposé à moi avec l’idée d’aller plus loin, l’envie de passer à l’acte car chacun a le pouvoir de faire changer les choses. Nous avons tous une puissance d’action. Selon une étude, il faudrait planter 25 000 km de haies par an d’ici 2050 pour atteindre les objectifs des accords de Paris. Or seulement 3 000 sont replantées chaque année et, en même temps, 11 000 sont arrachées… »
L’envie de Marie-France Barrier : accompagner les agriculteurs dans leur changement de pratiques en passant par l’agroforesterie. « Les agriculteurs sont les miroirs de la société, ils reflètent nos désirs. Ces derniers peuvent s’exprimer de différentes façons : le vote, les achats ou encore les engagements citoyens. Cette profession est la plus importante de toutes, si on souhaite qu’elle se transforme pour un modèle qui corresponde plus aux valeurs de la société, il faut les encourager. Le monde agricole a besoin de se sentir reconnu et soutenu. Les agriculteurs déjà engagés dans des pratiques plus vertueuses se sentent parfois un peu isolés. Et les autres n’y vont pas pour des raisons financières mais aussi parce qu’ils se sentent jugés ou incompris… Or, pour se réinventer, se lancer dans de nouvelles pratiques, il faut se sentir soutenu. La société civile a sa place dans cette transition agroécologique, elle doit être partenaire du monde agricole. » L’association, composée de quatre personnes, les accompagne tout au long de la démarche : « Nous leur attribuons une enveloppe de 2 500 € qui sert au financement de plants, de tuteurs, de paillage… et qui est cumulable avec d’autres aides. »
En échange, l’agriculteur doit se rapprocher d’une structure qui les aide à concevoir leur projet et solliciter une école voisine pour prendre part à l’aventure. Chaque classe plante entre 200 et 300 arbres. On est donc loin de l’action symbolique ! « On a besoin d’envoyer du bois, sourit la maman de deux enfants. Les jeunes, qui sont les acteurs de ce mouvement, font face à un avenir très dur, mais il faut leur faire comprendre que c’est possible de faire bouger les lignes en s’engageant. D’ailleurs, nous insistons bien sur le fait que cela n’est pas une sortie scolaire mais une contribution citoyenne. »
Cela représente donc un réel coup de main pour l’agriculteur qui, s’il avait dû planter seul, y aurait passé quatre à cinq jours. Et puis, c’est aussi un moyen de faire découvrir le monde agricole aux plus jeunes : « On sème quelque chose dans leurs cœurs et leurs âmes, en espérant, peut-être avoir créé quelques vocations… »
1er novembre 2006. Naissance de sa fille, Gaïa, nom de la déesse de la terre nourricière.
6 octobre 2011. Naissance de son fils, Zachary.
14 mars 2020. Première plantation scolaire avec Des enfants et des arbres.
25 mai 2023. Sortie de la BD Paysans, le champ de possibles, son dernier projet professionnel en date.
Hélène Graffeuille