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Depuis quelques années, de manière confidentielle, une nouvelle bière circule dans les Hauts-De-France. La Bois de la chapelle est une bière artisanale, difficile à trouver, car distribuée uniquement en circuit court. Son logo, un tracteur récoltant de l’orge. Il raconte l’histoire de toute une famille sur les terres de Torcy, au cœur de la vallée de la Créquoise, dans le Pas-de-Calais.
Le tracteur c’est celui de Gérard Alisse. Père de quatre enfants, il s’occupait de l’exploitation avec son épouse Jacqueline, comme son père avant lui. Lorsqu’il avait une dizaine d’années, Aymeric Hubo, leur petit-fils, 32 ans aujourd’hui, jouait dans la ferme familiale. Vingt ans plus tard, c’est lui qui occupe désormais les bâtiments.
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Les vacances à la campagne chez ses grands-parents expliquent en partie l’attachement d’Aymeric au monde agricole : « Faire perdurer la ferme familiale, c’est travailler dans un milieu dans lequel on a grandi. Je n’ai jamais voulu être agriculteur, mais force est de constater que j’ai toujours voulu revenir passer du temps dans la ferme de mes grands-parents. »
Après un BTS agricole « gestion et maîtrise de l’eau » et un diplôme d’ingénieur généraliste, ce père de famille a eu plusieurs expériences professionnelles avant d’avoir « l’envie de créer mon entreprise et de pouvoir prendre mes propres décisions ».
En 2016, Aymeric franchit le pas et s’installe dans l’exploitation de son grand-père avec l’idée de produire ses propres bières grâce à l’orge de la ferme. Alors que les enfants de Gérard ont fait des études et se sont destinés à d’autres professions, c’est lui qui revient près de ses grands-parents. L’ancienne bergerie, qui date de 1900, se transforme alors en microbrasserie. D’anciens tanks à lait sont convertis pour la production de sa bière fermière.
Rapidement, il se rend compte que la diversification est indispensable pour la viabilité économique de l’exploitation. Il reprend alors l’élevage de vaches charolaises-salers et devient officiellement agriculteur, ce qui lui permet de bénéficier d’une dotation jeune agriculteur (DJA).
Sur les 30 hectares dont il dispose, 24 sont des prairies et six autres sont destinés à la culture de l’orge. Pour s’assurer du bien-fondé de sa démarche, il suit une formation au sein du PAIT (Point accueil installation transmission), animée par les chambres d’agriculture des Hauts-de-France. Cette étape lui permet de savoir si son projet est mûr ou s’il mérite d’être approfondi.
Alors qu’Aymeric étiquette ses bouteilles, sa grand-mère l’interpelle pour savoir si la boulangère est passée. La présence chaleureuse de ses grands-parents sur la ferme est essentielle pour ce jeune agriculteur. « J’ai besoin de m’appuyer sur mon grand-père pour prendre les meilleures décisions », explique-t-il.
Il sollicite son aide lorsqu’un veau est malade ou lorsqu’une machine est endommagée. « Il me donne des numéros de personnes qu’il connaît à contacter. Tandis que ma grand-mère veille aux aspects pratiques. Elle me rappelle de fermer les lumières », dit Aymeric en souriant.
En retour, le jeune homme peut veiller sur ses grands-parents. Il vérifie que tout se passe bien pour eux et partage de temps en temps le repas du midi.
Aujourd’hui, Aymeric croit en la pérennisation des petites exploitations par la vente directe. C’est pourquoi il développe la vente de ses bières et de sa viande en circuit court. Régulièrement, il vend ses produits via le drive fermier du Montreuillois, où il tient une permanence avec d’autres agriculteurs.
Victorine Alisse