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La Région Hauts-de-France a longtemps occupé le bas du tableau en ce qui concerne le développement de l’agriculture biologique. Jusqu’en 2019, moins de 2 % de la surface agricole utile (SAU) régionale y était consacrée, contre 11 % à l’échelle nationale.
Face à ce constat, l’État et la Région, aux côtés des Agences de l’eau et des conseils départementaux, ont mis en place un Plan bio visant à développer rapidement ce type d’agriculture sur l’ensemble du territoire régional. Et la stratégie semble avoir porté ses fruits, puisque le Plan bio (2017-2021) a fait passer la surface cultivée en bio dans la région de 1,9 % à 3 % en seulement cinq ans.
Une dynamique largement enrayée par le retour de l’inflation courant 2021, qui a mis un coup d’arrêt sans précédent au développement de l’agriculture biologique partout en France. Les chiffres annoncés par l’Agence bio pour l’année 2022 confirment d’ailleurs les grandes tendances amorcées en 2021 : les achats de produits alimentaires bio sont en baisse de 4,6 % en France, et la part du bio dans le panier des Français s’établit à 6 %, contre 6,4 % en 2021.
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Conséquence directe : les agriculteurs bio s’interrogent sur la pérennité de leur exploitation. Certains s’engagent même vers une « déconversion » de leur activité, à savoir un retour à des méthodes plus conventionnelles d’agriculture. Et la région Hauts-de-France ne déroge pas à la règle.
« On a touché le fond de la piscine sur la bio, concède Marie-Sophie Lesne, vice-présidente de la région en charge de l’agriculture. Mais je ne suis absolument pas inquiète. Car notre réunion d’aujourd’hui va permettre de redéployer l’agriculture bio dans les territoires ! »
L’objectif de la rencontre qui a eu lieu mardi 21 mai dans les locaux de l’usine Ucanel, à Grand-Fayt (59) était précisément celui-ci : relancer le développement de la bio dans la région. Et le choix de l’usine Ucanel pour accueillir l’évènement est loin d’être anodin, puisque la coopérative laitière relève directement d’un secteur touché par les déconversions bio.
À l’occasion d’une table ronde qui a duré plusieurs heures, de nombreux thèmes ont été évoqués ; notamment le soutien financier aux agriculteurs bio, les stratégies de structuration de filières ou les mesures agroenvironnementales et climatiques. Parcs naturels, agglomérations, agences de l’eau : de nombreux acteurs du territoire étaient présents pour redéfinir les axes du Plan bio 2023-2027 et échanger sur les stratégies de reploiement d’une agriculture en difficulté.
Les acteurs des territoires bio ont particulièrement insisté sur la nécessité d’augmenter la consommation de produits biologiques dans les cantines scolaires. La loi Egalim impose qu’au moins 50 % des produits utilisés dans la restauration collective soient de qualité et durables, dont 20 % bio, d’ici à 2024.
Cependant, en région Hauts-de-France, les produits bio ne représentent actuellement que 5 à 6 % du contenu des assiettes. « Il reste donc des marges de progression non négligeables, souligne Marie-Sophie Lesne. Pour cela, il est crucial d’assurer la fluidité des parcours entre la production, la distribution et les consommateurs. Ce qui nécessite une offre bien structurée, soutenue par les élus. »
Les acteurs présents lors de la rencontre ont également mis l’accent sur l’importance de faire de la pédagogie sur les intérêts de l’agriculture bio auprès des consommateurs. En effet, les Français manquent souvent d’information sur les garanties du bio en matière d’impact sur la santé et l’environnement. Un Français sur deux exprime même des doutes sur la véracité du bio selon l’Agence Bio.
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Pour convaincre le consommateur final des multiples bénéfices rendus par ce mode de production, une grande campagne sous forme de spots publicitaires sera bientôt lancée par la région Hauts-de-France. Elle visera à réinformer les consommateurs sur les vertus intrinsèques de l’agriculture biologique, ses bienfaits organoleptiques et les méthodes de cultures agroécologiques.
De nombreuses actions structurantes se poursuivent également sur le territoire, avec des projets portés par les filières elles-mêmes pour développer l’offre en produits bio et locaux. Parmi ces projets, on trouve la création de légumeries, comme dans le Douaisis, qui visent à favoriser la transformation sur les territoires et à faciliter l’accès au bio pour les établissements scolaires. La région a également soutenu l’émergence de deux outils d’abattage à Fruges et à Gauchy pour la filière porcine.
Les acteurs des territoires restent donc déterminés à maintenir et développer l’agriculture bio dans la région.