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Stacia Urbaniak est la vigneronne de Cité Nature à Arras. Depuis 2020, la jeune femme de 30 ans s’occupe des 800 pieds de vignes plantés dans le jardin du centre culturel et scientifique dédié à la nourriture, l’agriculture, la nature et la santé d’Arras.
Sa passion pour le vin, elle ne lui vient pas de sa petite enfance, « même si je me souviens que mon grand-père était un adepte de bons vins », sourit-elle. Elle l’a plutôt découverte sur le tard. « Je rêvais de devenir vétérinaire, mais je n’ai pas réussi le concours », explique-t-elle.
Elle s’inscrit alors en biologie, à la faculté des sciences Jean-Perrin à Lens (62). « Des études qui mènent principalement à la recherche ou au métier de professeur, ce qui ne m’intéressait pas vraiment. » En 2015, Stacia Urbaniak décide donc de quitter la France pour quelques mois et s’envole pour l’Australie. C’est en travaillant dans un vignoble qu’elle se découvre une passion pour le vin.
À son retour dans l’Hexagone, son choix est fait : elle veut travailler dans le domaine du vin. Et c’est dans un master des sciences du vin et de la vigne de l’université de Bordeaux qu’elle poursuit ses études. Elle effectue son stage de fin d’année à l’Institut français de la vigne et du vin d’Angers et y décroche son premier contrat. « J’y travaillais en tant qu’ingénieure. Je passais mes journées derrière un ordinateur et je me suis rapidement rendu compte que ce n’était pas ma conception du métier. J’ai besoin d’aller sur le terrain. »
Et c’est à 20 000 kilomètres de la France qu’elle décide de poursuivre sa jeune carrière professionnelle, en Nouvelle-Zélande. « Travailler et voyager en même temps, c’est ce que j’aime faire. » Là-bas, elle décroche un poste dans un grand vignoble. « Tout était démesuré, surdimensionné », se souvient-elle. Un travail intéressant qui lui permettra d’affiner son projet professionnel : Stacia Urbaniak ne veut pas travailler dans une grande structure, « c’est trop de pression ».
Après quelques mois sur place, elle rentre en France, trouve une place dans un vignoble du Gard, puis décide de revenir dans sa région natale. « Les gens du Nord me manquaient », reconnaît la jeune femme. En plus, elle a entendu parler du chardonnay, ce vin provenant de vignes plantées sur le terril d’Haillicourt. Alors pourquoi ne pas tenter sa chance aussi ?
À son retour, elle tombe sur une belle opportunité : le vigneron de Cité Nature vient de partir à la retraite et le musée lui cherche un remplaçant. C’est donc Stacia Urbaniak qui, depuis 2020, s’occupe des 800 pieds de vignes de chardonnay et de pinot meunier, plantés à Arras, et transforme ce raisin en vin.
Un environnement dans lequel elle s’épanouit : « J’adore être dehors, travailler au contact de la nature. Le matin, quand je viens tailler les vignes, j’entends les oiseaux chanter, je croise des insectes. C’est ce que j’aime faire. »
Les vignes de Cité nature ont uniquement une visée pédagogique : « Le vin produit n’est pas vendu », précise la vigneronne, avant d’expliquer que « pour être commercialisable, il faut des autorisations et statuts spécifiques qu’il faut payer, mais au vu de la petite production, cela ne vaudrait pas le coup. Mais les gens peuvent le goûter à certaines occasions, notamment lors de la fête de Cité Nature. »
En 2021, Stacia Urbaniak a sorti sa première cuvée : 300 litres ont été mis en bouteille. « C’est un vin blanc. Si on devait le comparer on peut dire qu’il ressemble au vin du pays nantais, un peu acide, qui se marie parfaitement avec des huîtres », détaille-t-elle. Et de poursuivre : « Ce n’est pas un vin de garde qui se bonifie avec le temps. Il faut le boire dans l’année où il a été fait. »
D’ailleurs, si la vigneronne d’Arras apprécie les grands crus, elle souhaite surtout démocratiser le vin. « C’est un produit qui reste encore parfois assez élitiste, certains ont toujours l’image d’une boisson qui ne s’adresse qu’à des fins connaisseurs. Les vins d’entrée de gamme sont d’ailleurs rarement mis en valeur. C’est dommage, d’autant qu’il ne faut pas forcément mettre le prix pour avoir une bonne bouteille… », assure-t-elle.
Stacia Urbaniak espère un jour avoir ses propres vignes et son objectif est de pouvoir vendre son vin à moins de 10 euros la bouteille. « C’est un souhait. Mais je sais que ce n’est pas forcément facile… On verra ! »
Un projet sur lequel elle travaille activement puisque, depuis bientôt deux ans, elle est à la recherche du terrain idéal pour s’installer. Elle souhaiterait le trouver dans les environs d’Arras, « une ville qui a une dynamique qui me plaît », et sur une colline, « cela permet de planter davantage de vigne et de profiter d’un ensoleillement optimal. »
Une quête qui ne s’avère pas facile : « Il y a peu de terrains disponibles. » D’autant que la jeune trentenaire n’est, à l’origine, pas d’un tempérament très patient, « mais avec le vin et l’agriculture, j’apprends à le devenir. Ce sont des domaines où on ne peut pas tout maîtriser, il faut donc laisser le temps au temps… » La vigneronne se tourne donc vers les municipalités : « Je suis actuellement en discussion avec la commune de Mont-Saint-Éloi… » On croise les doigts.
Hélène Graffeuille
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