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« Utiliser les chevaux ne signifie pas revenir avant l’ère industrielle, annonce d’emblée Agata Rzekec de l’Institut français du cheval et de l’équitation (Ifce) lors d’un colloque organisé le 14 avril à l’Institut de Genech (59) sur le thème « cheval citoyen et chantiers hippomobiles » . La volonté est de trouver un mélange “trad’innovant” pour répondre à certains enjeux environnementaux et de bien être animal ».
« Le but est de montrer que le cheval a encore tout son intérêt », précise Hélène Dubois, du pôle cheval Trait du Nord. Menacée, la race Trait du Nord n’a compté que 73 naissances en 2021. « Nous avons un important soutien de la région Hauts-de-France qui incite les éleveurs à mettre les juments à la reproduction avec des primes à la naissance », poursuit-elle. Reste à trouver des débouchés.
Parmi les pistes évoquées, la collecte des déchets verts et l’entretien des espaces verts arrivent en tête. À Cobrieux (59), le ramassage des déchets verts est assuré depuis 2014 par des Traits du Nord et la commune expérimente le nettoyage des rues. « Le cheval est un vecteur social, assure Patrick Lemaire, maire de la commune. Il s’intègre bien dans la ruralité ». L’élu est sensible à l’enjeu de sauvegarde de la race et favorable à la poursuite de l’expérimentation. « Ce n’est pas qu’une utopie : nous devons montrer les avantages économiques et environnementaux ».
À Sainghin-en-Mélantois (59), le ramassage scolaire en calèche a été testé plusieurs jours dans le cadre d’un challenge éco-mobilité. Un succès selon Florence Osselin, élue de la commune. Pourtant, pas de ligne budgétaire pour ce service qui n’est pas une compétence municipale. Convaincue de l’intérêt, la mairie a d’autres idées. « Nous souhaiterions organiser le balayage hippotracté et envisageons de coupler la lutte contre l’isolement des personnes âgées avec des sorties ponctuelles périscolaires avec des chevaux : l’enjeu est culturel et social ».
Côté Communauté de communes Pévèle-Carembault (CCPC), le bilan est plus mitigé. À l’origine, neuf communes – dont Cobrieux – étaient concernées par la collecte de déchets verts hippomobile. Elles ne sont plus que trois, preuve d’une marche arrière de la collectivité. Peu de pertinence environnementale, selon son président Luc Foutry. Le transport des chevaux jusqu’au lieu de collecte puis l’évacuation des déchets a effectivement un coût non négligeable, en carburant et en CO2.
« Nous souhaitons poursuivre puisque nous sommes convaincus de l’apport en termes de patrimoine, d’environnement et d’image : cela a du sens pour les habitants », indique Luc Foutry. Selon lui, la collecte reste cohérente dans un rayon de 10 kilomètres autour d’un méthaniseur pour y évacuer directement les déchets verts. Autres pistes à expérimenter, le balayage et l’entretien des voies cyclables « pourraient être pérennisés ». Pour encourager les efforts de réduction de CO2, le président suggère une fiscalité incitative.
« Nous avons besoin des politiques, lance Wivina Goliasse, créatrice de la société de services Caval’Trait. Laissez-nous travailler pour qu’on puisse vous prouver l’intérêt ».
Le potentiel de développement passe, en effet, par les collectivités, où les marchés sont plus stables, confirme Caroline Charpentier, de la Société française des équidés de travail. « Certaines collectivités ont arrêté avec le changement de maire. Il y a un effet de mode. Nous devons apporter des arguments suffisants sur l’intérêt du service pour stabiliser les prestations ».
Un programme européen, Eqwos, a l’ambition de créer un cluster équin pour faire du territoire un leader en Europe du cheval toutes disciplines. Depuis 2006, le Parc naturel régional Scarpe-Escaut sensibilise par des formations, expérimentations, démonstrations.
« La sauvegarde de la race Trait de Nord est importante dans le cadre de notre charte, remarque José Dubrulle, membre du bureau. Nous soutenons les actions de sensibilisation et de valorisation dans le cadre de la gestion des espaces ».
Louise Tesse
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