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“Vu la dynamique en Belgique, il fallait s’y attendre“, lâche Vincent Fournier, directeur du groupement de défense sanitaire (GDS) du Pas-de-Calais. En ce mardi 6 août, plusieurs suspicions de cas de fièvre catarrhale ovine (FCO) du sérotype 3 dans le département du Nord et dans l’Aisne laissent entendre que l’épidémie pourrait avoir franchi la frontière. “Mais on ne peut pas griller les étapes, avertit Laurence Plancke, directrice du GDS du Nord. Jusqu’à présent, ce nouveau sérotype n’a jamais été observé sur le territoire national. En cas de détection, il y aurait une déclaration faite au niveau européen.” L’étape est franchie quelques heures plus tard avec la notification de l’OMSA (Organisation mondiale de la santé animale, ndlr) : la France vient de déclarer son premier foyer de FCO-3 dans un troupeau ovin nordiste, à Marpent, dans l’Avesnois.
Côté Pas-de-Calais, s’il n’y a pour l’heure aucune suspicion, “on s’attend à ce que la situation évolue“, poursuit Vincent Fournier. Les conditions météorologiques, combinant températures élevées et humidités, sont favorables au vecteur, un moucheron. “Il y a de nombreuses flaques d’eau et les températures flirtent avec les 28 °C : ça va très vite.“
Les GDS sont donc en alerte et suivent la situation de près. “Nous n’en sommes qu’aux prémices“, alerte le directeur.
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Rembobinons. En octobre dernier, le sérotype 3 de la FCO touchant les ruminants domestiques (ovins, bovins, caprins) fait son apparition aux Pays Bas. Dans les élevages infectés, les impacts engendrés sont significatifs.
“Les signes cliniques sont généraux, et concernent à la fois les bovins, les ovins et les caprins : abattement, fièvre, anorexie, avortements spontanés, difficultés de locomotion, croûtes sur le mufle ou les naseaux avec écoulements, ulcères dans la bouche et parfois une langue bleue, pendante, décrit le GDS de Haute-Garonne. De nombreux animaux peuvent être atteints, avec de la mortalité y compris sur des animaux adultes, et notamment dans les troupeaux ovins. L’impact économique d’un passage viral peut alors être très important“, ajoute l’organisation.
Le GDS de Bourgogne-Franche-Comté remarque, quant à lui, que le cheptel français peut être d’autant plus affecté par le sérotype 3, venu du nord de l’Europe, qu’il n’y a jamais été confronté : “On peut craindre qu’il ait un impact clinique significatif dans une certaine proportion des élevages touchés.”
Ces dernières semaines, la maladie virale a circulé à l’ouest de l’Allemagne comme au nord de la Belgique, jusqu’à se rapprocher de la frontière française.
“Ce 29 juillet 2024, les autorités belges ont déclaré un foyer de fièvre catarrhale ovine du sérotype 3 dans la commune de Chimay, frontalière avec la France“, informait le ministère de l’Agriculture dans un communiqué deux jours plus tard. Devant la propagation en direction de l’Hexagone, la Rue de Varenne décide alors d’instaurer sur le Nord-Est “une zone régulée afin de freiner la progression de cette maladie virale“, transmise entre animaux par des insectes piqueurs, les culicoïdes. Compte tenu de la capacité du vent à porter ces insectes sur plusieurs dizaines de kilomètres, la réglementation prévoit la définition dite ” régulée ” dans un périmètre de 150 kilomètres autour des foyers déclarés, précise le communiqué.
Les communes composant cette zone et la carte associée sont accessibles sur le site internet agriculture.gouv.fr/la-situation-dela-fco-en-france et mises à jour chaque jeudi.
Pour être autorisés à quitter la zone, les ruminants doivent ” avoir fait l’objet d’un traitement de désinsectisation dans les deux semaines précédant leur départ et avoir obtenu un test de dépistage négatif “, précise le communiqué (lire aussi en page ci-contre). Les mouvements sont suspendus vers les pays qui n’acceptent que des animaux vaccinés, comme l’Espagne qui a mis en place un programme d’éradication de la maladie. En revanche, ils peuvent se poursuivre vers les pays membres de l’Union européenne acceptant la désinsectisation et le test de dépistage négatif.
Quelques jours plus tard, dans un communiqué daté du 5 août, le ministère de l’Agriculture annonçait avoir ” mobilisé un stock de vaccins ” pour lutter contre la FCO et commandé des doses “par anticipation, dès le 5 juillet, auprès des deux laboratoires ayant déposé une demande d’autorisation d’utilisation en France“. Au total, 600 000 doses du vaccin Bultavo 3 et 4 millions de doses du vaccin Bluevac 3, deux vaccins qui ont obtenu des “autorisations temporaires d’utilisation auprès de l’Agence nationale du médicament vétérinaire de l’Anses le 25 juillet“. Le cabinet de Marc Fesneau a annoncé “mettre à disposition gratuitement” le vaccin pour les éleveurs volontaires installés dans la zone régulée. La première livraison aux vétérinaires qui procéderont aux commandes pour les éleveurs est annoncée au 14 août, la seconde 15 jours plus tard, précise le communiqué.
Dans les Hauts-de-France, les frais d’analyses en cas de suspicion de FCO sont pris en charge par les Directions départementales de la protection des populations (DDPP), dans la limite de trois prélèvements par élevage.
Pour les GDS, une seule consigne pour protéger les troupeaux : vacciner, vacciner, vacciner. “Le mot d’ordre c’est la désinsectisation préventive des animaux et la mise en place d’un plan de vaccination à étudier avec son vétérinaire“, résument de concert Vincent Fournier et Laurence Plancke. Ce sera au cas par cas, certaines zones ayant une approche particulière, telles que les zones humides, où le risque de présence de culicoïdes est plus élevé.
Louise Tesse Avec Afp