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La vache ! Je n’en reviens toujours pas. C’est une belle surprise. Il me semblait bien que mes éleveurs – Gilles et Isabelle Druet ainsi que leurs enfants Julien, Lucie et Victor – mijotaient quelque chose car ils m’observaient toujours du coin de l’œil dans l’étable. Je pensais qu’ils m’avaient simplement inscrit à un nouveau concours ou à une foire locale… Alors, quand la nouvelle est tombée, l’été dernier, je vous laisse imaginer ma joie, celle du troupeau et de nos hôtes agriculteurs. J’ai senti que tous étaient réellement émus.
Meuuuh oui, effectivement. Je représente non seulement une race de vache ancestrale toujours menacée, mais aussi l’ensemble de l’élevage de l’Avesnois, du Nord-Pas de Calais, des Hauts-de-France et même de l’Hexagone. Ça fait un sacré poids sur le garrot ! Je vais tâcher d’être digne de cette lourde fonction qui m’est confiée et de refléter au mieux la richesse du patrimoine agricole français.
Cela fait plusieurs mois déjà que je me prépare. En août dernier, les équipes de l’organisation du SIA sont venues à la ferme pour une séance photo. Elle a duré toute une journée, de 9 h à 17 h, aux quatre coins de la prairie… Quel foin ! Je me suis néanmoins prêtée au jeu, sans broncher, ce qui avait l’air de surprendre tout le monde. Au final, je suis plutôt pas mal sur l’affiche du salon, non ? Les choses se sont ensuite accélérées début novembre, lorsque ma nomination, en tant qu’égérie 2019, a été publique. Plusieurs médias ou visiteurs viennent régulièrement me voir depuis pour discuter avec mes éleveurs. Je sais que ce n’est rien comparé à ce qui m’attend la semaine prochaine, avec la foule, Porte de Versailles. D’autant plus que je serai la première vache à débarquer sur place, le 22 février, devant une nuée d’appareils photos et de caméras !
À la veille du salon, je n’ai aucune peur bleue. Il faut dire qu’on se presse pour prendre soin de moi. C’est vachement plaisant. Je suis de nature calme, docile et curieuse, « un vrai pot de colle » me dit souvent la famille Druet ! Oui, je suis prête à répondre aux sollicitations du public. Quoi de mieux, franchement que d’être la chouchoute des visiteurs durant dix jours ?
La tradition veut qu’il passe la journée d’ouverture au SIA et pas mal de temps avec l’égérie. Ce sera l’occasion de mettre à l’honneur l’agriculture régionale et la race bleue du Nord. Je rappelle que nous ne sommes que 570 bêtes inscrites au contrôle laitier pour 25 éleveurs sélectionneurs regroupés principalement dans le département du Nord, berceau de la race. Au-delà de l’aspect promotionnel, j’espère faire un petit selfie avec lui. On pourrait l’accrocher dans notre stabulation !
Oui, rien qu’en y pensant, je bois du petit-lait ! Avec mes congénères bleues du Nord et notre organisme de sélection (l’Union bleue du Nord), on se battait depuis plus de vingt ans pour obtenir la création d’un concours bovins spécifique pour notre race à la capitale. Ce sera le cas cette année. Nous serons 25 animaux à quitter le plancher des vaches de l’Avesnois-Thiérache pour parader sur le grand ring du hall élevage. Je trépigne…
À l’EARL des Prairies, les concours sont une affaire de famille. Malgré mon jeune âge, six ans, je suis habituée aux compet’. En 2018, j’ai remporté deux prix à Terres en fête (championne jeune et meilleure mamelle jeune) ainsi qu’un autre trophée lors de la dernière Fête du lait au Quesnoy (59) (meilleure mamelle). Je compte sur ma jolie robe gris-bleu mouchetée, mes sabots et trayons noirs, mon mufle large et mes 710 kg (pour 1,41 mètre) pour viser une nouvelle médaille au SIA. Je suis un peu fleur bleue, Paris me fait donc rêver…
Propos recueillis par Simon Playoult