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La stratégie sur les engrais présentée par la Commission européenne le 9 novembre prévoit pour les industriels un accès prioritaire au gaz naturel (leur principal intrant) en cas de rationnement. Sur le court terme, elle encourage notamment les États membres à mobiliser le cadre temporaire de crise des aides d’État. « Les pouvoirs publics pourraient par exemple acheter des engrais à des prix de marché plus compétitifs et à les proposer à des prix inférieurs aux agriculteurs », a précisé le commissaire à l’Agriculture Janusz Wojciechowski lors d’une conférence de presse. Par contre il a repoussé l’idée de lever les droits antidumping imposés à certaines importations d’engrais car cela ne ferait, selon lui, qu’affaiblir un peu plus les fabricants européens.
À la demande des Vingt-sept, il a indiqué que la Commission était disposée « à activer la réserve de crise agricole (pour la deuxième année consécutive alors qu’elle n’avait jamais été utilisée auparavant) d’un montant de 450 M€ pour 2023 afin de soutenir les agriculteurs ». Le commissaire a également indiqué que la Commission collaborera étroitement avec les Vingt-sept afin que les révisions des plans stratégiques de la Pac mettent en avant une utilisation durable des engrais via notamment le recours aux engrais RENURE (azote récupéré du fumier). Sur ce point, Bruxelles présentera au premier trimestre 2023 un plan d’action sur la gestion intégrée des nutriments (azote et phosphore) qui pourrait prévoir des flexibilités de court terme dans le cadre de la directive Nitrates.
Très critique sur le contenu de la stratégie sur les engrais présentée le 9 novembre par la Commission européenne, la présidente du Copa (organisation des agriculteurs européens) Christiane Lambert regrette que Bruxelles « par idéologie, refuse de donner aux agriculteurs des solutions à court terme, mettant en péril la viabilité de nombreuses exploitations ». Avant de s’étonner de « l’intérêt de présenter une nouvelle communication pour finalement avancer si peu de propositions ? ». La suspension des droits d’importation sur l’urée et l’ammoniac, la mobilisation des aides d’État ou encore l’accès prioritaire au gaz pour les producteurs d’engrais proposés par Bruxelles ne sont pas suffisants pour résoudre la perturbation actuelle du marché des engrais, estime le Copa-Cogeca.
Alors que cela aurait pu alléger la pression sur le prix des engrais, l’organisation bruxelloise regrette la décision de la Commission de refuser de suspendre les droits antidumping définitifs (entre 16 et 32%) qu’elle impose depuis le 8 octobre 2019 aux importations d’urée et de nitrate d’ammonium en solution originaires de Russie, Trinité-et-Tobago et des États-Unis. Pour diversifier les sources d’approvisionnement, le Copa-Cogeca appelle également à suspendre l’application de la limite de 60 mg/kg de cadmium pour les engrais phosphatés, afin de permettre la livraison depuis les pays d’Afrique du Nord (Maroc). Enfin, il réitère son appel à déroger aux limites fixées par la directive Nitrates.
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