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” L’année 2022 a été marquée par des événements forts : la guerre en Ukraine, la hausse des taux d’intérêts, les événements climatiques qui ont touché la région comme le monde. ”
Laurent Poupart, président du groupe Nord-Est de Groupama* plante le décor et chiffre. ” Alors que la sinistralité annuelle moyenne liée aux événements climatiques pour les assureurs était de 2 millions d’euros entre 2011 et 2016, elle est passée à 4 millions d’euros sur la période 2016-2021. Et elle a atteint plus de 10 millions d’euros en 2022. ”
Une évolution exponentielle qui a deux conséquences attendues : l’augmentation des tarifs de réassurance et celle de la prise de risque accrue pour les caisses d’assurance.
Dans le détail, les deux tempêtes de début d’année – Eunice et Franklin – ont à elles seules coûté plus de 30 millions d’euros à la caisse Nord-Est de Groupama.
La sinistralité sur récoltes a atteint plus de 60 millions d’euros (41 millions pour 2021). La sécheresse sur bâtiments est un phénomène nouveau dans le nord et qui prend de l’ampleur.
Nouveaux aussi, les feux de forêt qu’il va falloir intégrer. “Tempêtes, grêle, inondations : pour nous assureurs, le véritable enjeu est de comprendre l’évolution des climats et leur impact économique ainsi que ce que nous pouvons faire pour limiter ce dernier“, annonce Patricia Lavocat Gonzales.
La directrice générale liste le rôle de l’assureur dans les cas de sinistre. Réactivité quand il s’agit de traiter 95 000 déclarations de sinistre en deux jours à la suite d’un événement climatique. Mais aussi prévention.
“C’est le premier rôle de l’assureur, pense-t-elle, de mettre en place des systèmes d’information” afin de déployer des mesures de précaution.
“Le coût des événements climatiques avoisine les 600 millions d’euros annuels pour le groupe (à l’échelle nationale, ndlr), cette année il est de 1,2 milliard “, rappelle Patricia Lavocat Gonzales. Elle évoque notamment des épisodes de grêle dévastateurs sur certains territoires, dont nous avons été plutôt épargnés.
Dans ce contexte, la nouveauté significative a été la réforme de l’assurance récolte attendue “depuis un bout de temps“, formule le président de Groupama Nord-Est.
“Il y avait besoin d’un nouveau modèle pour couvrir mieux des agriculteurs qui, in fine, étaient mal voire pas couverts.”
Alors que le nouveau régime repose sur la solidarité nationale et le partage du risque entre l’État, les agriculteurs et les assureurs et prévoit un dispositif unique à trois étages de couverture à partir de la campagne 2023, la hausse des subventions des cotisations augmente à 70 % et le taux d’indemnisation diminuera progressivement pour les non-assurés.
Si les surfaces assurées ont ainsi augmenté pour 2023 (+ 280 000 hectares en grandes cultures, + 10 000 hectares pour les vignes et + 640 000 hectares en prairies au national), “un travail de pédagogie reste à faire“, observe le président.
En contrepoids de la hausse de la sinistralité, celle du chiffre d’affaires liée notamment au prix des céréales qui ont flambé en 2022 et sur lesquels les cotisations sont fixées : “Un effet dopant“, dit Groupama, qui permet des résultats stables malgré le contexte. S’ajoute le “beau développement de l’assurance des personnes (santé, prévoyance…)“, se satisfait la directrice générale qui résume : “Ce n’est pas une bonne année mais c’est une année correcte.”
En chiffres, ça donne 16 millions d’euros de résultat social (équivalent à celui de l’an dernier).
Reste à “définir un tarif technique d’équilibre que devraient appliquer les assureurs” suite au travail en cours du pool de réassurance, explique Laurent Poupart.
“Un tarif identique pour tous faute de quoi le système de couverture ne pourra pas tenir“, dit-il. Un système qui doit permettre la pérennité d’un système universel, qui doit éviter la sélection des risques couverts.
Sans oublier l’enjeu de l’inflation qui fait augmenter le coût des sinistres en faisant grimper celui des réparations : + 8 % pour le coût des réparations automobiles, + 10 % pour le bâtiment ou le risque industriel.
“Nous devons agir sur ce coût des réparations pour éviter au mieux la répercussion sur les tarifs“, explique la directrice générale qui invite, pour ce, à prioriser les artisans et garages du réseau.
Justine Demade Pellorce
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* Groupa Nord-Est, c’est 1 220 collaborateurs et 280 215 sociétaires sur six départements : Nord, Pas-de-Calais, Aisne, Marne, Ardennes, Aube.