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Le Carré du Petit Bois, c’est l’histoire de Gaëlle et Nicolas, beaucoup, et de leurs deux enfants, aussi. Tous deux sont originaires de l’Avesnois. Lui a 32 ans, il est petit-fils d’agriculteur, formé à l’institut de Genech et il a à l’origine plutôt un penchant pour l’élevage. Il a d’ailleurs travaillé pendant plusieurs années chez des éleveurs de vaches laitières… Elle, 35 ans, n’est pas originaire du monde agricole et a bossé une dizaine d’années dans les espaces verts. Pourtant, tous les deux se sont lancés il y a quelques années dans l’aventure du maraîchage sur sol vivant.
Un choix qui part d’un hasard, ou presque. En 2018, le couple s’installe ensemble et achète une maison à Sains-du-Nord (59), dans l’Avesnois, avec un hectare de terrain. Pour avoir quelques animaux et pourquoi pas aller plus loin ensuite. Mais le couple n’a alors pas de projet concret et tous les deux travaillent de leur côté.
Ce n’est que deux ans plus tard, en 2020, que tout va se décanter. Ils découvrent lors de la Fête du lait, au Quesnoy, l’existence d’un espace test agricole à… deux pas de chez eux ! “On le découvre alors qu’on habitait juste à côté depuis une année, rigolent-ils. On était arrivé en 2018, ils avaient ouvert début 2019.” Chez Nicolas Vandermarcq, qui travaille encore dans un élevage mais qui a en tête le maraîchage, l’idée fait alors son chemin. Pourquoi ne pas tenter sa chance en maraîchage grâce à l’espace test ? “Plutôt que de démarrer tout seul ici (chez eux, ndlr), je me suis dit autant démarrer là-bas. Ça permet de démarrer sans investir. Et si ça ne nous plaît pas ou si c’est compliqué, on rend les clés et on s’en va !”
Nicolas se lance alors dans l’aventure. D’abord à 50 % sur l’exploitation de l’espace test où ils sont déjà certifiés bios, puis à temps plein à partir de février 2021. Gaëlle le rejoint rapidement et le couple vit alors sa première saison ensemble. L’essai est concluant. Petit à petit, ils commencent à quitter l’espace test pour aménager leur terrain et installer leurs premières serres, toujours en maraîchage bio.
Tomates et courgettes dans les serres, légumes d’hiver dans les champs… Ils mettent également en route un poulailler de 48 poules pondeuses, elles aussi certifiées bio. Le déménagement, si l’on peut dire, se termine en 2022 quand le couple installe chez lui une plus grande serre bi tunnel.
Aujourd’hui, le couple possède 1 000 m2 de serres et 40 ares de cultures en champs de légumes et fruits, uniquement issus de variétés anciennes. En agriculture bio donc, mais avec une particularité car, vite, Nicolas Vandermarcq s’est tourné vers le maraîchage sur sol vivant, une méthode avec laquelle il n’y a quasiment aucun travail du sol. Véritable autodidacte, l’agriculteur s’y est formé petit à petit, via internet, et il expérimente encore aujourd’hui cette façon de cultiver.
Un choix qui lui apparaît comme naturel : “C’est respecter le sol avant tout, dit-il. Revenir vers un sol qui doit se gérer lui-même. Nous, on l’aide juste en le boostant.” Il mélange ainsi plusieurs techniques de maraîchage sur sol vivant en travaillant avec des petites planches de 75 centimètres, toutes standardisées, et en utilisant des bâches pour retenir l’eau et favoriser la biodiversité du sol. “On apporte beaucoup de compost, on fait travailler la terre et ce sont les vers de terre qui font le boulot”, explique Nicolas Vandermarcq.
Sans mécanisation, tout est fait pour “optimiser les planches” et “on arrive à avoir des rendements bien meilleurs” affirme l’agriculteur. Avec la première serre, dont le sol n’a pas été travaillé depuis maintenant quatre ans, le couple obtient ainsi des résultats spectaculaires selon Nicolas Vandermarcq. Cette technique permet également de limiter les herbes envahissantes, “car l’hiver, tous les sols sont bâchés”, continue-t-il. Avec le zéro chimie, il faut cependant accepter les pertes de récoltes dues aux maladies ou aux nuisibles, comme les campagnols, très envahissants sur l’exploitation. “Mais on double plus ou moins le chiffre d’affaires chaque année pour plus ou moins la même surface, soutient l’agriculteur. On produit mieux et on vend mieux.”
Côté vente, justement, le couple fait un peu de vente directe à la ferme, il fournit une Amap du côté d’Hirson (15 à 20 paniers hebdomadaires) et un magasin bio à Fourmies. Sans oublier un marché du coin, le samedi matin, lors duquel c’est Gaëlle qui œuvre, car “on s’est aperçu que ça fonctionne mieux quand c’est elle”, rigole Nicolas.
Mais le projet n’est pas terminé, loin de là. “On fait tout au fur et à mesure”, décrit ainsi Gaëlle. Le couple vient, par exemple, de récupérer un bungalow pour réaliser un point de vente plus adapté et Nicolas a encore de nombreuses variétés et techniques à tester !
Kévin Saroul