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Ce que redoutent le plus les arboriculteurs est arrivé. Des gelées tardives, en plein printemps, alors que les arbres commencent à fleurir dans les vergers. Des températures basses, voire très basses pour la saison, ont été relevées ces deux dernières nuits dans la plupart des secteurs du Nord et du Pas-de-Calais. Un contraste d’autan plus saisissant qu’elles interviennent quelques jours à peine après des records de chaleur battus à la fin du mois de mars.
Entre le mercredi 31 mars et le mercredi 7 avril, les températures ont brusquement chuté dans le nord de la France, d’une vingtaine de degrés au plus fort de la journée. “Il a fait -4°C dans la nuit du 6 au 7 avril, mais également très froid la veille, indique Christophe Tellier, arboriculteur au Quesnoy (59), dans l’Avesnois. Entre 1h et 8h du matin, nous avons passé deux nuits à tenter de réchauffer nos pommiers avec un appareil trainé derrière le tracteur.”
Des nuits blanches partagées par plusieurs producteurs de fruits des deux départements. À chacun sa technique pour éviter que les branches ne gèlent. “Nous sommes équipés de petites hélices, installées dans le verger, qui brassent de l’air, censé être plus chaud dans les couches supérieures, et le redirige plus bas, explique Samuel Monvoisin, arboriculteur à Locon (62), dans le Béthunois. Avec ce système, nous avons pu maintenir une température de -0,6°C sur la plantation.”
Nicolas Pollet, installé lui à Fromelles (59), dans les Weppes, utilise aussi l’éolien pour mettre en sureté son verger du gel. Il a dû également allumer quelques feux de nuit aux alentours pour apporter de la chaleur. “On protège nos cultures comme on peut, souligne l’agriculteur. Pour l’heure, on ne peut pas encore dire si les gelées vont entraîner des dégâts sur la future récolte.”
D’après les professionnels des pommes et des poires, le seuil de sensibilité des arbres fruitiers se joue parfois à un degré près. “Au delà de -2 ou -2,5°C dans les allées du verger, le risque est majeur car le gel peut condamner le bouquet floral dans son ensemble“, alerte Samuel Monvoisin. “Nous croisons les doigts pour que les premiers boutons ne soient pas dégradés, poursuit Christophe Tellier. Heureusement, les arbres n’étaient pas encore trop en fleur à ce moment là.” En 2017, des gelées tardives avaient causé des pertes importantes dans les vergers régionaux, jusqu’à 80 % de la récolte chez certains producteurs.
Simon Playoult