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Hé hi, hé ho… Quel employeur n’a jamais rêvé que ses intérimaires prennent leur poste aussi simplement que les sept nains s’en vont au boulot ?
Au pôle Agrotech de Willems (59) depuis l’automne 2019, Xavier Bourgeois a peut-être trouvé une solution : agrijobbing.com, une plateforme web pour rédiger des contrats d’intérim facilement, destinée aux employeurs agricoles et à leurs aidants occasionnels.
« L’idée est née de mon propre besoin, raconte, volubile, ce neveu d’un agriculteur belge à l’accent wallon. J’ai un ami qui cultive des patates, mais quand je veux lui prêter main-forte quelques jours, à chaque fois c’est toute une histoire… C’est extrêmement compliqué d’employer les gens pour un jour ou deux. C’est un vrai frein à l’embauche en agriculture… Beaucoup finissent par avoir recours à de la main-d’œuvre non déclarée. Or c’est dangereux, il y a de plus en plus de contrôles… »
En septembre dernier, ce salarié d’une société d’expérimentation agricole des Hauts-de-France (où il manage les équipes d’Allemagne, d’Angleterre, de Belgique, d’Autriche et de République tchèque), a une idée : une plateforme de rencontres et d’échanges entre employeurs agricoles et salariés disponibles, assortie d’un service de préparation de contrats d’intérim « faciles et pas chers, adaptés au monde agricole ».
Mais le Covid-19 passe par là et retarde le lancement de son projet. « L’emploi agricole a fait la une de l’actualité pendant le confinement, mais je n’avais pas envie de surfer sur cette vague… », confie l’entrepreneur, qui modifie la formule de son site web.
Au lieu de mettre en contact employeurs et employés potentiels – comme le fait la plateforme soutenue par le gouvernement français Des bras pour ton assiette –, il ne sera d’abord qu’un service d’établissement de contrats d’intérim en ligne. « C’est ma façon de soutenir l’initiative gouvernementale du pays où mon entreprise est incubée. »
Le principe d’Agrijobbing est simple : une première inscription sur le site au moins 48 heures avant la première journée de travail effective. L’employeur renseigne les informations le concernant, puis est rappelé par les services d’Agrijobbing pour préciser oralement le reste : nom et coordonnées de la personne embauchée, tâche à accomplir (cueillette d’asperges, conduite d’engins…)… Un contrat est ensuite édité puis signé en ligne.
« Une fois inscrit, on peut faire ses contrats le matin pour l’après-midi même, voire cinq minutes avant de commencer la tâche en question, assure Xavier Bourgeois. Jusqu’ici, à part le Tesa accessible uniquement aux personnes déjà à la MSA, il n’y avait pas vraiment de solution accessible à tous pour l’emploi d’intérimaires et d’aidants hors cadre familial en agriculture. Avec Agrijobbing, vous employez qui vous voulez. »
Autre argument de Xavier Borgeois : « Les agences d’intérim se rémunèrent via un coefficient qui vient multiplier le salaire brut horaire et inclut les charges sociales, le pécule de vacances ainsi que toutes les autres charges liées à l’emploi. En général, il se situe entre 1,9 et 2 %. Le mien est de 1,75 %. C’est l’un des plus bas. Mon but n’est pas d’en vivre. La facture, qui comprendra donc le salaire brut et les charges, est déductible. Ce qui correspond à un coût réel identique à un paiement de la main à la main. »
À la différence des autres agences d’intérim, Agrijobbing ne propose pas de trouver le candidat idéal. Mais de simplifier la vie de l’employeur qui a déjà trouvé son salarié. Pour proposer son service, l’entrepreneur a noué un partenariat avec une agence d’intérim lyonnaise, dirigée par Stéphanie Carpentier, fille d’agriculteurs. « Pour un agriculteur qui n’a jamais employé personne, la première fois est toujours un cap… J’espère pouvoir les aider à le passer », confie Xavier Bourgeois.
« D’une façon générale, les start-up sont trop éloignées du monde agricole, reconnaît cet ancien vice-président des Jeunes agriculteurs belges de 2004 à 2009 qui ne craint pas de mettre les pieds dans le plat. Moi, j’ai un pied dans les deux. »
Une capacité à trouver les bons mots qu’il a déployée pour annoncer l’arrivée prochaine de son service de mise en relation intérimaires-employeurs, sobrement baptisée « le Tinder du tracteur ». Nous voilà prévenus.
Lucie De Gusseme