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Éleveur porcin sur la commune de Flêtre (59) au Gaec Asseman, Bastien Deman a installé quatre trackers solaires en janvier 2022 avec l’entreprise OKWind. Convaincu, il en a ajouté quatre autres en juillet 2023.
« L’idée de départ c’était de faire face à la crise énergétique », explique-t-il. Produire le plus d’électricité possible pour répondre à la demande énergétique de ses 350 truies. C’est pour ça qu’il réfléchit à l’installation de trackers, qui permettent une production plus importante et constante qu’un panneau fixe sur toiture. S’il considère que son projet est une réussite, c’est grâce à l’anticipation.
Pour bien débuter son projet, il est important d’être bien accompagné et de vérifier auprès de son assureur et de sa banque que l’installation est conforme à leurs conditions. C’est ainsi que Bastien Deman a été conforté dans son choix de trackers plutôt que de panneaux solaires car les assurances peuvent être réticentes quand on pose des panneaux sur des bâtiments accueillant des porcs ou des volailles.
Il est également possible de faire réaliser des études économiques par un installateur ou son centre de gestion. À noter que l’installation de tracker ne permet pas de bénéficier d’aide.
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« Pour un tracker de cette taille (117 m2 d’une puissance de 22 kWc pour une production annuelle de 35 000 kWh, ndlr), il faut compter environ 55 000 euros hors taxes d’investissement, précise Fabrice Ruer, qui a suivi le projet chez OKWind. Le retour sur investissement est en moyenne de huit ans, mais il est influencé par le tarif d’achat de l’électricité. L’idéal serait d’arriver à consommer 100 % de la production des trackers. »
Chez Bastien Deman, l’électricité est utilisée directement pour les besoins de son exploitation et le surplus, essentiellement l’été, vendu sur le réseau. D’un point de vue technique, pour assurer le meilleur rendement des trackers et éviter les ombrages, leurs mats doivent être espacés de 35 mètres entre le nord et le sud et de 45 mètres entre l’est et l’ouest. Attention également à ne pas être dans un périmètre de moins de 500 mètres autour d’un monument historique, soumis à avis de l’architecte des Bâtiments de France, qui pourrait compromettre le projet.
Une fois la réflexion menée, et la décision prise, il faut compter entre six et neuf mois entre le lancement des demandes administratives et la production du premier électron. « En dessous de 12 trackers raccordés sur le même site, il n’y a pas besoin de permis de construire, une déclaration préalable de travaux suffit, ajoute Fabrice Ruer. Ça fait gagner du temps ! »
En termes de travaux justement, le socle en béton sur lequel repose le tracker est de 13 m3. « OKWind m’a fourni le ferraillage, et j’ai réalisé la tranchée et le béton moi-même », explique Bastien Deman.
Une fois installés, les trackers vont suivre la course du soleil tout au long de la journée. Reliés à internet, ils ont accès à la météo jour après jour. Ils se réorientent toutes les 15 minutes. Lorsque le soleil se couche, les panneaux se mettent à plat pour capter la rosée qui balayera naturellement la poussière avant la remise en route à l’aube.
Chez Bastien Deman, les trackers sont placés dans une pâture, protégés par un barbelé qui empêche les bêtes d’aller se frotter dessus. Lorsque le tracker est à l’horizontal il laisse 7 m de haut entre le sol et les panneaux, ce qui permet à l’éleveur porcin de continuer à exploiter ses parcelles : « Ça ne me pose aucun problème pour passer dessous en tracteur. »
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Pour sa sécurité, un anémomètre situé en haut du tracker enregistre les données du vent en temps réel. S’il dépasse les 40 km/h, les panneaux vont se mettre automatiquement en sécurité à l’horizontal afin de réduire leur prise au vent.
Les pièces mécaniques étant assez sollicitées, il est nécessaire de réaliser une maintenance et un graissage une fois tous les deux ans. L’onduleur (sous garantie) est, quant à lui, changé tous les dix ans.
Qu’est-ce qu’un tracker ?
Le tracker solaire est composé d’un mat sur lequel sont installés des panneaux photovoltaïques. Les cellules captent la lumière sur la face avant et arrière des panneaux par réflexion du sol et de son environnement. Le tracker produit 50 % d’électricité en plus que des panneaux sur toiture, grâce à son inclinaison horizontale et verticale pour capter les rayons du soleil de manière optimum. Cette énergie est transformée en courant continu, puis en courant alternatif grâce à un onduleur. L’électricité produite peut être autoconsommée, vendue au prix du marché, vendue à un prix fixe sur contrat pluriannuel ou stockée virtuellement, ce qui consiste à injecter l’électricité produite gratuitement dans le réseau quand on n’a pas besoin de l’utiliser sur site et d’aller en récupérer l’équivalent quand les besoins du site augmentent.
Valentin Maryns, étudiant à Junia Isa dans le cadre de la Semaine de la presse et des médias