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Durant dix ans, Cécile Chatelain a exercé en tant que directrice d’Établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad).
En mai dernier, elle tourne la page du secteur médico-social et opère un changement radical de vie pour aider son époux, Antoine, qui vient de reprendre l’exploitation de ses parents, basée au sud d’Arras. Une exploitation qui comprend des grandes cultures ainsi qu’une cueillette libre-service baptisée la Cueillette de Beaurains.
« Cela s’est présenté comme une opportunité à un moment où j’avais l’impression d’avoir fait le tour de cette profession que j’ai adoré exercer », explique Cécile Chatelain. Le covid, le manque cruel de moyens, de personnel et de valorisation de ses métiers a fini par avoir raison de la jeune femme aujourd’hui âgée de 35 ans qui a donc décidé de rechausser ses bottes.
Car si elle opère un virage professionnel à 180 °, c’est surtout un retour aux sources pour cette fille d’agriculteurs !
Cécile Chatelain a d’ailleurs toujours eu dans un coin de la tête l’envie de reprendre l’exploitation de ses parents avec sa sÅ“ur. En 2022, elle était même retournée sur les bancs de l’école pour passer un diplôme de technicien agricole à la Maison familiale rurale de Samer. Des connaissances qu’elle a donc pu mettre en application plus vite que prévu en s’investissant dans l’exploitation de son mari et qu’elle compte bien approfondir à ses côtés, « mon objectif est de continuer de développer mes compétences. Par exemple, cet hiver, je vais faire l’assolement avec Antoine. »
Plus qu’un projet de couple, c’est un projet de famille : « Nous avons deux enfants, Charles et Auguste, respectivement âgés de 8 et 4 ans. Ils adorent venir passer du temps ici. Et moi je profite davantage de ma vie de famille. » Car si l’agriculture demande autant de travail que la direction d’un Ehpad, l’avantage aujourd’hui, c’est que Cécile Chatelain peut organiser ses journées comme elle le souhaite, « je peux terminer plus tôt pour m’occuper de mes enfants et une fois qu’ils dorment je m’y remets, je fais de l’administratif. »
Une aventure familiale où chacun a trouvé sa place : Antoine, lui, s’occupe de la partie culture et technique, tandis que Cécile, elle, gère plutôt la vente, l’accueil du public, des écoles et des centres ou encore la communication. Chacun son domaine ! « C’est le secret pour pouvoir travailler en couple », sourit la jeune agricultrice.
Une activité qui tourne aussi grâce à la dizaine d’employés qui portent main forte au couple. Et s’il y a bien un point commun entre le secteur médico-social et l’agriculture, c’est la difficulté à trouver de la main-d’Å“uvre, « mais en agriculture, c’est un peu moins stressant car on ne gère pas de l’humain derrière mais des fruits et légumes. C’est donc plus facile de s’adapter. »
L’adaptation, c’est d’ailleurs une des forces de Cécile Chatelain : s’adapter à la météo, aux saisons mais aussi aux clients qui viennent cueillir les fruits, légumes et autres fleurs qui poussent sur les 20 hectares de la Cueillette de Beaurains. « Nous sommes ouverts tous les jours de la semaine et, là où avant nous étions fermés entre les midis le week-end, nous avons décidé d’ouvrir toute la journée non-stop afin que les clients ne soient pas obligés de regarder leur montre lorsqu’ils viennent en fin de matinée », souligne Cécile Chatelain.
Cette dernière met aussi un point d’honneur à rester compétitive : « Ici, c’est le plus court des circuits courts et on essaie d’être attractif au niveau des prix. On évite un maximum le gaspillage, lorsqu’un fruit ou un légume est en surproduction, on baisse les prix pour ne pas jeter. »
Cécile Chatelain s’évertue également à faire comprendre et respecter le travail des agriculteurs : « Goûter une ou deux fraises pendant la cueillette, cela fait partie du jeu, mais certains clients consomment directement sur place et ne paient rien… D’autres cueillent des fruits et légumes qui ne sont pas encore arrivés à maturité. C’est rageant car c’est un manque à gagner pour nous ! Alors on sensibilise, on explique notre travail. Il faut parfois gérer des conflits. Heureusement ce n’est pas tous les jours, dans la grande majorité des cas, tout se passe très bien. »
Des petits conflits qui n’enlèvent pas le sourire de la jeune agricultrice, totalement épanouie dans sa nouvelle vie ! Cette dernière fourmille d’ailleurs d’idées pour développer son activité, « on envisage de construire un magasin en dur pour vendre nos produits », prend-elle comme exemple, avant de reprendre, aussi, la ferme de ses parents !
Hélène Graffeuille
hgraffeuille@terresetterritoires.com