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Cela fait 30 ans qu’il fait pousser les chrysanthèmes – mais pas que – dans les serres de l’institut de Genech. En cette fin octobre, Fabrice Descarpentries, responsable du pôle floriculture et maraîchage, et enseignant en horticulture, court de serre en serre. La vente de pomponettes, aussi appelée chrysanthème petites fleurs, a démarré mi octobre. Avant le jour de la Toussaint, il ne restera plus un seul des mille pots préparés pour cette fête en hommage aux défunts.
Intégrée au lycée pévélois qui fête ses 130 ans, l’exploitation compte 3 500 m² de serres en floriculture où se relaient tout au long de l’année chrysanthèmes, jacinthes et plantes bisannuelles (dont les primevères). Outre les fleurs, 50 tonnes de légumes sont produites sur place sur « deux hectares, 3 000 m² de serres et 500 m² de tunnels pour les fraises hors-sol », additionne l’expert. Cultures phares de l’été (tomates, concombres, aubergines et compagnie), de l’hiver (poireau, mâche, etc.) et primeur (haricots verts, oignons bottes, mesclun…) y poussent : 90 % sont vendus dans le magasin du lycée, les 10 % restants sont consommés à l’école.
Mais revenons aux chrysanthèmes. Chaque année, les boutures racinées sont livrées – « car il est interdit de les faire soi-même » – au lycée agricole la première semaine de mai. « On les met en petits pots de 10,5 centimètres de diamètre pour qu’elles prennent racine sous la serre, car elles craignent le gel », détaille Fabrice Descarpentries.
Quinze jours plus tard, les plants gagnent leur pot définitif – quatre litres – et continuent leur croissance sous serre jusqu’à fin mai pour éviter tout risque de gel. Le responsable du pôle n’est pas seul à l’œuvre. Deux permanents et deux apprentis sont à ses côtés tandis que les élèves qui préparent un baccalauréat professionnel en horticulture participent aux deux premières étapes de mise en pot. En revanche, les lycéens sont en stage lorsque vient l’implantation dans les champs. « On prépare la terre, on bâche pour éviter les mauvaises herbes et on plante directement en pots », décrit Fabrice Descarpentries. En matière de traitement, l’Institut de Genech vise le strict minimum. « Mais on est obligé de faire quelques traitements contre la rouille blanche qui détruit tous les chrysanthèmes. » En attendant que la recherche de variétés résistantes ne soit concluante chez les obtenteurs de plants, « quatre passages ont été effectués dans les champs cette année », compte-t-il.
« Le chrysanthème boutonne en jours courts », reprend Fabrice Descarpentries. Habituellement, cela correspond à la fin septembre. Mais cette année, la « belle luminosité » du début d’automne a fait que les plants étaient « verts comme du gazon ». « Tant qu’il y a de la lumière, les boutons avortent. Normalement, cela cesse en septembre et ils se mettent en fleurs. »
Début octobre, les couleurs ont commencé à poindre et les plants les plus fleuris ont été rentrés sous serre après arrachage. Surtout les plus claires car les taches sont plus visibles sur couleurs claires. Les élèves mettent la main à la pâte, « mais chez leurs maîtres de stage », ironise l’enseignant, période oblige. Une étape musclée qui demande d’extraire le pot de la terre où il était enterré depuis plusieurs mois.
La culture varie selon le type de vente, reprend le responsable du pôle. « Plus vous voulez des plantes de gros volume, plus vous les plantez de bonne heure. » C’est le cas pour la vente en détail, à deux pas des serres : le magasin des producteurs de l’Institut de Genech écoule une bonne partie des pomponettes. En revanche, les jardineries et grandes surfaces privilégient les petits volumes. « C’est une question de prix de transport. Et puis, lorsque les pots sont petits, bien emballés, ils prennent moins de place : sinon, on ne met rien d’autre dans son chariot », décrypte Fabrice Descarpentries.
Dans les années 1995, le lycée agricole produisait jusqu’à 10 000 plants par an, tous types confondus : le chrysanthème petites fleurs, le dirigé – ou grandes fleurs – et le tradition. Seul le premier est encore produit, le manque de main-d’œuvre a eu raison des deux autres. « Les traditions se perdent un peu », complète Fabrice Descarpentries. Malgré cela, un millier de pomponettes cultivées à Genech fleurissent, cette année encore, les cimetières.
Louise Tesse