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« Avec l’essor des microbrasseries et de la consommation de bière, la demande de houblon a augmenté, explique Marie-Sophie Lesne, vice-présidente de la Région Hauts-de-France chargée de l’agriculture, de l’agroalimentaire et de la pêche. Or, dans les Hauts-de-France, nous n’avons pas de quoi couvrir les besoins des brasseurs, ce qui est dommage car ces microbrasseries ont souvent à cœur d’acheter leur houblon localement. Il y a donc un enjeu économique et d’approvisionnement local. »
C’est ce qui l’a poussée à venir visiter, sous un soleil caniculaire, mardi 12 juillet, la houblonnière d’Yvon Pruvost, producteur à Boeschèpe (59) et président de la coopérative de houblon régionale (CoopHouNord), qui regroupe les sept derniers producteurs de houblons de cette région. L’occasion de faire un point sur la filière pour en déterminer les besoins afin de mieux y répondre.
Il faut dire que la production de houblon reste modeste dans la région. Fortement concentrée dans les Flandres intérieures, pour ses terres humides et son soleil, la CoopHouNord représente 42 ha environ. Le tout pour une production, l’an passé, de 55 tonnes. « C’est moins microscopique que cela n’avait pu l’être », sourit Marie-Sophie Lesne. En effet, au plus bas de son activité, la filière houblon ne représentait plus que 27 ha dans les Hauts-de-France.
Yvon Pruvost et Marie-Sophie Lesne restent lucides : « L’idée n’est pas de produire les mêmes quantités de houblon qu’en Allemagne ou aux États-Unis ! L’objectif est simplement d’aider les jeunes qui voudraient se lancer. »
Principal frein à cette installation : le coût. Selon Yvon Pruvost, il faut compter environ 100 000 € de frais par hectare. « Rien qu’une cueilleuse, qui est indispensable, neuve c’est au moins 400 000 €. D’occasion c’est moins cher mais ce n’est pas subventionnable », dit-il, d’un regard appuyé vers la vice-présidente qui en a pris bonne note. La sienne date des années 1970…
Quant à une mutualisation des machines : « C’est compliqué parce qu’on est assez loin les uns des autres et pour un hectare, il faut compter 30 remorques de transport ! En revanche, louer ma cueilleuse pour une toute petite production ça peut être envisageable », admet le président de la CoopHouNord.
L’arrachage se fait en septembre. Les tiges sont ensuite passées dans la cueilleuse qui va séparer les feuilles des cônes. Ce sont ces derniers qui sont ensuite mis à sécher : « On les ramasse à 80 % d’humidité et il faut qu’ils retombent à 10 %. On les met sur un séchoir qui est en fait un plancher percé sous lequel se trouve une soufflerie qui monte à 60 °C. On laisse ça 10 h et on recommence. Souvent, on récolte le jour et on sèche nuit », explique Yvon Pruvost. À savoir que la quasi-totalité du houblon produit dans les Hauts-de-France est transformée en pellet (en petites boules) et se revend entre 12 et 16 € le kilo pour le houblon conventionnel et environ 30 € le kilo pour du houblon bio.
Actuellement, les seules menaces pour le houblon sont les maladies, les tempêtes et la grêle. « Mais là, c’est vrai qu’avec deux canicules à la suite, même si nos terres sont humides, ça va faire un peu beaucoup… À long terme, il faudra peut-être passer par de l’irrigation. »
Des aides à l’installation et à l’investissement sont donc nécessaires. Bien qu’elles existent déjà dans « le panel d’aides régionales, elles méritent une réévaluation », concède Marie-Sophie Lesne. La vice-présidente souhaiterait également soutenir financièrement le travail de recherche et de sélection des variétés ainsi qu’aider à la structuration de la filière en « aidant à dégager du temps, à l’aide de moyens humains, pour que la filière puisse être dans une démarche plus commerciale. »
Pour ce qui est de la recherche, actuellement dans les Hauts-de-France, une dizaine de variétés de houblon sont cultivées, mais aucune « de la région. Elles sont toutes importées d’Angleterre, des États-Unis… On ne veut pas se mettre à faire des variétés d’Alsace ou allemandes car la concurrence est déjà là. Et puis, même en faisant de l’américain, de l’alsacien ou de l’allemand, cela n’aura jamais le même goût. On aimerait bien trouver une variété qui change un peu et c’est une demande des brasseurs », explique Yvon Pruvost.
« Il y a un potentiel de doublement de la production, conclut Marie-Sophie Lesne. Mais il ne faut pas sauter les étapes, au risque de fragiliser les producteurs déjà présents et qui ont fait beaucoup. »
Mars. C’est le redémarrage de la saison. Il faut tailler et remettre en place les fils qui servent de tuteurs et qui montent à six mètres de haut.
Avril-mai. Il faut enrouler les tiges /lianes autour de la structure afin qu’elles aient la « tête au soleil », comme elles aiment.
Juillet. Le houblon fleurit.
Août. Les fleurs deviennent des cônes.
Septembre. C’est l’heure de la récolte. Il faut compter entre deux et trois jours par hectare.
Eglantine Puel
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