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1923, la première promotion du lycée agricole public de Tilloy-lès-Mofflaines, à côté d’Arras, fait son entrée dans les couloirs de l’établissement. Cent ans plus tard, des milliers d’élèves ont été formés à l’agriculture dans ces mêmes couloirs, mais pas que.
Le lycée s’est modifié et n’est plus uniquement réservé aux futurs agriculteurs et agricultrices.
Il s’est aussi agrandi et deux antennes s’y sont ajoutées : celles de Radinghem et de Saint-Omer. Formant le campus agro-environnemental du Pas-de-Calais. Ancré dans son territoire, il devient une référence.
Cela dit, des générations d’agriculteurs sont passées sur ces bancs et certains enseignants sont eux-mêmes d’anciens élèves. Un attachement au nom, à une réputation et une histoire…
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Si la première pierre du lycée agricole de Tilloy-lès-Mofflaines a été posée en 1922, son histoire remonte en fait à 1885. “C’est sous la troisième République et la reprise des fermes-écoles que le projet de Berthonval est acté, sur la commune de Mont-Saint-Éloi”, explique Maxime Bedra, chargé de communication du campus agro-environnemental 62.
C’est ainsi que le domaine agricole de Berthonval est acheté par le département et devient une école pratique d’agriculture, comme on appelait ces établissements d’un nouveau genre. Dans la lignée des fameuses fermes-écoles, Berthonval est équipé de surfaces agricoles où les étudiants expérimentent et pratiquent ce qu’ils apprennent en cours.
“C’est encore le cas aujourd’hui”hui et c’est une des forces du lycée de Tilloy, appuie Henry-Louis Bourgois, directeur du campus agro-environnemental 62. Nous avons une exploitation agricole, de 93 ha auxquels s’ajoutent 40 ha en prestation, avec deux salariés. Les étudiants y pratiquent les grandes cultures (betteraves, un peu de blé…) mais aussi l’apiculture. Pour la campagne 2023-2024, nos pommes de terre serviront même à alimenter la restauration scolaire du coin et une partie est vendue à McCain.”
Mais la Première guerre mondiale passe par là et l’école est détruite. Décision est prise de la reconstruire, sur son site actuel, en 1922 avec à sa tête Léopold Malpeaux. Sa famille gardera longtemps un rôle important au sein de l’établissement.
Trace de cette histoire, dans la salle Léopold Malpeaux, justement, une plaque liste les morts pour la France ayant fait leur scolarité dans l’établissement, pour les deux guerres mondiales et celle d’Algérie.
Aussi, il est aisé de comprendre l’ancrage historique et territorial du lycée, où des époques et des familles se succèdent. “Il y a des générations d’agriculteurs qui passent par ici”, sourit Sabine Dauchet-Lebeau, directrice adjointe du site de Tilloy. Il y a un sentiment d’appartenance et une fierté d’être ici. Aujourd’hui, c’est un établissement reconnu par les professionnels mais pas que. Une des forces du lycée est aussi la diversité de parcours possible. Beaucoup d’élèves y restent de la seconde au post-bac. On leur trouve toujours une solution.”
Un parcours d’étude qui a d’ailleurs beaucoup évolué en 100 ans. “On traite les étudiants comme des adultes et donc on les met dans un contexte où ils peuvent lancer des projets car on les encourage à le faire, à prendre des responsabilités…”, décrit Sabine Dauchet-Lebeau.
D’un enseignement très théorique, où l’objectif est d’apprendre aux élèves à produire et uniquement produire, aujourd’hui, “on permet aux élèves d’être plus critiques et de réfléchir par eux-mêmes. On essaye de les ouvrir sur le monde. Il y a beaucoup plus d’agroécologie dans les programmes et ces derniers évoluent régulièrement. On s’y adapte donc en permanence“, raconte Henry-Louis Bourgois.
Entre ces fameux programmes et les attentes sociétales, le lycée de Tilloy a encore de beaux jours devant lui.
Passé par les bancs de Tilloy il y a quelques années, Adrien Petit, 32 ans, est un cycliste professionnel. Il a participé quatre fois au Tour de France et a fait partie de diverses équipes françaises en tant que sprinteur.
En 2011, il est médaillé d’argent aux championnats du monde sur route, à Copenhague, avec l’équipe de France espoirs. L’année suivante, il est troisième aux championnats de France sur route. Plus récemment, en 2022, il termine 6e du Paris-Roubaix.
Eglantine Puel
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