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Manque d’alternatives, coût supplémentaire pour les agriculteurs… telles sont les difficultés qu’entraînera la sortie du glyphosate d’ici à 2021 selon un rapport parlementaire publié le mercredi 13 novembre 2019.
Comment se passer du glyphosate ? C’est le casse-tête qui secoue le monde agricole depuis que le gouvernement souhaite l’arrêt de son utilisation à partir du 1er janvier 2021 (pour certaines cultures, l’échéance sera même repoussée à 2022 à condition qu’elles obtiennent “une dérogation”).
“Le calendrier sera difficile à tenir partout en l’état actuel des connaissances et aura un coût élevé pour les agriculteurs“, pointe un rapport parlementaire publié le 13 novembre 2019 et dressant un état des lieux du suivi de la stratégie de sortie du glyphosate. Le document estime en effet que la suppression de cet herbicide alourdira les charges des exploitations entre 50 et 150 euros l’hectare. Avant de poursuivre : “Il est par ailleurs demandé à l’État de préciser rapidement les cultures qui bénéficieront d’une dérogation ».
Manque de transparence
Depuis le 1er décembre 2018, dans le cadre du plan Ecophyto, le gouvernement a confié au préfet Pierre-Étienne Bisch la mission d’établir un diagnostic quant à l’utilisation actuelle du glyphosate. Mais presque un an plus tard, le rapport souligne un manque de transparence relativement inquiétant :
“Il (le préfet, ndlr) n’a pas été en mesure de répondre aux demandes réitérées des rapporteurs d’accéder de façon lisible aux données d’achat départementales et surtout d’obtenir, en ce milieu d’automne 2019, les chiffres des ventes et achats pour l’année 2018. Sans suivi chiffré de la consommation de glyphosate, la mission ne peut constater objectivement les effets de la stratégie mise en œuvre par le gouvernement. Les rapporteurs regrettent également de ne pas avoir accès à la répartition des consommations de glyphosate par filière. »
Achat de glyphosate en hausse dans le Nord et le Pas-de-Calais
Interrogées, les filières agricoles n’ont pas davantage été capables de chiffrer leur consommation de glyphosate, précise le rapport. Les rapporteurs ajoutent cependant que “les nombreuses personnes auditionnées (une cinquantaine) et les personnes rencontrées lors des deux déplacements ont exprimé leur bonne volonté à diminuer leur usage de produits phytopharmaceutiques, bien que certaines soient encore frileuses dans leurs pratiques, et ce, parfois, de façon irrationnelle ».
Cependant, chiffres à l’appui dans le rapport, la quantité de glyphosate achetée sur la période 2015-2017 est en hausse aussi bien dans le Nord (entre 20 à 30 %) que dans le Pas-de-Calais (entre 30 à 40 %). Les députés pointent plusieurs cas où la seule alternative au glyphosate est de détruire les mauvaises herbes à la main, ce qu’ils qualifient « d’impasse » tant les investissements en main-d’œuvre seraient alors intenables.
Centralisation des données ?
Depuis 2006, tout exploitant agricole qui utilise un produit phytosanitaire ou un biocide a l’obligation de tenir à jour un registre phytosanitaire. Le support du registre est laissé au gré de chaque utilisateur (papier ou numérique) mais nombreux sont ceux qui utilisent divers logiciels en ligne. D’où la recommandation des rapporteurs de « centraliser ces données en une base numérique partagée”, laquelle “permettrait d’évaluer la trajectoire d’utilisation réelle des produits, de l’échelle de l’agriculteur à celle de la France dans son ensemble, ainsi que par filière dans la mesure où le registre comprend également, pour chaque parcelle, son emblavement, c’est-à-dire l’espèce ou la variété cultivée. »
Simon Henry