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Ils sont venus nombreux, de loin et avec de multiples revendications. Mais c’était un peu la confusion, ce mercredi 27 novembre 2019 à Paris. Alors que certains grands axes de la capitale étaient bloqués, vides et calmes sous un interminable crachin, la circulation semblait sans encombre dans la plupart des rues.
Alors que des “voitures commandos ” sont parvenues jusqu’aux Champs Elysées, déversant quantité de paille, des cars entiers se sont retrouvés bloqués, des tracteurs arrêtés sur le périphérique… Certains agriculteurs déçus de ne pas voir le grand rassemblement initialement prévus.
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Mais même éparpillée à travers la ville, la profession, venue de toute la France et menée par la FNSEA et les Jeunes agriculteurs (JA), a fait entendre sa voix. Et a réclamé un rendez-vous avec le président de la République Emmanuel Macron. Ici, des agriculteurs de l’Aisne et du Nord venus en car, puis à pied sur l’avenue Foch, là des agriculteurs de l’Eure arrêtés sur le périphérique improvisant un barbecue. D’autres encore venus en métro, pour rejoindre leurs collègues directement sur place.
C’est le cas Dominique Chovet, Vincent Philipon et Alexis Couvreur (photo), agriculteurs dans les Hauts-de-France, dans l’Aisne. Traités de libre-échange, loi Egalim, contexte d’agribashing… ils sont là, à Paris, pour toutes ces raisons. Mais aussi parce qu’un de leur voisin et ami s’est donné la mort lundi, deux jours avant la manifestation. “Il ne savait qu’il y avait cette manifestation, et dans la lettre qu’il a laissé il évoque tous les problèmes qui sont revendiqués aujourd’hui”, souligne Vincent Philipon, les yeux rougis. Cette manif, ils la font pour leur ami, le jour de son enterrement. Pour montrer, comme s’il le fallait encore, la détresse d’une partie des paysans.
Et les Parisiens, qui ne semblaient pas tous au courant de l’arrivée d’un tel convoi, se sont pour certains montrés très compréhensifs : “Je vous soutiens ! Oh qu’est ce que je vous soutiens !” répète une passante sous son parapluie. Une main chaleureuse se pose sur un bras, des regards de soutien, lourds de sens, s’échangent.
Pour l’heure, les agriculteurs attendent un entretien avec le Président de la République, et des réponses concrètes à leur situation. Des responsables syndicaux ont d’ores et déjà été reçus au ministère de l’Agriculture.
Laura Béheulière