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« J’étais content que la consultation publique commence… Là je suis content qu’elle se termine. » C’est d’un air soucieux derrière ses lunettes d’instituteur que François Debailleul fait le récit des turbulences qu’il a traversées pendant la consultation publique du 9 décembre 2019 au 14 janvier 2020 en vue de l’agrandissement de son poulailler. Pétition en ligne contre son projet, tentatives de pressions sur le chargé de l’enquête, invectives sur la place du marché…
L’apogée a été atteint samedi 11 janvier 2020 devant la mairie de Nieppe, avec un petit rassemblement de militants d’un groupe environnemental local rejoints par l’association L214. Ils ont tenté de perturber les vœux du maire puis se sont rendus chez l’éleveur.
« Vers 17 h, j’ai entendu plusieurs voitures passer devant chez moi, se souvient-il. Ils ont poussé les poteaux de la chaîne qui barre l’entrée de l’exploitation, ont fait du bruit avec leurs portières… Je crois qu’ils voulaient m’intimider. J’ai aussitôt appelé les gendarmes. » Leur arrivée fait fuir la plupart des intrus.
C’est sur Facebook, la veille, que François Debailleul a appris qu’une manifestation se préparait. La page du collectif Ensemble pour le climat Armentières-Val-de-Lys appelle à une « manifestation pacifique » contre un projet de « poulailler usine ».
Elle avance le chiffre de 573 000 poulets accueillis simultanément sur l’exploitation. Un chiffre frappant, loin de la réalité. L’extension du poulailler actuel vise à accueillir 20 000 volailles supplémentaires, en passant de 67 500 à 88 200 poulets. Le chiffre de 573 000 représente en réalité la future production annuelle de la ferme. Pas le nombre de poulets présents en même temps dans le bâtiment.
Principaux reproches des opposants, également adressés par oral à l’éleveur au marché deux semaines plus tôt : de « polluer », que ses poulets « ne sortent pas », de provoquer les « maladies respiratoires » des enfants, mais aussi « la déforestation au Brésil » et même « l’épidémie de chikungunya ». « J’ai même lu sur Facebook que mon exploitation déversait du lisier en permanence. », ajoute-t-il dans un sourire fatigué.
Traité de « nazi » sur la page d’une pétition sur le site MesOpinions qui a recueilli plus de 43 000 signatures (quand l’Insee recensait à Nieppe en 2016 quelque 7 449 habitants), ce passionné de volailles depuis l’enfance s’avoue atteint par ces attaques.
« J’ai du mal à dormir depuis. Je m’attendais à une opposition dans le quartier, mais pas à cela. Je ne suis pas contre le fait que les gens aient des opinions. Mais là c’est du harcèlement. Mes poulets ne sortent pas mais ils sont en système libre sur paille pour leur confort, et peuvent se promener à leur guise. J’ai investi dans un échangeur à chaleur, qui les maintient au chaud sans consommer trop d’énergie, je leur donne le blé de mon exploitation, leur fumier est épandu dans les champs alentour pour fertiliser la terre… »
Rendez-vous dans deux ou trois mois pour la décision finale délivrée par la préfecture.
Lucie De Gusseme