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Ils ont eu le nez fin. Début 2019, Camille Deligne et son père, Dunkerquois à la tête d’un bureau d’études textile, sentent le vent tourner pour la vaisselle jetable, bientôt interdite. Du genre à voir le gobelet à moitié plein, il y a là, pour eux l’opportunité de proposer une alternative.
Afin d’éviter à tout prix la fausse bonne idée du gobelet en plastique dur qui se dit “écolo”, Camille et son père travaillent à l’élaboration d’une matière costaude mais biosourcée. Pour cette ingénieure textile, formée à Roubaix et bercée dans le lin depuis toujours, le choix de la matière première est évident. “C’est une culture ultra-localisée qui n’a pas besoin d’irrigation et nécessite très peu d’intrants. Sa transformation, elle, est entièrement mécanique, sans produit donc“, décrit l’entrepreneuse. Elle voit aussi dans la fibre les caractéristiques techniques idéales : résistante et légère.
C’est décidé, le lin teillé des Flandres sera mélangé à du PLA, des polymères biosourcés issus de la fermentation du maïs puis moulés pour être transformés en gobelets.
Lancée en décembre 2019, la start-up “Mon gobelet en lin”, commence à commercialiser ses verres réutilisables fabriqués en Picardie. Les gobelets font leur petit effet. “Nous travaillons surtout avec des entreprises, des collectivités et des associations“, décrit l’entrepreneuse.
Pour satisfaire la demande des particuliers qui pointe le bout de son nez, l’entreprise vient tout juste de faire son arrivée sur la toile, avec une boutique en ligne. “Nous avons quelques revendeurs autour de Lille mais désormais nous pourrons vendre hors de la région. Et aussi dans de très petites quantités. Certains clients veulent un ou deux verres, ça devenait ingérable quand on devait traiter tout ça par mail”, explique Camille Deligne.
Activer sa boutique d’e-commerce en plein confinement, alors même que tous les événements sont annulés, n’était-ce pas un peu risqué ? “On s’est longuement posé la question, mais en tant qu’entreprise régionale, les clients sont très compréhensifs avec nous, ils jouent le jeu et n’annulent pas leurs commandes pour nous soutenir, en disant que de toute façon, les choses ne seront que reportées, donc nous continuons à vendre !“, se réjouit l’ingénieure textile.
Mais surtout, surprise du chef, ce site va permettre de communiquer sur la petite nouveauté : la gravure pour personnaliser les gobelets. Une technique qui évite d’ajouter un produit, type encre, sur l’objet.
“Nous avons profité du confinement pour prendre contact avec un graveur dunkerquois qui était disponible et prêt à faire des essais. La personnalisation est extrêmement demandée pour les festivals, les associations… Une nouvelle corde à notre arc !”, se réjouit Camille Deligne.
40 000 gobelets ont été produits avant le confinement. Alors elle l’espère, ces nouveaux outils, boosteront les ventes. Pour sa com’, l’entreprise a lancé un gobelet gravé spécial Dunkerque, en vente sur son site. Le lin, un brin chauvin ?
Agathe Villemagne