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Les 44 poneys et chevaux du centre équestre de Drocourt (62) devraient travailler tout l’été, une fois n’est pas coutume. La co-gérante de l’établissement, Xavière Delsemme, envisage de rattraper les cours qui ont été supprimés pendant le confinement. Interview dans le cadre de notre grand format sur l’impact de la crise sur la filière équine.
Cette interdiction est tombée comme un couperet. On ne s’y attendait pas, car les mesures précédentes permettaient de maintenir les cours sous certaines conditions, en respectant les mesures sanitaires (désinfecter les portes, limiter la venue des accompagnateurs sur le site, arrêter les jeux de contact…). C’est un club familial, avec une pédagogie ludique. Nous avons seulement six propriétaires sur les 44 poneys et chevaux. Autrement dit, arrêter les cours signifiait stopper toute notre activité.
On a mis nos chevaux en repos sur la petite pâture d’un hectare, en face du club. On les y emmenait chaque matin pour qu’ils puissent se défouler, et on les rentrait le soir dans les box. Ils ont continué d’être nourris 3 à 4 fois par jour. En revanche, leur alimentation a changé. Au lieu de leur donner plus de granulés que de foin, nous avons fait l’inverse en privilégiant les fibres plutôt qu’un apport énergétique, puisqu’ils ne travaillaient pas.
Pendant le confinement, j’ai gardé une de mes salariés et j’ai mis en chômage technique mon apprentie. En temps normal, nous sommes quatre à travailler sur le site. Nous avons réaménagé les horaires de la salariée qui enseigne habituellement les mercredis et samedis. Là, elle venait tous les matins pour sortir les poneys et chevaux. On s’occupait aussi de ceux des propriétaires comme s’ils étaient les nôtres. On les a tous pris en charge, gratuitement bien sûr.
Le moment de Pâques. Car nous faisons de nombreuses activités durant cette période faste, tels que les stages, les balades et le passage des examens fédéraux (les galops). Mais nous pensons réussir à compenser cette perte financière en donnant des cours cet été. Notre cœur de métier reste l’enseignement, qui constitue l’essentiel du chiffre d’affaires.
Durant les deux mois de fermeture, nous avons enregistré environ 5000 € de perte, voire plus. Notamment à cause de l’annulation des concours qui ont lieu au printemps.
Heureusement que le confinement n’a pas duré plus longtemps ! Les leçons annulées en avril et mai, vont pouvoir être rattrapés en juillet et août. Nous voulons compenser les pertes financières en donnant des cours cet été. D’habitude, le forfait annuel s’arrête le 5 juillet et l’activité estivale tourne au ralenti. Exceptionnellement, on va rester sur le même rythme que celui de l’année scolaire, pour que personne ne soit perdant. Et comme on a réouvert, les centres aérés intéressés par les stages d’équitation vont pouvoir venir en juillet.
Par contre, on va devoir adapter le travail des chevaux. Il faut faire attention, pour qu’ils puissent tenir toute la saison estivale et l’année qui suit ! Même s’ils se sont reposés avant l’heure, on va s’assurer de leur bien-être. Le risque de tendinite n’est pas exclu lorsqu’il y a un excès de travail… La question s’est même posée d’investir dans quelques chevaux supplémentaires, pour limiter la surcharge de travail par animal. Mais l’état de nos finances reste actuellement un obstacle…
Les mesures sanitaires, bien que contraignantes, ont été très bien accueillies par les cavaliers qui sont revenus à plus de 90%. Ils disent nous soutenir, apprécier cette rigueur et se sentir en confiance pour pratiquer.
Propos recueillis par Lauren Muyumba