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” Nous avons des productions qui s’exportent à l’international, alors pourquoi pas à Dunkerque. ” Le constat de Jean-Pierre Vandaele, adjoint au maire en charge du commerce, porte sur les pissenlits blancs dont la quasi-totalité de la production mondiale est cultivée dans le Dunkerquois.
Il rappelle surtout cette réalité universelle : on connaît souvent mieux l’autre bout du monde que le coin de la rue. C’est pour réduire cette distance que la communauté urbaine de Dunkerque organisait lundi 6 février des rencontres entre les producteurs locaux et les restaurateurs ou commerçants du territoire.
Pour Alain Collet, producteur de miel et de gelée royale à Noordpeene, le circuit court est naturel. Lui vend ses produits en direct ou en demi-gros dans des petits commerces, via la chaîne Le court-circuit et même dans quelques rayons des supermarchés Leclerc. La présence de la bien nommée Miellerie du coin perdu à l’événement vise à rompre l’isolement propre à ces métiers. “Nous travaillons seuls, dans notre coin. C’est à nous d’aller vers les autres. Nous organisons notamment des portes ouvertes qui s’adressent davantage au grand public et ont avant tout une dimension pédagogique. Là, nous sommes plutôt sur une approche professionnelle“, explique l’apiculteur.
“Bulle” dans laquelle Charles Bruneval, le chef du restaurant de l’hôtel Radisson, 4 étoiles ouvert récemment sur la digue, dit lui aussi évoluer. “Je suis du cru mais je suis souvent dans ma cuisine. J’ai découvert deux ou trois produits ce matin, c’est à nous de jouer le jeu“, juge le trentenaire.
Du côté de l’association du Porc des Hauts Pays (18 producteurs dans le Nord-Pas de Calais, du chevilleur jusqu’à l’artisan boucher), habituée à réseauter par essence, ce rendez-vous offre une occasion supplémentaire de “se faire connaître au niveau local à travers notre éleveur du cru“, explique son animatrice, Émilie Girard. C’est Laurent Declercq, naisseur engraisseur à Loon-Plage, qui représente le groupement dans ce bout de Flandre maritime. “Nous travaillons un peu avec les restaurateurs et la restauration collective, l’idée ici est de nous faire davantage connaître des métiers de bouche“, annonce-t-il.
Face à lui justement, Jean-Claude Caron et Fabrice Cocquet, respectivement chef de cuisine et responsable restauration pour la cuisine centrale de Loon-Plage, affichent pas moins de 85 % d’approvisionnement local, c’est-à-dire à moins de 30 kilomètres à la ronde. Un parti pris pour cette cuisine servant chaque année 700 000 repas pour les enfants, 30 000 pour les personnes âgées et 20 000 en annexe (artistes…), depuis 12 ans maintenant.
Un approvisionnement local qui peut rendre “la part de bio plus compliquée à atteindre“, pense le duo qui avance 11 % obtenus péniblement l’an dernier (rappelons que la loi Egalim prévoit 20 % de nourriture bio dans les cantines et que la région compte 2,8 % de SAU bio).
“C’est assez facile d’acheter bio et local pour les légumes, ça l’est beaucoup moins pour la viande : nous n’avons pas les moyens.” Les poulets viennent de Licques, l’agneau de la ferme Longueval, à 3 kilomètres des cuisines. Les légumineuses c’est bon, les œufs aussi, les produits laitiers ou le poisson idem. “Finalement, c’est en épicerie (pâtes, farines) qu’il est le plus compliqué de se fournir en local“, notent les Loonois.
Ça tombe bien, quelques pas plus loin, Stéphanie Vanderhaeghe, de la ferme Duneleet à Leffrinckoucke, présente entre autres du quinoa ou de la farine. La jeune femme, qui aide ses parents à ferme, dit avoir déjà ses circuits de vente et être là surtout en soutien de l’initiative, “pour montrer que la profession répond favorablement aux dynamiques publiques“. Sont venus à elle ce matin-là des personnes qui organisent des marchés de producteurs et cherchent de nouvelles têtes, ou des professionnels comme cette restauratrice, gérante d’une franchise, qui lui expliquait la difficulté à répondre à la fois aux impératifs de l’enseigne et à la demande croissante des clients de consommer local.
Brasserie Thiriez, fraîchement devenue première brasserie labellisée Artisans en Or ; savons au lait de brebis du, par ailleurs, producteur de glaces Bêl’ici ou pissenlits blancs de Hoymille ont également attisé les appétits de circuits courts. En espérant que la rencontre expresse se prolonge en une longue histoire.
Justine Demade Pellorce
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Retrouvez les producteurs locaux des 17 communes de la CUD : data.dunkerqueagglo.fr/explore/dataset/producteurs-alimentaires-locaux.