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Pour que la mer garde la pêche

14-04-2020

Actualité

Bien dans ses bottes

À la façon des Amap, Poiscaille vend des casiers de la mer, des paniers composés de coquilles et de poissons pêchés de manière responsable à une échelle raisonnable. Objectif : laisser du répit à la mer et mieux rémunérer les pêcheurs. La start-up lance son hameçon dans les Hauts-de-France.

Anthony Guenec pêche à La Turballe (44), à bord de l’Onamission. Il travaille à la ligne pour cibler lieus jaunes, bars et thons rouges. Ses prises viennent garnir les casiers de Poiscaille d’avril à décembre. © Julia Griner

Il est sans doute né avec des écailles sur le dos… Charles Guirriec, 36 ans, est originaire de Bordeaux. Gamin, il a pêché les poissons à la ligne à Royan (17). Il les a ensuite comptés et mesurés en tant qu’ingénieur agro-halieutique à Port-la-Nouvelle (11). Aujourd’hui, il les distribue en France via la plateforme Poiscaille qu’il a créée en 2015.

Si la start-up, basée à Montreuil (93), emploie aujourd’hui 20 personnes, Poiscaille n’est à la base pas plus gros qu’une crevette grise. « Fin 2008, j’ai signé un contrat à la Direction des pêches à Paris, je m’y suis installé et j’ai découvert les Amap (association pour le maintien d’une agriculture paysanne, ndlr). Je trouvais le système génial, le soutien du producteur, les distributions, la découverte de nouveaux légumes…, se souvient Charles Guirriec, je me suis dit qu’il y avait un truc à faire avec le poisson. Faire venir un pêcheur sur une centaine de kilomètres, organiser une distribution de sa pêche dans un café. » La glace qui coule, les tourteaux qui se font la malle sous les canapés : l’idée est là, le concept reste à peaufiner.

« En 2012, j’ai fais le test et j’ai lancé un événement Facebook. 15 jours plus tard, je rentrais de Paimpol (22) avec 80 kilos de coquilles Saint-Jacques que j’ai distribués dans mon appart ! » La mayo prend, Charles Guirriec investi dans une camionnette réfrigérée puis un site internet avec un ami pêcheur et un programmateur. En mai 2015, le système d’abonnement aux casiers de la mer est lancé, Poiscaille est né.

Pêcher moins, mais mieux

« Toutes les observations que j’ai pu faire en mer auprès des pêcheurs m’ont permis de constater que la stratégie, c’est de faire beaucoup de volume. Contrairement aux agriculteurs, les pêcheurs gagnent très bien leur vie… Mais, ce sont les poissons et les hommes qui trinquent ! C’est le métier le plus dangereux au monde. Notre stratégie, c’est de vendre le poisson de nos pêcheurs un peu plus cher pour qu’ils ne sortent pas tous les jours. » Une manière aussi de soulager la mer.

“L’objectif, c’est que le client s’adapte aux pêcheurs, non l’inverse ».

Charles Guirriec

De Quiberon à Gouville-sur-Mer en passant par le lac Léman, 80 pêcheurs alimentent les casiers de la mer distribués par Poiscaille dans 300 points de retraits partout en France (cavistes, épiceries…) ou par Chronofresh.

« Le casier fonctionne sur un système d’abonnement flexible. L’objectif, c’est que le client s’adapte aux pêcheurs, non l’inverse, insiste Charles Guirriec. On leur prend toute leur pêche, on s’organise, on découpe… et on envoi un mail aux clients pour qu’ils puissent composer leur panier avec ça. Concrètement, c’est premier arrivé, premier servi ! »

Un savant équilibre pour proposer un panier à prix fixe (autour de 20 euros) avec des produits aux valeurs totalement disparates. « L’idée, c’est de proposer aussi bien des moules, qui ont un prix de revient très bas, que du homard. Maquereau, merlu, flèche… On se réconcilie avec des variétés de poissons dont on pouvait avoir une mauvaise image ! » 

« Ne pas noyer le poisson »

En pêche, difficile de rassurer le consommateur. Alors Poiscaille s’appuie sur des « critères objectifs pour éviter de noyer le poisson ». Pour la fraîcheur, « il y a 48 heures maximum entre la pêche à bord du bateau et la remise au consommateur à Paris et 72 h en région ». Poiscaille se limite aux techniques de pêche douce : ligne, filet droit, casier, pêche à pied et en plongée sur des navires de moins de 12 mètres avec trois hommes à bord et des sorties à la journée uniquement.

Quant à la rémunération, le fondateur assure quelle est « supérieure à 20 % par rapport au marché. Quand on donne 20 € à Poiscaille, 10 € vont au pêcheur, contre 4 à 5 € dans la filière traditionnelle ». Pour soulager vraiment l’océan, Poiscaille ambitionne d’atteindre 50 000 abonnés (4 500 aujourd’hui) et de travailler avec 1 000 pêcheurs. La pêche aux partenaires se poursuit donc pour de nouveaux points de livraison et de pêche. Prochaine escale Quai Gambetta, à Boulogne-sur-Mer (62). 

De nouveau sur le pont

Crise oblige, Poiscaille a dû fermer de façon temporaire. « On avait des infos incertaines en terme d’approvisionnement, le poisson s’est mal vendu, décrit Charles Guirriec. Les associations qui normalement interviennent sur les prix ont stoppé, certaines criées aussi... » Mais depuis le 27 mars, les activités ont repris avec une version « un peu dégradée » : plus de casier, mais un système à la carte, livré par Chronofresh.

Agathe Villemagne

Contacts : relais@poiscaille.fr pour les points relais et sos@poiscaille.fr pour les pêcheurs.

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