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À peine rentrée du Brésil, l’esprit encore plein de sambas et de paillettes, Marion a embarqué sa petite bande de copains parisiens pour une autre plongée colorée au cœur du carnaval de Dunkerque. Un retour aux sources. C’est par la bande de Malo que la jeune femme, expatriée de sa région natale depuis quelques années, a choisi de se replonger dans l’ambiance.
« Quand j’étais petite nous ne faisions pas le carnaval car mes parents n’étaient pas de Flandre mais plutôt de Montreuil-sur-Mer », remonte la Busnoise pour qui l’entrée au lycée d’Hazebrouck va tout changer. C’est le temps des copains, qui ont, eux, été bercés au carnaval à chaque retour de l’hiver.
« J’ai 15 – 16 ans et je fais ma première bande, celle de Malo », se souvient Marion, comme si c’était hier. C’est le temps des premières vraies fêtes, moins figées que les boums adolescentes. Quand elle devient étudiante à Lille, pas question de louper le carnaval, à raison de plusieurs bandes par saison parfois – Dunkerque, Malo, Bergues, Bailleul… -, et parfois même les plus petites comme Wormhout ou Leffrinckoucke. « Les études avaient un peu éparpillé la bande et ces moments étaient aussi l’occasion de se retrouver entre copains du lycée », explique la désormais journaliste.
Les études supérieures vont finir par éloigner Marion des bandes et des chahuts. En 2017, elle part suivre un master à Toulouse. Les stages, puis le covid, raient le carnaval du calendrier de la jeune femme qui s’installe à Paris dans la foulée. Le début de la vie active, la fièvre de la capitale continuent d’atténuer le doux souvenir des fifres et des cuivres. Jusqu’à 2024. Car cette année, Marion n’aura pas fait un, mais bien deux carnavals. From Rio to Malo.
« J’ai embarqué un groupe de copains de Paris qui ont fait leur premier carnaval avec moi. Nous étions huit et avons fait la bande de Malo, une de mes préférées et surtout une bonne date pour débuter : se déroulant sur la digue de Malo, on y respire bien. »
Le gang a ainsi pu respirer, mais pas seulement. « J’ai fait mon premier gros bal », sourit Marion dans le combiné entre deux trains. « La veille de la bande de Malo, nous avons fait le bal des Gigolos – Gigolettes au Kursaal avec les copains. J’avais bien fait des bals à Bailleul, mais là c’était sans commune mesure. » Et pour cause : 40 000 masquelours (les carnavaleux) ont célébré comme il se doit les 90 ans du rendez-vous précédant traditionnellement la bande de Malo. « Il y avait une super ambiance et j’étais un peu impressionnée par cette foule, mais c’est incroyable de voir comment, malgré la masse, les gens restent accessibles. C’est ce que j’ai retrouvé à Rio aussi. » Le carnaval qui, c’est sa fonction historique, fait tomber les barrières.
À Rio où le frein de la langue est balayé par l’ambiance ; à Dunkerque où les Parisiens troquent « l’image un peu ringarde du carnaval, notamment en raison de ses chants », contre une immersion de vitalité, un bain d’humanité.
Premier bal pour Marion donc, qui, « plus jeune, faisait l’aller-retour en TER sur la journée pour aller faire les bandes ». Cette fois, elle avait loué un logement pour profiter à fond, sans quoi la petite troupe n’aurait pas eu la chance de rentrer rincée, au propre comme au figuré, au petit matin après le bal. Le lendemain, alors que la pluie a essoré les courageux de l’avant-bande familiale le matin, le Dieu du carnaval a œuvré à la mi-journée, la pluie cessa et la lumière fut.
« Dans la bande j’ai revu des copains qui continuent à faire carnaval tous les ans et n’ont pas perdu le rythme », observe Marion, qui raconte qu’elle avait « un peu perdu le truc avec le temps et la distance ». Le truc : cet élan du corps et de l’esprit dès que la musique commence, que le costume et le maquillage s’inventent. « J’ai beaucoup aimé cette partie aussi : aller avec les copains acheter leur costume pour ceux qui n’en avaient pas, décider le maquillage. Le carnaval c’est tellement simple : un côté enfantin où tout le monde est content de se mettre de la peinture sur la tête. Une simplicité et une accessibilité vraiment agréables » qui ont conquis les copains parisiens.
Le “truc” est revenu comme il était parti. Replongée dans le bain, Marion n’exclut pas complètement une incursion à la bande de Bergues, en mars, « une de mes préférées parce que vraiment familiale », et donne déjà rendez-vous à l’année prochaine. Le virus s’est réveillé en elle, et on ne lui souhaite aucun antidote.
Quand on pense carnaval on pense Rio, Venise, Nice ou Dunkerque. En attendant que Marion s’essaie aux autres, on a demandé à notre serial carnavaleuse de nous dire qui de Rio ou de Malo remporte…
Le prix du décor : “Rio ! Une capitale sud-américaine immense remplie de millions de Brésiliens et de touristes étrangers. Les plages, l’atmosphère dans les rues de toute la ville, peu importe le quartier, et des défilés tous les jours, à toute heure, à perte de vue.”
Le prix des costumes : “Rio. Pour les détails, les couleurs, la complexité des tenues de danse, les déguisements de chaque école de Samba, travaillés pendant des mois.”
Le prix de la bande-son : “50/50. Dur de choisir. J’ai un petit faible pour les musiques latines mais les tubes des années 80 reprises pendant le bal des Gigolos-Gigolettes, ça fonctionne à coup sûr.”
Et parce que les Césars manquent de catégories :
Le prix de la gastronomie : “Malo pour la nourriture. Rien de tel qu’un welsh pour commencer le week-end et une barquette de frites avant de commencer la bande. Mais Rio pour la boisson : j’adore le punch de carnaval mais coup de cœur pour la Caïpirinha (avec modération évidemment).”
Le prix de l’ambiance : “50/50. À Rio, c’est la foule, la jeunesse, la musique et la danse à chaque coin de rue. À Malo, c’est un peu plus familial mais tout aussi festif.”
Le prix de la météo : “Rio, forcément. 35 degrés et grand ciel bleu en plein mois de février, imbattable !”
Justine Demade Pellorce