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« La Banque des territoires traite un sujet eau tous les jours depuis six mois. Les enveloppes existent mais elles ne sont pas assez utilisées. » Anthony Barbier, directeur régional adjoint Hauts-de-France de la Banque des territoires (Caisse des dépôts), pose l’enjeu du renouvellement de la convention, ce 3 mai, entre son établissement et l’agence de l’eau Artois-Picardie, réaffirmation du partenariat mais aussi vitrine des solutions à disposition des collectivités, syndicats et établissements publics de coopération intercommunale (EPCI).
Les deux interlocuteurs s’associent pour faciliter le financement de projets liés à l’eau dans un contexte climatique qu’on connaît dans une région où « la qualité de la ressource demeure globalement médiocre, comme celle des réseaux, qui conduit à perdre un litre sur cinq au cours de son acheminement », s’accordent les deux parties qui précisent : « Pourtant dans ce contexte d’urgence à agir, la conjoncture économique, plus difficile pour les finances locales, pourrait risquer de ralentir ou de différer les investissements publics nécessaires. »
C’est là qu’interviennent la Banque des territoires en première intention et, dans les cas extrêmes, l’agence de l’eau.
La Banque des territoires, par nature, est prête à prêter. Des « aqua-prêts », sur le très long terme (60 ans) qui doivent permettre aux collectivités d’absorber en douceur le poids financier réel mais nécessaire de l’entretien ou de la rénovation des réseaux en particulier.
Pour comprendre l’enjeu, il faut rappeler que la durée de vie d’un réseau est de 60 à 70 ans, en moyenne. « Or, le rythme des investissements de maintenance dans les Hauts-de-France est insuffisant et pourrait devoir conduire à prolonger jusqu’à plus de 200 ans leur usage », selon un rapport du conseil économique, social et environnemental régional (Ceser) intitulé « Vers une grande politique de l’eau en Hauts-de-France ».
Ces prêts ont représenté 56 millions d’euros sur la période 2018-2022 pour financer équipements et réseaux de la région.
Pour info, au niveau national, ce sont plus de 800 millions d’euros qui ont été distribués pour 550 projets sur les 2 milliards disponibles. Comme pour l’eau qui fuit, un gâchis de ressource dommageable.
La reconduction de la convention lance une nouvelle phase, jusqu’en 2024, et ouvre une nouvelle enveloppe de 2 milliards d’euros « en vue de soutenir les projets d’infrastructures d’alimentation en eau potable, d’assainissement et de gestion des eaux usées et de gestion des eaux pluviales ».
En outre, la Banque des territoires a identifié en région deux territoires à enjeux particuliers « qui pourront aussi bénéficier d’appui en ingénierie “amont” de la Banque des territoires pour leur permettre d’accélérer leurs engagements » :
Plus globalement, la Banque des territoires se dit prête à accompagner la prise de décision, en accompagnant aussi les stratégies sur le cycle de l’eau, la désartificialisation, le stockage, le traitement ou encore la réutilisation. « Et pourquoi pas nous pencher, dans une région comme la nôtre, sur des sujets comme l’utilisation de l’eau industrielle ? »
Les territoires sont plus ou moins solides pour porter ces investissements qui, reconnaît le responsable de la Banque des territoires, « ne sont pas les plus nobles, les plus faciles à vendre à la population mais qui recèlent un coût caché en l’absence d’entretien ».
Pour sa part, l’agence de l’Eau « est aussi là pour accompagner les quelques communes sur les situations les plus compliquées. Certaines d’entre elles ont un taux de fuite de 70 % », pose Thierry Vatin.
Le directeur de l’agence de l’eau Artois-Picardie évoque un fonds national de 500 millions d’euros qui doit permettre « une part de subvention quand ce sera le plus utile, s’il y a des points noirs en termes de fuites, des sujets d’épuration très difficiles ou en soutien d’interconnexion » et de conclure : « Il faut s’engager sur une politique patrimoniale à long terme. »
Justine Demade Pellorce
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