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« D’ici mai 2020, nous pourrons rouler au gaz sur le territoire de la CapSo », annonce Camille Dusannier. La responsable des projets GNV (gaz naturel pour les véhicules) pour AgriOpale s’exprimait le 5 mars lors de l’inauguration du chantier de la station-service de GNV dans la zone d’activité d’Arques (62). Les véhicules roulants au gaz naturel pourront y faire leur plein.
« Le principe est identique à celui d’une station-service de carburant, poursuit Camille Dusannier. Les camions, les bus mais aussi les voitures pourront s’approvisionner ici. »
Pour cela, le gaz produit dans les différentes unités de méthanisation d’AgriOpale sera injecté dans le réseau et acheminé jusqu’à la station-service d’Arques.
D’ici fin 2020, AgriOpale sera dans la capacité de fournir en moyenne 1 140 Nm3/jour soit l’équivalent de sept pleins de poids lourds en une heure. Pour la demande supplémentaire, si besoin, la station délivrera du GNV issu de gisements naturels.
Grâce au compresseur et à une citerne d’une capacité de 4 000 litres qui permettra de stocker le biométhane, les conducteurs de véhicules pourront faire leur plein rapidement. Les chefs de projet évaluent la vitesse à 5 minutes pour une voiture et 20 minutes pour un camion.
Le gaz sera vendu sous la marque Gazie, contraction de gaz et d’énergie. Pour le moment, la station possède trois pistes de remplissage mais elle devrait rapidement croître pour en accueillir six.
Afin d’aboutir à ce chantier, le projet a mis deux ans à se former : étude de marché, recherche de terrains, développement du projet, choix des financements. Pour cela, AgriOpale, entreprise productrice de biométhane et Astradec, responsable de la collecte de déchet dans l’agglomération ont créé un partenariat. Les deux avaient pour ambition de développer le bioGNV au sein des Hauts-de-France. Sur cet investissement de 1,3 million d’euros, 30 % est financé par l’Astradec et 60 % par AgriOpale.
Pour développer le biométhane, encore faut-il que les véhicules roulent au gaz… « La vision française sur le carburant doit évoluer, estime le dirigent d’AgriOpale. Alors que le bioGNV apporte satisfaction au niveau économique et écologique, le gouvernement reste sur ses gardes. Est-ce dû au lobbying ou à un manque de courage ? Mais nous restons optimistes, le réseau de distribution de gaz commence à se développer et nous gagnons petit à petit en autonomie énergétique.»
Il faut avouer que le lieu n’a pas été choisi par hasard. En pleine zone d’activités, au cœur d’un nœud routier, à côté d’un parking de covoiturage, la chance d’attirer de nombreux chauffeurs en quête d’approvisionnement de gaz est élevé.
En face de cette plateforme, l’Astradec, avec sa cinquantaine de camions alimentés au gaz naturel compte bien s’approvisionner là. « Les camions vont ainsi pouvoir collecter les déchets au cœur des villes, sans polluer », se réjouit François Dusannier.
Non loin de là, l’usine Goudale, elle aussi, est susceptible de faire évoluer sa flotte de 300 camions vers un carburant plus vert. « Le problème qui réside est le transport vers le Royaume-Uni, raconte François Dusannier. Les véhicules roulants au gaz sont interdits dans le tunnel pour des raisons de sécurité. »
À l’inverse, l’entreprise Goudale est aussi une source de biométhane. « Avec nos 70 recettes différentes de bières, nous utilisons énormément d’eau, reconnaît Géry Pourbaix, directeur de la brasserie. Pour fabriquer un litre de bière, nous utilisons trois litres d’eau. » Avant avril 2019, cette eau était envoyée à la station d’épuration et le méthane produit s’évaporait.
Ça, c’était avant que la brasserie Goudale ne rencontre AgriOpale. Grâce au savoir-faire de l’entreprise de méthanisation, le gaz est dorénavant récupéré, purifié et injecté dans le réseau de gaz. De quoi alimenter la station-service de GNV non loin de là. La boucle est bouclée, c’est ce qu’on appelle de l’économie circulaire et locale.
Lucie Debuire