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C’est sur le campus douaisien de l’IMT Nord Europe, fusion des Mines de Douai et de Télécom Lille, que les lycéens du parlement des jeunes pour l’eau Artois-Picardie se sont réunis en séance plénière ce 22 mars.
Le lieu n’a pas été choisi au hasard. Ce campus a fait l’objet d’une rénovation d’ampleur visant à le transformer en éco-campus. Parmi les axes de travail les plus importants : la “désimperméabilisation” du campus. L’occasion de parler des villes, de l’eau, des sols et du regard qu’on lui porte.
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“Jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, dans les villes c’était le “tout à la rue”. Cela véhiculait des maladies liées à l’eau. Ces maladies restent parmi les premières causes de mortalité dans certaines régions du globe, explique Hervé Canler, chargé d’étude à la gestion des eaux pluviales à l’agence de l’eau Artois-Picardie. C’est pourquoi au XIXe, avec le mouvement hygiéniste, on est passé au “tout-à-l’égout”. L’eau stagnante est devenue l’ennemi et était considérée comme un déchet qu’il fallait évacuer le plus vite possible à l’extérieur des villes.”
Si cette doctrine a permis de vaincre les épidémies liées à l’eau, elle a créé d’autres problèmes : imperméabilisation des sols, invisibilité de l’eau et modification importante des cours d’eau.
Ainsi, si dans des zones naturelles, environ 50 % de l’eau de pluie reste dans les sols et 10 % s’évaporent ; dans les villes, seule 5 % de l’eau de pluie va dans les sols et 55 % s’évaporent.
Par ailleurs, selon Hervé Canler, “les métiers liés à l’assainissement de l’eau sont décorrélés de l’aménagement. On se pose les questions après coup”.
Résultat, alors que les réseaux d’eau sont dimensionnés pour un volume donné, lors de fortes précipitations, le système ne peut plus faire face et ce sont les déversoirs d’orages qui réceptionnent. Cette eau en surplus est envoyée directement à la mer sans le passage par la station d’épuration.
Aussi, pour ce spécialiste, le système actuel a montré ses limites : inondations et coulées de boue en sont les preuves. Mais quelles solutions apporter ? Grossir les tuyaux et construire de nouveaux bassins d’orage ?
“C’est un cercle vicieux d’investissement sans fin.”
Pour lui, la solution est de changer de regard sur l’eau et favoriser son infiltration pour qu’elle reprenne son cycle naturel.
Pour cela, il faut parvenir à “une ville transparente, c’est-à-dire laissant passer l’eau. Il faut (re)découvrir les rivières, et profiter de chaque projet de rénovation pour intégrer la gestion des eaux pluviales dans la réflexion mais aussi le faire pour les nouveaux projets”.
Certains grands principes peuvent ainsi être mis en place comme ne pas concentrer l’eau, ne pas imperméabiliser grâce à des matériaux adaptés (“on peut même le faire pour les voiries !”) ou encore donner au moins deux fonctions à un même espace.
“On peut imaginer la création d’espaces verts, pour le loisir, mais en creux plutôt que bombé afin de favoriser l’écoulement de l’eau.”
Mais enfin et surtout, pour Hervé Canler, la solution sera celle de la collaboration.
“Il faut que cela devienne l’affaire de tous les services qui gèrent la ville afin de ne plus gérer après-coup mais bien en amont.”
Eglantine Puel
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