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Il y a Timéo, 9 ans, qui adore dessiner les animaux en tête desquels les guépards.
Et Inaya, 10 ans, qui préfère, elle, dessiner les animaux de la ferme mais qui ” a dessiné un château entier l’autre jour “, explique sa copine.
Il y a encore Lilian, 8 ans, qui préfère lui dessiner des joueurs de foot, des astronautes et des météorites. Des dessins qu’il vend ensuite à ses cousins, “pour 1 euro“.
Et puis Amandyne, 11 ans, qui se penche généralement sur les visages, “ mais de femmes parce que leurs cheveux sont plus faciles à faire “.
Ben oui il faut la comprendre. Elle est surtout entourée d’hommes sans cheveux justifie-t-elle sans pour autant viser son instituteur, pas très chevelu mais c’est un hasard : Franck Dufossé, ” maître ” des CM2 de l’école Arago à Boulogne-sur-Mer.
Une classe pas tout à fait comme les autres déjà, puisqu’elle fait partie de l’aire marine éducative (AME) (lire l’encadré ci-dessous) de Boulogne-sur-Mer.
À l’invitation du conseiller pédagogique et jamais repue d’initiatives liées au développement durable, la classe de monsieur Dufossé a postulé cette année au concours Super Espèces en envoyant une planche réalisée collectivement.
Le règlement imposait à chaque classe (mais ici les CE2 d’à côté se sont greffés au projet tant il était intéressant) de choisir parmi quelques espèces présentes dans les Hauts-de-France et d’écrire un scénario, puis d’en tirer un story-board (sorte de brouillon).
Après discussions et vote, les 31 élèves ont choisi le milieu maritime, what else, et le grand dauphin pour espèce principale, et le requin-pèlerin et l’eider à duvet (un oiseau) en secondaire. Ils ont aussi retenu un titre : “Retour à l’envoyeur”.
Le choix du thème, une évidence, la pollution humaine. Résultat : un story-board imaginé, dessiné et rédigé collectivement, accompagné d’une fiche technique sur les espèces en question.
Retenues avec 24 autres à l’échelle régionale, les deux classes verront le résultat de ce travail intégré dans une véritable bande dessinée imprimée, compilation de ces planches, qui leur sera remise en fin d’année accompagnée d’un diplôme d’auteur/autrice de BD Super Espèces.
Ce projet, porté par la Dreal (direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement), a été coordonné par Ombelliscience, agence régionale de culture scientifique.
Outre la création de la BD, une cinquantaine d’ateliers ont été dispensés aux classes de primaire, collège et lycée ainsi qu’à un centre socioculturel.
Chaque lauréat a bénéficié d’un atelier avec un naturaliste, pour affiner son scénario et sa fiche technique, et d’un atelier illustration pour apprendre à dessiner, comme par magie ou presque, les espèces retenues.
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Jeudi 4 mai, Anatole Blondiaux, l’illustrateur professionnel qui avait intégralement signé le premier tome de Super Espèces et qui sera cette fois chargé de transformer les story-boards des élèves en planches prêtes à imprimer, a appris à la trentaine de gamins à dessiner un grand dauphin.
Avec ses techniques de dessinateur de BD, celui qui est plus coutumier des super-héros façon comics, a dévoilé ses trucs de pro.
Pour lui, l’idée de Super espèces est ” de montrer que toutes les espèces autour de nous ont une forme de superpouvoir. Et de montrer aux enfants que la biodiversité des Hauts-de-France peut être tout aussi intéressante que les lions, les dragons ou les licornes “, formule l’illustrateur.
Pendant l’atelier, le jeune professionnel dessine l’animal au tableau, étape par étape. Ainsi, les enfants voient les ronds et les traits se transformer en animal marin.
Pour eux, une feuille, un crayon de couleur bleu et quelques feutres.
Pas de gomme surtout, c’est le premier truc qu’apprend Anatole Blondiaux aux petits bédéistes.
On trace d’abord l’esquisse au crayon bleu sans jamais gommer au risque d’abîmer le dessin ou la feuille.
Les bons traits seront ensuite encrés au feutre noir et le résultat, une fois passé à la photocopieuse, ne gardera que les contours ainsi choisis.
Pas facile pour ces habitués du résultat de laisser les mauvais traits, de ne pas chercher à effacer les erreurs.
On commence par dessiner un cadre dans la feuille, puis un rond qui fera la tête et une ligne directionnelle qui indique vers où regardera l’animal.
Encore une courbe autour de laquelle se déploiera le corps.
” Comme ça ? Comme ça monsieur ? ” Les élèves hèlent l’illustrateur qui doit rassurer rang par rang, inviter à rectifier parfois.
Et après les quelques étapes qui feront naître le corps, les nageoires ou le museau, le crayonné est prêt pour l’encrage.
Une fois les contours ainsi définis et le passage à la photocopieuse, reste la couleur.
Pour ça une nouvelle astuce : utiliser des feutres à alcool qui ne se mélangent pas entre eux et permettent de réaliser dégradés et superpositions.
Les enfants sont scotchés par le résultat final, par la transformation de quelques traits en un grand dauphin convainquant.
Le superpouvoir du pas à pas.
J.P.D.
L’aire marine éducative (AME) permet à une ou plusieurs classes d’un établissement d’être co-gestionnaires d’un espace maritime avec une collectivité.
L’objectif est d’émettre un diagnostic et de proposer solutions et améliorations dans sa gestion.
Pour l’école Arago de Boulogne-sur-Mer, trois classes sont engagées (un CE2, un CM1 et un CM2) soit 59 élèves cette année qui cogèrent la plage du moulin Wibert avec la mairie.
Les élèves siègent au Conseil des enfants pour la mer, y élisent leur président de séance et y débattent plusieurs fois par an avant de voter leurs résolutions.
Dans cet exemple, les élèves ont choisi de travailler sur la pollution en nettoyant régulièrement la plage et en créant des panneaux d’information. Ils ont également dressé un inventaire de la biodiversité de l’AME. Une initiative née en Polynésie française et déployée depuis en métropole qui vise à faire des élèves de véritables écocitoyens.
Justine Demade Pellorce
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